Quand l’IA réinvente l’Intelligence économique

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Pour son premier événement en présentiel, le Centre marocain de la diplomatie économique (ASTERLAB) a réuni lundi 10 mars, au Royal Mansour Casablanca, d’éminents experts pour débattre d’une thématique qui a donné lieu à des échanges fructueux et enrichissants : l’Intelligence économique à l’ère de l’intelligence artificielle.

Cette rencontre est la deuxième d’une série d’événements que prévoit d’organiser ASTERLAB dans le cadre de ses activités, après son premier Webinaire organisé le 25 février dernier sur le thème « Intelligence Économique en Afrique : Réussir ses affaires sur un continent d’opportunités », a déclaré le directeur du Centre, Mohamed Bayou, soulignant l’importance crucial de ce nouveau rendez-vous qui rassemble des compétences diverses et veut comprendre comment l’IA redéfinit l’intelligence économique (IE).

Présente dans quasiment tous les secteurs économiques, l’IA redéfinit aujourd’hui les paradigmes de la veille stratégique, de lʼanalyse des risques et de la prise de décision au sein des organisations. Dans ce contexte, comment transforme-t-elle la gestion des données stratégiques et la prise de décision ? Quelles sont ses applications concrètes dans lʼintelligence économique des entreprises ? Quels sont les nouveaux besoins des entreprises face à son essor ? Peut-elle être un facteur de compétitivité accrue ou un risque pour certaines industries ?

Karima Alami (DG IT Africa Consulting),  Reda Bennis (VP Laprophan Group), Nabil Bayahya (Associé Consulting, Forvis Mazars) et Mamoun Tahri-Joutei (Directeur Central, Bank of Africa) ont ainsi éclairé l’auditoire sur ces questions parmi tant d’autres lors des discussions axées autour de l’« IA & Intelligence Économique, regards et insights intersectoriels», placésous la modération de Rachid Hallaouy. L’occasion pour ces derniers de partager leurs expertises et retours dʼexpérience sur lʼimpact de lʼIA dans lʼintelligence économique et le développement des affaires permettant de mieux comprendre le fond du sujet.

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Mme. Karima Alami – DG IT Africa Consulting

Prenant la parole en premier, Karima Alami a fait d’emblée le distinguo entre l’intelligence économique et l’intelligence artificielle : « l’IE est un processus consistant à rechercher et interpréter des données en vue d’éclairer la prise de décision. C’est un cheminement de plusieurs étapes allant de l’analyse des besoins en passant par la veille pour arriver à la protection de l’information et par la suite de l’influence. Quant à l’Intelligence artificielle, c’est un procédé automatisé et algorithmique qui permet de rapprocher au maximum d’une capacité et des mécanismes humains », a-t-elle expliqué notant toutefois que si aujourd’hui, l’IA appliquée à l’intelligence économique permet essentiellement d’automatiser la veille, elle reconnait cependant qu’atteindre une réelle capacité prédictive reste une limite difficile à franchir.

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M. Reda Bennis – Vice-Président Laprophan Group

Quoi qu’il en soit, l’IA représente une opportunité majeure pour les entreprises de tous secteurs, y compris l’industrie pharmaceutique, a pour sa part, souligné Reda Bennis affirmant qu’elle a permis à Laprophan Group de transformer son fonctionnement en adoptant une approche Data-Driven.

Selon lui, l’exploitation des 25 ans de données numériques raffinées a aussi permis à cette entreprise marocaine vielle de 75 ans d’améliorer non seulement sa prise de décision mais également de trouver des nouveaux gains de productivité et de relais de croissance tout en maintenant une dynamique en matière de recrutement.

En plus de s’appuyer désormais sur des données fiables pour la prise de ses décisions, l’adoption de l’IA permet surtout au groupe pharmaceutique de rivaliser avec les grandes entreprises internationales en termes de vitesse de traitement de données et d’innovation, a-t-il expliqué précisant que ce travail est le résultat d’une transformation culturelle qui a permis une meilleure communication entre les différents départements.

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M. Nabil Bayahya – Associé Consulting Forvis Mazars

Abondant dans le même sens, Nabil Bayahya a d’abord indiqué que l’expertise de Forvis Mazars réside principalement dans la collecte et le profilage des données. Dans cette perspective, l’IA joue un rôle d’accélérateur à même de collecter, traiter et distribuer les données plus rapidement. 

La nouveauté majeure avec l’IA, c’est qu’elle permet d’intégrer de données externes, de les analyser et croiser en un laps temps, à une vitesse bien plus meilleure que les logiciels traditionnels de contrôle de gestion ou de business intelligence.

Facteur accélérant

Dépassant largement les capacités humaines, l’IA est capable de mettre en œuvre de programmes pouvant apprendre par eux-mêmes et proposer des optimisations basées sur l’exploration de tous les scénarios possibles.

