Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a nommé mardi un commandant militaire pour diriger la défense de Kiev, alors que des colonnes blindées dirigées par la Russie ont avancé sur la capitale. L'annonce a provoqué une scène de panique parmi les habitants de Kiev qui se pressent depuis à fuir une ville qui risque d'être durant les prochaines heures le théâtre de combats violents.
Une colonne militaire russe de 27 Km de long s'approche de Kiev, suggérant qu'un assaut à grande échelle pour prendre le contrôle de la capitale ukrainienne pourrait commencer dans les prochaines heures ce mardi. Selon des rapports se référant à des images satellites, la colonne est composée de chars, de véhicules blindés et d'autres véhicules stationnés à la périphérie de la capitale Kiev.
Le ministère britannique de la Défense a déclaré que les forces russes avaient peu avancé dans leur progression vers Kiev au cours des dernières 24 heures en raison de «difficultés logistiques» et qu'elles avaient accru leur utilisation de l'artillerie près de Kiev, Kharkiv et Tchernihiv, augmentant ainsi le risque de pertes civiles.
Devant cette menace imminente le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a annoncé dans une vidéo publiée sur sa chaine Telegram qu'il avait nommé un commandant militaire pour diriger la défense de Kiev.
«La défense de notre capitale est désormais notre priorité la plus importante", a-t-il déclaré.
La défense de Kiev sera dirigée par le général Mykola Zhernov, a déclaré Zelenskyy, en collaboration avec le maire élu de la ville, l'ancien champion de boxe poids lourd Vitaly Klitschko.
«J'ai décidé de nommer un militaire professionnel à la tête de l'administration militaire de la ville de Kiev et cela pendant toute la durée de la guerre», a déclaré Zelenskyy. «Afin de garantir la défense de la ville, de bloquer les intrigues de l'ennemi dans notre capitale, afin que les habitants de Kiev aient tout ce dont ils ont besoin.»
Zelenskyy a dénoncé ce qu'il a appelé une frappe de missiles de croisière sur le siège administratif régional de la ville de Kharkiv, au nord-est du pays, comme «un acte de terreur manifeste et non dissimulé.»
«La Russie est un État terroriste. Personne ne pardonnera. Personne n'oubliera», a déclaré le président, qui est apparu mal rasé et portant un T-shirt kaki, devenu une marque de fabrique de son leadership de guerre.
Les frappes russes sur les centres de commandement militaires et civils, associées au bombardement de zones résidentielles dans des villes du nord-est comme Kharkiv et Okhtyrka, sont de mauvais augure pour les dirigeants politiques ukrainiens qui se préparent à une défense ultime de la capitale.
Les images satellite ont montré des colonnes de blindés russes de plusieurs kilomètres de long s'étendant le long des autoroutes au nord-ouest de Kiev. Ces forces ont été rejointes dans la bataille mardi par des troupes biélorusses qui ont franchi la frontière à Tchernihiv, au nord-est. Cela signifie que les forces loyales au président russe Vladimir Poutine progressent désormais vers la capitale des deux côtés de la rivière Dnipro.
Les civiles fuient Kiev
Une vidéo filmée dans une gare de la capitale montre des foules de personnes se bousculant désespérément pour monter dans un train et tenter de fuir la ville.
L'ambassade de l'Inde à Kiev a exhorté tous les citoyens indiens restés dans la capitale ukrainienne mardi à quitter «de toute urgence aujourd'hui même la ville». L'ambassade a demandé sur Twitter que ses compatriotes devaient partir en «train ou par tout autre moyen disponible».
Il est à noter qu'un étudiant indien a été tué dans un bombardement à Kharkiv mardi matin. Un décès qui a poussé le ministère des affaires étrangères a demander un passage sûr urgent pour que tous les ressortissants indiens puissent quitter l'Ukraine, principalement des étudiants.
Pour beaucoup, même après avoir quitté la ville, le voyage était semé d'embûches. Des voitures abandonnées jonchent le terre-plein central des routes principales sortant de Kiev après être tombées en panne ou être tombées en panne d'essence.
Au milieu de l'embouteillage de véhicules quittant le centre ville, la circulation se fait à une vitesse de 8 à 15 km/h pendant une bonne partie de la journée. Les files d'attente aux stations-service serpentent sur des centaines de mètres le long de la route, et les automobilistes vont vers l'ouest sur les voies en direction de l'est, évitant les véhicules blindés et les camions transportant des roquettes sol-air vers la ville. Les magasins étaient fermés, et les gens font du vélo ou marchent sur les routes menant vers l'ouest.