fbpx

La photo du mandat d’Akhannouch, elle pèse 1,32 millard de dollars

Partager

En ces temps de crise, de doutes et d’incertitudes, de chaos mondial et en l’absence d’une bonne communication qui nous éclaire sur la stratégie gouvernementale, nous avons pris l’habitude de construire notre compréhension de la réalité en nous livrant à l’exercice de l’interprétation systématique des faits et gestes de nos gouvernants. Au fil du temps, l’acteur politique y a pris goût, s’appropriant cette pratique en accentuant le jeu sur les symboles verbaux et non verbaux.

La photo publiée ce jeudi soir par le Chef du Gouvernement Aziz Akhannouch sur X s’inscrit dans cette politique des symboles, seule arme de communication dont il dispose, en plus bien sûr de son immense pouvoir oligarchique.

Que voit-on sur cette photo ?

Image

Tout d’abord, l’architecte de cette rencontre, Mohcine Jazzouli. Le patron de l’investissement du gouvernement Akhannouch. Volontairement ou pas, il est au centre du groupe, son barycentre. Adoptant une posture droite, celle d’un axe, d’un pivot autour duquel flotte le reste de cette galaxie.

Puis le Chef, qui pour des raisons protocolaire à placer sur sa gauche, son allié politique, alias le «médiateur» du parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, puis le loup guerrier chinois l’ambassadeur Li Changlin.

À la droite d’Akhannouch, un autre Chinois qui vient de lui remettre un «effet» de $1,3 milliard (12,8 milliards MAD) et l’espoir de faire travailler plus de 17.000 Marocains.

Il s’agit du patron de Gotion High Tech, l’un des principaux fabricants chinois de batteries lithium-ion rechargeables pour les véhicules électriques.

Se tient ensuite, Fatima Ezzahra El Mansouri, la coordinatrice du l’autre parti de la coalition gouvernementale, le PAM, principal concurrent politique d’Aziz Akhannouch. Tout au bout de la première ligne, la banquier du gouvernement, l’homme le plus puissant de la bande après Akhannouch, Fouzi Lekjâa.

Sur la deuxième ligne du front, côté gauche, on retrouve la ministre de la Transition Énergétique et du Développement Durable, Leila Benali, «trending» malgré elle ces derniers semaines à cause de Twiggy. Se tenant auprès d’elle, le discret poulain de Moncef Jazouli, le DG de l’AMDIE , Ali Seddiki.

Côté gauche, se tient fièrement Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences.

LIRE AUSSI  Après l'Espagne, la France et l'Italie, Hammouchi en Allemagne pour sceller la fortification du bouclier sécuritaire européen du Royaume

Que ne voit-on pas sur la photo ?

Le premier grand absent de la photo est le ministre de l’intérieur Abdelouafi Laftit, pourtant signataire de la convention entre le gouvernement marocain et Gotion High Tech. Puis Mme Nadia Fettah, la ministre de l’Économie et des Finances, également signataire du deal.

Les deux responsables n’ont pas assisté à la réunion de travail qui s’est déroulée à la chefferie du gouvernement. cela explique leur absence de la photo de famille.

L’autre absent de taille est le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour. Était-il pris dans un autre engagement plus important que la signature de l’un des plus grands deal PPP de son mandat ? Le passif de ses relations avec les architectes du deal Gotion, le couple Jazouli/Seddiki, perssiste-t-il ?

Gigafactory «Gotion High Tech»

La société chinoise Gotion High Tech va construire la première gigafactory de batteries pour véhicules électriques du Maroc pour un coût total de 12,8 milliards de dirhams (1,3 milliard de dollars).

Le gouvernement marocain et Gotion High Tech ont signé un accord d’investissement pour la gigafactory qui aura une capacité initiale de 20 gigawatts par heure (GWh).

Gotion High Tech prévoit d’augmenter la capacité de l’usine à 100 GWh, avec un investissement éventuel pouvant atteindre 6,5 milliards de dollars.

Exercise d’interpretation des symboles

1. Politique nationale

Il s’agit du premier grand coup de Aziz Akhannouch depuis sa montée au pouvoir le 8 septembre 2021. C’est également le premier pour Mochine Jazouli, qui rentre désormais dans le palmarès des ministres en charge de l’investissement à l’image de Moulay Hafid Elalamy et Ahmed Chami, deux machines de communication et d’influence.

