Dans le théâtre opaque du pouvoir égyptien, un remaniement gouvernemental a servi de prélude à un mouvement des plus inattendus. Sous la houlette du président Abdel Fattah al-Sissi, un coup d'État silencieux a été soigneusement orchestré au sein des arcanes de la hiérarchie militaire. Dans un tourbillon de surprise et de mystère, al-Sissi a évincé les figures emblématiques du régime : le général de corps d'armée Mohamed Zaki, robuste ministre de la Défense, et le lieutenant-général Osama Askar, chef d’état-major des armées.
L'écho de ce «putsch» résonne avec une ironie machiavélique, car il coïncide avec l'anniversaire d'un autre coup d'état, celui orchestré contre Mohamed Morsi. L'acteur central de la déposition du précédent président égyptien, n'est autre que Mohamed Zaki lui-même, illustrant ainsi les cycles implacables du pouvoir et des trahisons. Ce dernier acte s'est déployé le 3 juillet, en un écho direct au décisif jour du 3 juillet 2013.
Dans un ballet de nominations qui a redéfini la hiérarchie militaire supérieure de l'Égypte, le président Abdel-Fattah El-Sissi a annoncé mercredi une réorganisation significative au sein des forces armées, camouflée dans un remaniement ministériel. Le Lieutenant Général Ahmed Fathy Khalifa, âgé de 58 ans, a été promu chef d'état-major, prenant le relais du Lieutenant Général Osama Askar, qui occupait ce poste depuis 2021. Tandis que le général de corps d'armée Mohamed Zaki, homme fort du régime, a été poussé à la sortie et a été remplacé par un général à la retraite.
Jusqu’à la mi-journée de mercredi, les sites des journaux gouvernementaux égyptiens annonçaient la composition de la nouvelle équipe gouvernementale sans mentionner le ministère de la Défense ni le nom du ministre. Soudainement, avant la cérémonie de prestation de serment, le président Sissi révèle la promotion du général Abdel-Maguid Sakr, à la retraite, de deux grades d'un coup, le nommant général puis général de corps d’armée, avant de l’installer comme ministre de la Défense et commandant général de l’armée, remplaçant ainsi brusquement le général de corps d’armée Mohamed Zaki.
Al-Sissi, machiavélique jusqu'au bout a préféré de garder les deux généraux déchus, tout près de lui. L'ancien chef de état-major, Osama Askar est nommé conseiller présidentiel pour les affaires militaires. Parallèlement, Mohamed Zaki, l'ancien ministre de la Défense reprend son titre de conseiller présidentiel pour les affaires de défense.
Cette manœuvre met en lumière une tension palpable au cœur de l’institution militaire, soulevant des interrogations sur les forces obscures orchestrant la déchéance de Zaki. Ce dernier, architecte de la destitution de l’ancien président Mohamed Morsi, semble avoir été le pion sacrifié dans un jeu de pouvoir réajusté, en réponse à des frictions internes jusqu’alors camouflées au sein de l’armée.
L’ombre de la guerre à Gaza projette une lumière sinistre sur cette toile politique. Ce conflit a-t-il accéléré la chute de Mohamed Zaki? Bien que le rôle précis de ce contexte régional demeure enveloppé de conjectures, il est plausible que les répercussions du conflit aient pesé dans la balance de Sissi, qui cherche à tenir d’une main de fer les leviers du pouvoir militaire et politique de l’Égypte.
Un gouvernement de technocrates pour faire face aux pénuries de gaz, à la dévaluation de la monnaie et aux coupures de courant
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a célébré l'anniversaire du putsch du 3 juillet 2013 contre les islamistes des Frères Musulmans, par un changement d'une bonne moitié de son gouvernement, un mois après la démission du précédent.
Al-Sissi a maintenu Mostafa Madbouly au poste de Premier ministre a défaut de pouvoir le remplacer par son chouchou le Lieutenant-General, dit l'ingénieur Kamel Al-Wazir en raison du véto posé par son ennemi juré, l'espion en chef du pays Abbas Kamel.
Pour le consoler, al-Sissi lui a créé un poste sur mesure, celui de vice-premier ministre chargé de l’industrie. De plus, son portefeuille ministériel a été étendu pour inclure l'industrie dans son périmètre d'action. Il est aujourd'hui, vice-premier ministre et ministre des Transports et de l’Industrie.
Ce nouveau gouvernement concocté par al-Sissi vient en réponse aux pressions de ses partenaires et de la rue égyptienne et faire face aux défis économiques et aux coupures de courant quotidiennes.
Le nouveau ministre des Finances, Ahmed Kouchouk, vétéran et ancien négociateur avec le FMI, promet de maintenir la discipline fiscale et de poursuivre les réformes pour booster le secteur privé. Rania al-Mashat, chargée de la coopération internationale, et Hassan El Khatib, nommé ministre de l’investissement, ont également des rôles clés à jouer dans le développement économique.
Les investissements récents, notamment ceux des Émirats, du FMI, et de l’UE, ont légèrement atténué la crise de devises étrangères en Égypte, bien que les coupures de courant et les pénuries de gaz persistent. Karim Badawi, nouveau ministre du pétrole, se concentre sur l’approvisionnement en carburant pour les centrales électriques. Mahmoud Esmat, ancien ministre des entreprises publiques, dirige maintenant le ministère de l’électricité.
Sherif Farouk, à la tête du ministère de l’approvisionnement, gère les achats de blé et le programme de subventions alimentaires, essentiels pour un pays qui est l’un des plus grands importateurs de blé au monde.
Des experts suggèrent que des réformes significatives sont nécessaires pour stabiliser l’économie égyptienne, notamment en augmentant les exportations, les revenus fiscaux, et en investissant dans le capital humain. Ces réformes visent à accroître la participation du secteur privé, actuellement dominé par l’État et l’armée.
Ces bouleversements surviennent à un moment critique où l’Égypte, acteur traditionnellement central dans la médiation des tensions israélo-palestiniennes, se trouve en plein cœur des turbulences régionales. La réorganisation militaire, marquée par le renouvellement des commandements, apparaît comme une tactique de Sissi visant à cimenter une loyauté inébranlable envers son régime tout en écartant toute opposition émergente.