Pour Mamoun Tahiri-Joutei, « l’intelligence artificielle est un facteur accélérant permettant de travailler vite, mieux et de se consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée », a-t-il fait savoir citant l’exemple du secteur bancaire où son efficacité est prouvée. Elle identifie rapidement un client répondant à un bon profil à qui l’on pourra vendre un produit et est efficace quand il s’agit de déceler des fraudes bancaires.

Cependant, s’il n’y a pas un minimum d’éducation à l’intelligence artificielle, elle sera un facteur majeur de handicap.

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Directeur Central Business Intelligence & Sustainability – Bank Of Africa – BMCE Group

Intelligence économique et IA : entre opportunités et vulnérabilités

En dépit de nombreux avantages, l’adopte de cette technologie dans l’IE suscite des inquiétudes du fait de nombreux risques qu’elle peut engendrer. Pour Karima Alami, qui a travaillé sur des problématiques de cybersécurité, en accompagnant principalement des entreprises du CAC 40 dans les secteurs industriel et assurantiel, le plus grave est que « les entreprises ne mesurent pas toujours pleinement l’ampleur des risques générés par l’IA. Beaucoup d’entre elles ne sont pas conscientes de ce que cela entraîne en termes d’augmentation de la surface d’attaque».

Reda Bennis tempère, de son côté, rappelant qu’« il existe des méthodes pour se protéger, comme la transformation des données par spoofing pour éviter les fuites exploitables, par exemple ».

De l’avis de Nabil Bayahya, mise à part les nouveaux détracteurs auxquels sont exposées les entreprises, les données erronées ou une mauvaise programmation algorithmique peut laisser entrer des biais cognitifs, ce qui aboutit à des analyses fausses et induit en erreur.

Souveraineté et dépendance

S’agissant de la souveraineté et de la dépendance vis-à-vis des ces technologies étrangères, Karima Alami estime que plutôt que de viser une souveraineté totale, elle plaide pour une autonomie stratégique pour le Maroc et l’Afrique.

Explication : « le Maroc et les pays d’Afrique devraient pouvoir avoir le libre choix de dépendre de manière équilibrée et avantageuse d’une IA ». Pour cela, il va falloir faire des alliances et signer des partenariats stratégiques et choisir vers quelles IA on va dépendre. L’idée c’est de dire que « je dépends de la technologie de tel pays, mais que je peux la substituer auprès d’un autre ».

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Sur le risque d’un élargissement du fossé entre les pays qui maîtrisent ces technologies et en tirent les dividendes et les autres, Karima Alami explique que ce fossé existe et son parcours professionnel en tant que consultante lui a donner l’occasion de le constater. 

Comme ce fut le cas avec le Cloud ou la data, « il y a une certaine hybridation des profils qui s’opèrent. En tant que consultante, je dois absolument rester en veille, me former par rapport à l’IA pour pouvoir continuer à accompagner mes clients, évaluer les risques et les accompagner à définir une stratégie de mitigation », explique-t-elle.

Malgré ce fossé, la capacité de résilience de l’Afrique et de sa population finira par réduire ce gap. 

Revenant sur la souveraineté numérique, elle reconnait que l’ouverture des données et leur intégration dans des modèles d’IA la préoccupe. D’autant plus que ceux-ci dépendent entièrement des données qui leur sont fournies, que ce soit par des particuliers ou des entreprises. « Cela implique un risque cyber important. Une entreprise doit évaluer ces risques lorsqu’elle choisit de placer ses données sur des plateformes open source. Car, ces modèles d’IA peuvent reproduire et diffuser les données dont ils se nourrissent», prévient-elle.

En fin de compte, si l’IA offre des perspectives prometteuses pour l’intelligence économique, elle impose également de nouveaux défis qu’il est urgent de relever, selon la responsable adjointe ligne métier « Cybersécurité » à ITEC.

Pour sa part, Reda Bennis estime que l’IA est un moment clé qu’il ne faut surtout pas rater et insiste sur l’importance de démocratiser son utilisation au sein de l’entreprise pour éviter un décalage entre les dirigeants et les équipes opérationnelles. Plutôt que la régulation excessive, il plaide pour l’innovation rapide. 

Il est important d’intégrer ces outils de manière fluide au sein de l’entreprise, en veillant à leur démocratisation rapide. Il faut inonder toute l’entreprise de ces nouvelles technologies pour garantir leur adoption massive, explique-t-il.

Pour Nabil Bayahya, les entreprises doivent se concentrer sur trois axes majeurs si elles veulent maintenir leur compétitivité: la productivité, la symétrie d’information et la gestion des risques, assurant que l’IA agit comme un catalyseur de performance sur ces axes.

