La situation du centre hospitalier régional Hassan II d’Agadir, marquée ces dernières semaines par plusieurs décès dans les services de maternité et par la vive émotion relayée sur les réseaux sociaux, a suscité un débat national sur l’état du système de santé dans la région Souss-Massa. La diffusion d’images sensibles et la sortie médiatique jugée maladroite de la direction régionale ont contribué à amplifier la colère d’une opinion publique déjà fragilisée par le sentiment d’inégalités territoriales.
Une réaction immédiate du ministère
Face à cette crise, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, M. Amine Tehraoui, fraîchement nommé à la tête du département, a effectué mardi 16 septembre 2025 une visite de terrain à l’hôpital Hassan II. Cette visite s’inscrit dans un cadre plus large d’engagement de la tutelle à répondre aux attentes des citoyens et à améliorer la qualité des prestations de santé dans la région.
Le ministre a pris connaissance de l’avancement des travaux de la commission centrale de suivi, dépêchée une semaine plus tôt par Rabat, et qui œuvre quotidiennement à identifier les défis urgents et à mettre en œuvre des solutions concrètes. Les premières mesures annoncées concernent :
- le renforcement de l’approvisionnement en médicaments et équipements médicaux,
- la mise à niveau du laboratoire et des appareils de radiologie,
- la réception d’un nouveau scanner, opérationnel dans les prochains jours,
- et la poursuite des investissements planifiés, estimés à 200 millions de dirhams pour la modernisation du CHR Hassan II.
Parallèlement, le ministère a rappelé que le nouveau Centre Hospitalier Universitaire d’Agadir, aujourd’hui en phase finale de construction, viendra bientôt renforcer l’offre de soins dans toute la région.
Changement de gouvernance et reddition des comptes
Au-delà des équipements, le ministre a annoncé un remaniement profond des responsabilités locales : remplacement du directeur de l’hôpital, du délégué provincial et du directeur régional, avec la nomination d’un nouveau responsable régional par intérim chargé de conduire cette transition. Ce signal fort traduit une volonté de rigueur et de responsabilisation, en ligne avec le principe constitutionnel de lier responsabilité et reddition des comptes.
Concernant les décès récents, le ministre a précisé qu’une enquête de l’Inspection générale du ministère est en cours. Ses conclusions seront transmises à la justice, conformément aux engagements de transparence et de respect de l’État de droit.
Décisions immédiates du ministre de la Santé à Agadir
1. Arrivée d’un scanner neuf opérationnel sous peu.
2. Approvisionnement d’urgence en médicaments et consommables.
3. Réparation express des appareils de radiologie et équipements critiques.
4. Injection programmée de 200 MDH pour la modernisation du CHR Hassan II.
5. Décapitation managériale : directeur de l’hôpital, délégué provincial et directeur régional débarqués.
6. Nomination d’un nouveau directeur régional par intérim pour piloter la transition.
7. Enquête de l’Inspection générale sur les décès récents, avec transmission à la justice.
8. Accélération du chantier du CHU d’Agadir, en phase finale de construction.
Une crise révélatrice d’un enjeu structurel
Si l’actualité met aujourd’hui en lumière l’hôpital Hassan II, les observateurs notent que cette crise dépasse la seule personne du ministre, nommé depuis quelques mois. Elle illustre surtout les failles structurelles d’un système hospitalier régional qui peine à répondre à la croissance démographique et aux besoins spécifiques de Souss-Massa.
Cette problématique s’inscrit d’ailleurs dans le cadre plus large de la réflexion nationale sur le Maroc à deux vitesses, évoqué par SM le Roi Mohammed VI, dans son discours du Trône du 29 juillet 2025. Le Souverain avait alors alerté sur les disparités territoriales et confié au ministère de l’Intérieur la préparation et le lancement une nouvelle génération de programmes de développement territorial, dépassant les approches traditionnelles de développement social pour aller vers une approche de développement spatial intégré. La santé, maillon essentiel de la cohésion sociale, en constitue l’un des piliers.