Le Choiseul Africa Business Forum ou l’art de récompenser les héritiers des dynasties économiques

Le très attendu Choiseul 100 Africa 2024 est sorti, et le verdict est clair : la jeunesse africaine rayonne ! Enfin, une partie d'entre elle, semble-t-il. En regardant les quatre premiers rangs des leaders marocains du classement, une étrange révélation saute aux yeux. Loin d’être l'histoire d'un continent peuplé de self-made men et women qui repoussent les limites pour transformer l'Afrique, les premiers noms de ce palmarès marocain semblent avant tout refléter un talent singulier pour… l'héritage.

Les quatre premiers du classement marocain ? Des noms de famille emblématiques, des héritiers des plus grandes fortunes du pays, une belle brochette de talents acquis au berceau. Qu’à cela ne tienne, les valeurs du travail et de l’innovation étaient probablement incluses dans leurs layettes personnalisées. Car, après tout, qui de mieux qu’un héritier pour diriger les entreprises familiales avec une vision avant-gardiste ? Si certains s'étonnent, d'autres applaudissent cette continuité. Pourquoi réinventer l'eau chaude alors qu'on peut simplement la verser d'une génération à l'autre, avec un prix d’entrée réservé aux cercles familiers ?

L’ADN comme moteur de réussite

Selon le classement, Moulay Mhamed Elalamy, héritier du groupe Saham, se taille la première place parmi les jeunes Marocains. Un talent naturel pour la gestion et la stratégie, pourrait-on penser. Le fils de MHE est suivi par celui d'un autre milliardaire, Anas Sefrioui. Malik de son prénom est vice-président de Ciments de l'Atlas et, accessoirement, gendre du chef du gouvernement. La liste continue avec Youssef Ahizoune, fils du puissant PDG de Maroc Telecom, qui brille dans le secteur des services environnementaux avec Arma Group. Puis vient Soukayna Akhannouch du Groupe Akwa, belle-soeur de Malik cité plus haut et bien sur comme son nom l'indique fille de la 1ère fortune du Royaume. Peut-être une surprise pour certains, mais pas pour ceux qui connaissent l'adage : «Les affaires, c'est de famille».

Un classement pour le moins intrigant dans un forum qui entend célébrer l’audace et l’innovation. Pourtant, on ne peut pas dire que l'héritage d'un empire industriel ou d'une entreprise de plusieurs générations ne soit pas un fardeau à porter. Voyons-y donc une forme de courage.

Entre dynasties et méritocratie : les élites éclairées

Si le Choiseul 100 Africa devait démontrer l'existence d'une méritocratie, il le fait ici à sa façon : celle où seuls les plus grands noms, et les descendants de grandes fortunes, semblent appeler à porter les rêves d’un continent. Bien sûr, le reste du classement compte des entrepreneurs issus de milieux plus divers. Mais pour le top du top ? On constate que le pouvoir économique et le succès familial sont des alliés indéfectibles. Ce lien puissant entre la prospérité et le patronyme se passe de présentation. Dans une époque où les managers, les leaders et les entrepreneurs émergent d'un peu partout, le classement choisit néanmoins d'insister sur un cadre bien délimité. Peut-être pour garantir une continuité, pour valoriser la constance dans l’ordre social.

Ironie ou réalité : l’Afrique de demain… qui ressemble à celle d’hier

Avec ce classement, l’Institut Choiseul nous rappelle qu’en Afrique aussi, il existe un certain ordre des choses. La mobilité sociale ? Un joli concept, certes, mais qui demande de respecter des codes et de conserver un sens aigu de la filiation. Et si l’objectif était de mettre en avant des talents prometteurs, ces talents se retrouvent décidément souvent là où la fortune est bien ancrée. Il semble que, pour porter l’Afrique à son plus haut niveau, certains aient l’avantage d’un coup de pouce de la génétique doublé d’un carnet d’adresses que seule une enfance dorée peut offrir.

En somme, à travers ce classement, le Choiseul Africa Business Forum semble valider une idée tenace : l’avenir de l’Afrique, en tout cas de son économie, sera écrit par les héritiers de l’Afrique d’aujourd’hui. Peut-être qu’un jour, d’autres talents perceront ces cercles fermés et feront de ce classement le reflet d’une réelle diversité d’origines et d’itinéraires. Mais en attendant, l’héritage reste à l’honneur, confirmant que le génie peut effectivement se transmettre… sous certaines conditions.

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