Israël capitalise sur la chute d’Al-Assad pour s’emparer des cimes syriennes et verrouiller sa frontière nord

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Israël a opéré une avancée stratégique majeure en Syrie, capturant des positions clés comme le Mont Hermon et le Jabal al-Shaykh. Ces avancées comblent des lacunes critiques en matière de renseignement, de contrôle des routes et de couverture radar. L'affaiblissement du régime d'Assad a créé un vide sécuritaire que l'armée israélienne a rapidement exploité, transformant la «zone tampon» de 1974 en un espace de contrôle élargi.

Israël justifie ces avancées par des impératifs de sécurité nationale, mais ces actions s’inscrivent aussi dans une stratégie de fait accompli visant à redessiner les frontières de facto dans le sud de la Syrie. La nouvelle réalité sur le terrain place Israël dans une position de force, mais elle pourrait aussi accroître les tensions régionales.

Contexte général

Israël a pris le contrôle de points stratégiques en Syrie, marquant une avancée militaire majeure et suscitant des réactions vives au sein de la communauté internationale, notamment de l'Égypte. Deux positions géographiques essentielles sont au cœur de cette opération :

  • Mont Hermon : Point culminant de la région à 2 814 mètres, offrant un avantage stratégique considérable en matière de surveillance, de renseignement et de contrôle des routes d'approvisionnement ennemies.
  • Jabal al-Shaykh (Hauteur stratégique du Golan) : Israël a renforcé sa position en Golan, capturant des positions militaires syriennes stratégiques et créant une "zone de sécurité" au-delà de l'ancienne zone tampon.

Ces mouvements interviennent dans un contexte de chute du régime syrien de Bachar al-Assad, renversé par la coalition de groupes rebelles menés par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), une faction islamiste affiliée à Al-Qaïda par le passé. La prise de contrôle par Israël est justifiée par la nécessité d'empêcher l'implantation de forces hostiles à sa frontière nord.

Analyse stratégique et militaire

a) Prise du Mont Hermon : Une percée stratégique majeure

  • Objectif militaire : Prise de contrôle des hauteurs pour combler un "angle mort" des radars israéliens et accroître la capacité de surveillance des drones iraniens et des opérations militaires du Hezbollah.
  • Conséquences :

+ Surveillance élargie : Les radars israéliens peuvent désormais couvrir une grande partie du sud du Liban et de la Syrie, détectant toute incursion aérienne de drones ou d'avions ennemis.

+ Sécurisation de la frontière nord : Le contrôle des routes de contrebande des armes du Hezbollah a été renforcé, coupant plusieurs itinéraires cruciaux.

+ Avantage tactique : Les forces spéciales israéliennes peuvent désormais mener des opérations en Syrie avec plus de liberté, notamment des missions de renseignement et de sabotage.

b) Prise de Jabal al-Shaykh et au-delà de la zone tampon

  • Objectif militaire : Établir une "zone de sécurité" au-delà de l'ancienne zone tampon de 1974, profitant de l'effondrement du régime syrien et du retrait des troupes syriennes.
  • Conséquences :

+ Contrôle accru des lignes de front : Israël dispose désormais d'un contrôle élargi des points stratégiques au sud de la Syrie, lui permettant de neutraliser rapidement toute menace potentielle.

+ Opérations aériennes renforcées : Avec le retrait des défenses aériennes russes, Israël a mené des frappes de grande envergure contre des sites de stockage d'armes chimiques et des bases aériennes syriennes.

+ Dissuasion renforcée : Israël montre sa capacité à répondre rapidement et à occuper le vide sécuritaire laissé par l'effondrement du régime syrien.

Enjeux géopolitiques et diplomatiques

a) Réactions régionales

  • Égypte : L'Égypte a vivement réagi, qualifiant l'opération israélienne d'occupation illégale de terres syriennes, violant l'accord d'armistice de 1974. Cette position forte de l'Égypte témoigne de la frustration d'al-Sissi de la violation du gouvernement de Netanyahu des traités de paix avec l'Egypte, notamment celui de 2005 avec l'annexion du corridor de Philadelphie et celui 1979 suite à la suite des accords de Camp David de 1978.

  • Soutien aux rebelles syriens : Les acteurs régionaux, dont la Turquie et certaines factions arabes, s'inquiètent de l'impact de la chute du régime d'Assad et des risques de recomposition du paysage sécuritaire.
  • Russie : La Russie, qui avait des bases militaires en Syrie, a été contrainte de revoir sa position face au nouveau pouvoir dirigé par HTS. Elle a plaidé pour une transition ordonnée du pouvoir et la préservation de ses bases stratégiques.

b) Réactions internationales

  • Appel au Conseil de sécurité de l’ONU : L’Égypte a appelé les Nations Unies à intervenir pour mettre fin à l’occupation israélienne en Syrie.
  • Réactions européennes : Des pays comme l’Allemagne, la France, l’Autriche et la Grèce ont suspendu le traitement des demandes d'asile des réfugiés syriens, en raison de l’instabilité créée par la chute du régime Assad et des luttes d’influence qui en découlent.

c) Implications sur l'équilibre des forces

  • Impact sur le Hezbollah et l'Iran : Israël affaiblit les capacités logistiques du Hezbollah, qui repose sur la Syrie comme point d'accès à ses armes. La coupure des routes de contrebande est un coup majeur porté au réseau d'approvisionnement d'armes financé par l'Iran.
  • Impact sur la Syrie post-Assad : La chute du régime Assad redistribue les cartes. La coalition HTS, autrefois affiliée à Al-Qaïda, prend le contrôle du pouvoir, ce qui suscite des inquiétudes sur la stabilité de la région.
  • Contexte international : La neutralisation des bases aériennes syriennes et la destruction des capacités d'armes chimiques par Israël visent à prévenir la prise de contrôle de ces armes par des factions islamistes.

Conséquences à long terme

Consolidation des gains territoriaux d'Israël :

    • Israël pourrait maintenir le contrôle de ces positions en prétextant la «sécurité nationale» et la nécessité d’empêcher la reconstitution de forces hostiles.
    • La doctrine de la « zone de sécurité » rappelle la politique d'occupation d'une partie du sud du Liban avant le retrait israélien en 2000.

    Nouvel équilibre de puissance au Moyen-Orient :

      • La chute d'Assad marque une rupture stratégique. Israël se positionne comme acteur clé de la recomposition syrienne, cherchant à éviter qu'un pouvoir pro-iranien ou pro-Hezbollah ne s'installe à sa frontière.
      • La fragilisation de l'axe Iran-Hezbollah pousse Téhéran à réévaluer sa stratégie de soutien au Hezbollah et à envisager des contournements logistiques pour maintenir le flux d'armes.

      Réactions internationales possibles :

        • L’appel de l’Égypte au Conseil de sécurité de l’ONU pourrait engendrer des résolutions symboliques, mais il est peu probable que cela aboutisse à une condamnation contraignante d'Israël, compte tenu des vétos américains récurrents.
        • Les négociations diplomatiques autour d’une réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe pourraient être perturbées, car la "nouvelle Syrie" contrôlée par HTS sera perçue comme moins légitime.

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