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Coopération sécuritaire entre le Maroc et l’Italie : la touche Hammouchi

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La coopération sécuritaire entre le Maroc et l’Italie s’est intensifiée au fil des ans, reflétant une volonté mutuelle de renforcer la stabilité régionale et de lutter contre les menaces transnationales. Cette collaboration repose sur plusieurs piliers, notamment la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue, la traite des êtres humains et la gestion des flux migratoires. Ces dernières semaines, grâce à l’impulsion d’Abdellatif Hammouchi, directeur général de la DGSN et de la DGST, la coopération sécuritaire a atteint un niveau sans précédent entre les deux pays.

La relation entre le Maroc et l’Italie est ancrée dans une série d’accords et de déclarations bilatérales, notamment le Traité d’Amitié et de Coopération signé en 1991. Après les attentats du 11 septembre, la coopération antiterroriste entre les deux pays a pris une importance accrue.

En effet, en 2001, les deux pays ont signé des accords visant à renforcer leur collaboration en matière de sécurité, mettant en place des mécanismes pour échanger des informations sensibles sur les groupes terroristes et leurs activités. Ces accords ont également inclus des initiatives pour former et équiper les forces de sécurité afin de mieux prévenir et répondre aux menaces terroristes.

En plus des accords bilatéraux, le Maroc a adopté une législation antiterroriste stricte suite aux recommandations internationales, notamment celles de la Résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée en septembre 2001. Cette résolution appelle les États membres à renforcer la coopération et à mettre en place des mesures pour empêcher le financement du terrorisme et soutenir les efforts internationaux dans la lutte contre le terrorisme.

L’Italie, de son côté, a également renforcé sa législation antiterroriste et a collaboré avec divers partenaires internationaux, dont le Maroc, pour échanger des renseignements et mener des opérations conjointes contre des cellules terroristes actives dans la région du Maghreb et au-delà.

Ces efforts conjoints ont été essentiels pour déjouer plusieurs complots terroristes et pour améliorer la sécurité dans les deux pays.

Exercices conjoints et formations

Les exercices conjoints antiterroristes entre le Maroc et l’Italie se sont déroulés à plusieurs reprises depuis le début des années 2000, permettant de renforcer la coopération et d’améliorer l’efficacité des forces de sécurité des deux pays.

Suite aux attentats de Casablanca en mai 2003, le Maroc a intensifié ses efforts de coopération internationale, y compris avec l’Italie, pour organiser des exercices conjoints et renforcer les capacités antiterroristes. Des simulations d’attaques terroristes ont été mises en place pour tester les réactions des forces de sécurité et améliorer la coordination inter-pays.

En 2005, des exercices conjoints ont été menés pour la première fois entre les forces de police et de gendarmerie marocaines et italiennes, incluant des formations spécialisées en désamorçage de bombes et en techniques de neutralisation des terroristes.

Un programme d’échange intensif a été mis en place en 2011, permettant à des officiers marocains de suivre des stages en Italie et vice versa. Ces échanges ont inclus des formations sur les technologies de surveillance et les méthodes d’analyse des renseignements.

Coalition contre Daesh

Le Maroc et l’Italie, membres fondateurs de la coalition mondiale contre Daech créée en 2014, ont renforcé leur coopération antiterroriste à travers une série d’exercices conjoints et de formations spécialisées. Depuis 2015, notamment dans le cadre du Africa Lion, ils ont intensifié leurs efforts de partage de renseignements et de coordination opérationnelle pour lutter contre le terrorisme. En 2018, ils ont coprésidé le groupe de réflexion Afrique, visant à contrer l’influence de Daech sur le continent africain.

Les réunions stratégiques régulières de haut niveau ont eu lieu à Marrakech et à Rome, les opérations conjointes et les initiatives de formation ont permis d’améliorer les capacités des forces de sécurité des deux pays, contribuant ainsi de manière significative à la lutte contre Daech et à la stabilisation des zones libérées de l’emprise du mouvement terroriste.

2019 : L’essor de la coopération Rabat-Rome

Le dernier trimestre de l’année 2019 a marqué une avancée majeure dans la coopération sécuritaire entre Rabat et Rome. Dans un fait rare, les deux figures emblématiques du renseignement marocain, MM. Yassine Mansouri et Abdellatif Hammouchi, ont mené une mission conjointe en Italie.

Cette année-là, le chef de la DGED, Yassine Mansouri, s’est particulièrement illustré sur la scène internationale en parvenant à réunir les différentes factions libyennes pour un dialogue inter-libyen organisé au Maroc. Cette initiative a permis de désamorcer le conflit fratricide en Libye et a ouvert la voie à une solution politique. L’Italie, préoccupée par les manœuvres de la France et de l’Algérie en Libye, a pris conscience de la puissance du “smart power” marocain et de son rôle central dans la promotion de la stabilité et de la paix dans la région. Le voyage de Mansouri et de Hammouchi à Rome a été le jalon d’une nouvelle ère entre les deux pays.