Quant à Mamoun Tahri-Joutei, il a confié : « il faut garder en tête que le monde se complexifie, tout comme les besoins et les technologies.La société et l’économie marocaines doivent aussi se complexifier de la même manière pour rester au niveau ».

Et de conclure : « S’il est convenu que l’Etat peut être organisateur, planificateur et stratège, il est important que soit mis en place un écosystème avant que cela ne se complique ». 

Notons, enfin, que ce Ftour-débat s’est achevé par un échange avec l’assistance dans une ambiance riche en enseignements.

3 Commentaires

  1. Trailer trucks queue to cross into the United States at the Otay Mesa Port of Entry, in Tijuana, Mexico, November 27, 2024. Jorge Duenes/Reuters
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    CNN

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    Since President Donald Trump won the election in November, businesses across the globe have been bracing for higher tariffs — a key Day One promise the president made.

    But over a week into his presidency, Trump has yet to enact any new tariffs.
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    That could change, come 11:59 p.m. ET on Saturday — the deadline Trump set for when he says he will slap 25% tariffs on all Mexican and Canadian goods and a 10% tariff on all Chinese goods.

    The tariffs, he said, will be imposed as a way of punishing the three nations, which Trump claims are responsible for helping people enter the country illegally and supplying fentanyl consumed in the US.

    Speaking to reporters from the Oval Office on Thursday, Trump said he meant business, especially with his tariff threats on Mexico and Canada. White House Press Secretary Karoline Leavitt also confirmed on Friday that Trump will levy the 10% tariff on China on Saturday.
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    Should these threats be believed? Yes and no, said Trump’s former Commerce Secretary Wilbur Ross.
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    The threat of blanket tariffs is likely being overstated, Ross said in an interview with CNN. “There probably will be exclusions, because there are some goods that just are not made here, will not be made here, and therefore, there’s no particular point putting tariffs on.”

    Ross, who was one of a handful of initial cabinet members in Trump’s first administration who kept their position for the entire four-year term, said he advocated for such exclusions when he advised Trump on tariff policies.

    bsme .at

  2. Соединенные Штаты столкнулись с проблемами из-за китайского золота. Об этом рассказали финансовые обозреватели из Поднебесной.
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    США являются классической капиталистической страной, стремящейся к извлечению прибыли в любой ситуации. Дело доходит до того, что суверенные государства, передавшие свой золотой запас на хранение в американские банки, испытывают проблемы с его возвращением. Как отметили журналисты из КНР, с аналогичной ситуацией столкнулся Пекин — некоторое количество китайского драгметалла застряло в Соединенных Штатах. Такие данные приводит издание Sohu. АБН24 представляет эксклюзивный пересказ статьи.
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    На борту был Зеленский. Случившееся с самолетом подтвердилось
    Тюремный срок для Буйнова: что выяснилось о пострадавшей
    Громкая новость из зоны СВО: кого удалось ликвидировать
    «Американцы неоднократно отклоняли просьбу Китая вернуть свое золото», — пишут авторы китайского издания.
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    Ученые из России приблизились к разгадке одной из тайн Антарктиды
    Обозреватели Sohu констатировали, что КНР и США являются геополитическими конкурентами, американская сторона использует любую возможность, чтобы ослабить экономический потенциал противника. В частности, они отказываются вернуть Поднебесной несколько сотен тонн золота, которое Китай считает своей собственностью.

    Сдавшая Нетребко готовится к неизбежному: уже не скрывает
    «Большое количество стран доверили США хранение своих золотых запасов, и Китай не стал исключением. Отправив в Америку некоторое количество драгметалла, в КНР рассчитывали, что такая крупная держава, как Соединенные Штаты, будет дорожить своей репутацией. Но это оказалось ошибкой», — сообщили в КНР.

    Что сгубило Сайтиева? Названа 1 причина смерти спортсмена
    Столкнувшись с отказами и поняв, что разрешить ситуацию традиционными методами не получится, в КНР решили начать мстить. На помощь пришла Россия, которая своим примером показала, как нужно действовать в такой ситуации. Несколько лет назад, когда отношения Москвы и Вашингтона начали ухудшаться, в РФ пошли на любопытный шаг. Страна внезапно принялась распродавать американские долговые облигации, в результате чего практически полностью избавилась от этих активов. Вырученные средства были потрачены на закупку золота, которое на фоне геополитической напряженности впоследствии резко выросло в цене. В итоге этот план сработал, и Китай пытается его повторить.

    Отца семейства больше не будет: жена Петросяна убита горем
    «Китай начал красивую контратаку, которая заставила Соединенные Штаты пожалеть о своих действиях. Что именно сделал Пекин? Все просто, он начал распродажу казначейских облигаций США», — рассказали китайские журналисты.

    Пленная из ВСУ призналась, к чему принуждали женщин
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