Par ailleurs, la photo révèle le déficit de compétence d’en souffrent le RNI et l’Istiqlal.

En effet, le PAM est présent en force par trois jeunes ministres, le RNI et l’Istiqlal uniquement par leurs leaders. Sachant que Fouzi Lekjaa et Mohcine Jazouli n’ont pas de couleur politique, que Nadia Fettah et Ryad Mezzour se sentent de trop, quand le patron de la FRMF pour la première et M. Investissements pour le second «are in Da house».

2. Stragtégie énergétique

Le pari du Roi Mohammed VI sur le solaire a mis le Royaume sur l’orbite du futur mondial de l’énergie. Le Maroc est désormais identifié comme une puissance de la transition énergétique. En effet, après le solaire, l’offre marocaine s’est enrichie par la production de batteries électriques et l’hydrogène vert.

La position géographique du Maroc proche de l’Europe, ses accords de libre-échange avec des marchés clés de l’UE et des États-Unis et son industrie automobile existante le rendent attrayant pour les fabricants chinois de batteries pour véhicules électriques.

Les $1,3 milliards de Gotion High-tech ne sont qu’un jalon d’un écosystème de gigafactories en plus des $2,2 milliards de l’autre chinois CNGR Advanced Material avec Al-Mada. Une usine de cathodes à Jorf Lasfar où le gouvernement a alloué 283 hectares aux industries de batteries électriques.

En mai, les fabricants chinois de batteries automobiles Hailiang et Shinzoom ont annoncé des plans pour établir deux usines distinctes à Tanger Tech, qui produiraient respectivement des ingrédients clés pour batteries EV : le cuivre et les anodes.

Un mois plus tôt, le gouvernement marocain a donné son feu vert au fabricant chinois de batteries électriques BTR New Material Group (835185.BJE) pour construire une usine près de Tanger afin de produire des composants clés des cathodes.

Image
Écosystème Marocain de gigafactories (Source LeDesk)

Le secteur automobile a dominé les exportations industrielles du Maroc avec 14 milliards de dollars en 2023, en hausse de 27 % par rapport à l’année précédente.

Le Maroc abrite des usines de production des constructeurs automobiles Stellantis et Renault avec une capacité de production annuelle combinée de 700 000 voitures ainsi qu’un cluster de fournisseurs locaux.

3. Géopolitique

La concurrence interrégionale entre les États-Unis et l’Union européenne dans le domaine de la politique industrielle devra également faire face à la domination actuelle de l’Asie de l’Est (Japon, Corée et en particulier la Chine) dans la production de composants et d’intermédiaires nécessaires à la fabrication des véhicules électriques (VE).

Image
Engagements mondiaux pour les véhicules zéro émission et interdictions des moteurs à combustion interne

En effet, la Chine contrôle actuellement plus des trois quarts de la capacité mondiale de cellules de batteries lithium-ion et représente près de la moitié de la capacité mondiale de raffinage du carbonate de lithium et du cobalt.

Au cours de la prochaine décennie, le marché mondial des batteries (le composant le plus important d’un VE) devrait augmenter de neuf fois. Les projets de gigafactories prévus aux États-Unis et en Europe ne répondront chacun qu’à environ un quart de la capacité mondiale de fabrication d’ici 2030.

Image
Capacité des cellules de batteries lithium-ion par région, 2020 (réel) et 2030 (planifié)

Le Maroc joue un rôle stratégique croissant dans la géopolitique des gigafactories grâce à ses riches ressources en matières premières et à sa position géographique avantageuse.

En tant que l’un des principaux producteurs mondiaux de phosphates, le Maroc est essentiel pour la production de batteries lithium-fer-phosphate (LFP), une alternative émergente aux batteries lithium-ion classiques.

De plus, le pays a investi dans des infrastructures industrielles modernes et des zones économiques spéciales pour attirer les fabricants de batteries et d’autres acteurs de la chaîne de valeur des véhicules électriques. Ces initiatives visent à renforcer la position du Maroc comme un hub industriel clé, capable de répondre à la demande croissante de batteries en Europe et en Afrique.

En diversifiant ses partenariats et en s’intégrant davantage dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, le Maroc peut non seulement profiter de la transition vers les véhicules électriques mais aussi jouer un rôle crucial dans la réduction des dépendances régionales vis-à-vis des sources de matériaux critiques.

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

- Advertisement -