En effet, un mois après la visite des directeurs de la DGED et de la DGST à Rome, soit en novembre 2019, le Maroc et l’Italie ont annoncé la signature de la Déclaration Commune sur le Partenariat Stratégique Multidimensionnel, visant à renforcer leur coopération dans divers domaines, y compris la sécurité et la migration.

Le plan d’action de ce partenariat multidimensionnel a été signé deux ans plus tard, le 5 juillet 2021, à Rome.

Ledit Plan d’Action pour la mise en œuvre du partenariat stratégique multidimensionnel entre le Maroc et l’Italie s’articule autour des points suivants :

  • Efforts et soutien au Sahara :
    • L’Italie salue les efforts sérieux et crédibles du Maroc pour une solution à la question du Sahara, comme reflété dans la résolution 2654 du Conseil de sécurité du 27 octobre 2022.
    • Réaffirmation de l’appui italien aux efforts du Secrétaire Général de l’ONU pour une solution politique, juste, réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable au Sahara, basée sur le compromis.
  • Engagement et compromis :
    • L’Italie encourage toutes les parties à poursuivre leur engagement dans un esprit de réalisme et de compromis, en accord avec la Charte des Nations Unies.
  • Partenariat stratégique multidimensionnel :
    • Réaffirmation de la volonté maroco-italienne, exprimée dans la Déclaration conjointe du 1er novembre 2019, d’établir un partenariat stratégique orienté vers un dialogue permanent et une coopération mutuellement avantageuse.
  • Domaines de coopération :
    • Dialogue politique et diplomatique.
    • Coopération sécuritaire et en matière de justice.
    • Coopération économique, énergétique et de développement durable.
    • Coopération culturelle, universitaire, en recherche et développement, et dialogue interculturel et interreligieux.
    • Coopération dans le domaine des migrations et des questions consulaires.
  • Conseil de Partenariat :
    • Établissement d’un Conseil de Partenariat au niveau des ministres des Affaires étrangères.
    • Réunion annuelle alternant entre Rabat et Rome pour suivre les progrès, définir les axes prioritaires de coopération, et établir des recommandations.
    • Possibilité d’inclure d’autres ministres selon les besoins.
  • Comités de suivi :
    • Constitution de comités au niveau de hauts fonctionnaires pour assurer la mise en œuvre des recommandations du Conseil de Partenariat.
    • Comités spécifiques pour le dialogue politique et diplomatique, la coopération en matière de paix et de sécurité internationales, la coopération en matière de justice, la coopération économique, énergétique et de développement durable, la coopération culturelle et universitaire, et les questions liées à la migration et aux questions consulaires.
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La touche Hammouchi

Depuis le 11 septembre, les relations maroco-italiennes se développaient sous l’influence américaine, principalement axées sur la lutte contre Al Qaeda, puis Daech, ainsi que sur le dossier libyen. Aujourd’hui, ces relations sont devenues directes et plus autonomes.

La diplomatie sécuritaire proactive menée, entre autres, par Abdellatif Hammouchi a catalysé cette évolution, non seulement avec l’Italie, mais aussi avec l’ensemble de nos partenaires historiques, tels que l’Espagne.

La nomination de Vittorio Pisani à la tête de la police italienne a renforcé cet alignement stratégique entre les services de sécurité des deux pays. Pisani, dont le profil est similaire à celui de M. Hammouchi, a pris ses fonctions en mai 2023. Âgé de 56 ans, il possède une longue carrière au sein de la police d’État italienne. Il a joué un rôle clé dans la lutte contre le crime organisé en Campanie de 1990 à 2012, contribuant notamment à la capture de figures de la Camorra. De 2012 à 2019, il s’est spécialisé dans la gestion des flux migratoires à la Direction centrale de l’immigration et de la police des frontières. Depuis juillet 2019, Pisani était directeur adjoint de l’Agence de l’information et de la sécurité intérieure (AISI).

Les deux hommes se sont rencontrés le 4 juin à Rabat. Cette réunion a permis d’évaluer les menaces sécuritaires actuelles et d’explorer les moyens de renforcer la coordination bilatérale. Les discussions ont porté sur les dangers de la criminalité transfrontalière, y compris la traite des êtres humains, la migration irrégulière et le trafic de drogue.

Six jours plus tard, le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, s’est rendu à Rabat. Il a été reçu par le ministre de l’Intérieur marocain, Abdelouafi Laftit. Les deux hommes ont discuté des dossiers bilatéraux et des grandes questions régionales d’intérêt commun, notamment dans le domaine sécuritaire et migratoire.

Les deux ministres ont convenu de consolider les canaux d’échange d’expertises pour anticiper les menaces et défis communs posés par les réseaux terroristes et les groupes de criminalité organisée transfrontalière. Ils ont également souligné l’importance de la communauté marocaine en Italie comme vecteur de rapprochement humain et civilisationnel entre les deux pays. Lors de cette réunion, Piantedosi a décrit le Maroc comme un point de référence solide et un pays ami de l’Italie, essentiel pour la stabilité et la gestion des défis sécuritaires et migratoires en Méditerranée et dans l’Atlantique.

Le ministre de l’Intérieur italien. a également rencontré le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq. Les discussion se sont portés entre autres sur les efforts de déradicalisation et de lutte contre l’extrémisme religieux.

Piantedosi a souligné le rôle du Maroc en tant qu’exemple d’ouverture et de tolérance religieuse, illustré par les nombreuses initiatives de dialogue interreligieux de Rabat. Il a également informé Toufiq de l’accord signé avec la Commission européenne pour le financement d’un programme de formation professionnelle pour les migrants en vue de leur inclusion en Italie.

Timeline de la coopération sécuritaire entre le Maroc et l’Italie

Années 2000

  • 2001 : Début de la coopération antiterroriste entre le Maroc et l’Italie avec des accords de partage d’informations.

Années 2010

  • 2010 : Signature d’un protocole d’accord pour renforcer la coopération dans la lutte contre le trafic de drogue et l’immigration clandestine.
  • 2014 : Mise en place d’un programme de formation conjoint pour les forces de sécurité marocaines et italiennes.

Années 2020

  • 2019 :
    • Mission conjointe à Rome de Yassine Mansouri et Abdellatif Hammouchi
    • Signature d’un accord de coopération en matière de sécurité, renforçant les échanges d’informations et la coordination opérationnelle.
  • 2021 : Organisation de plusieurs exercices conjoints antiterroristes et de formations spécialisées pour les forces de police et de gendarmerie des deux pays.
  • 2023 :
    • 5 juillet 2023 : Nasser Bourita a rencontré à Rome son homologue italien, Antonio Tajani, pour la signature du plan d’action du partenariat multidimensiel entre les deux pays.
    • 7-10 octobre 2023 : Le procureur général du Roi près la Cour de cassation, président du ministère public, El Hassan Daki, reçoit le procureur général près la Cour suprême de cassation en Italie, Luigi Salvato, pour renforcer les relations de coopération les procureurs des deux pays.
  • 2024 :
    •  31 janvier 2024 : Aziz Akhannouch a rencontré, à Rome, la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, au lendemain de sa participation au premier sommet Italie-Afrique.
    • 4 juin 2024 : Le directeur général de la Sûreté nationale et de la surveillance du territoire du Maroc, Abdellatif Hammouchi, a rencontré le directeur général de la sécurité publique italienne, Vittorio Pisani, au Maroc pour discuter de diverses menaces sécuritaires et crimes transfrontaliers.
    • 11 juin 2024 : Abdelouafi Laftit, a reçoit à Rabat son homologue italien, Matteo Piantedosi.

Cas d’extraditions notables

Cas 1 : Extradition d’un trafiquant de drogue italien, Angelo Filippini

  • Contexte : Angelo Filippini, un trafiquant de drogue italien, avait été condamné par contumace en 1992 par un tribunal de Milan à 11 ans de prison pour “constitution de bande criminelle et trafic de drogue international”. Il était lié au clan mafieux calabrais ‘Ndrangheta “Spinella-Ottina” et était en cavale depuis 26 ans.
  • Procédure : Sous le coup d’une notice rouge d’Interpol émise en février 2018, Filippini a été arrêté par la gendarmerie marocaine à Temara, près de Rabat, en avril 2018. Au moment de son arrestation, il était en possession de faux papiers, dont un passeport bulgare sous une fausse identité.
  • Déroulement : Après son arrestation, Filippini a été transféré à la prison de Salé, près de Rabat. Il a été mis à la disposition de la Cour de cassation marocaine, en attendant que les autorités marocaines se prononcent sur son extradition vers l’Italie.
  • Résultat : Filippini a été maintenu en détention à la prison de Salé en attendant la décision finale sur son extradition vers l’Italie.

Cas 2 : Extradition d’un réseau criminel facilitant l’immigration clandestine

  • Contexte : Un homme marocain de 47 ans, accusé de gérer un réseau criminel facilitant l’immigration clandestine en Italie, a été arrêté par la Squadra Mobile de Monza sur mandat d’arrêt international émis par les autorités marocaines. En 2021, il a reçu de nombreux paiements de citoyens étrangers pour les aider à entrer illégalement en Europe.
  • Procédure : L’homme a été arrêté en Italie en 2021 après avoir été précédemment arrêté en 2018 pour des infractions similaires. En 2019, il avait été dénoncé pour falsité idéologique et contrebande de documents pour faciliter l’obtention de permis de séjour [oai_citation:8,
  • Déroulement : Après son arrestation, il a été emprisonné à Monza, à la disposition de la Cour d’appel de Milan, en attente de son extradition vers le Maroc. Il risque une peine pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison au Maroc pour ses activités criminelles.
  • Résultat : L’homme est resté en détention à Monza en attente de son extradition vers le Maroc, où il fait face à des accusations sévères pour avoir facilité l’immigration clandestine et falsifié des documents.

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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