Le groupe émirati Adnoc abandonne son offre record sur le producteur d’énergie Santos

Le projet à 18,7 milliards de dollars, qui devait marquer une étape majeure pour Adnoc à l’international, s’effondre à la veille de l’échéance.

Le projet devait marquer un tournant dans l’histoire des fusions-acquisitions australiennes : un consortium mené par XRG, la filiale internationale d’Adnoc, avait mis 18,7 milliards de dollars sur la table pour racheter Santos Ltd, deuxième producteur de gaz du pays. Mais à la veille de l’échéance des négociations exclusives, l’opération s’est effondrée, confirmant la difficulté croissante de conclure des méga-deals énergétiques.

Les raisons d’un blocage majeur

Officiellement, les partenaires du consortium – incluant le fonds souverain ADQ et l’investisseur américain Carlyle – ont évoqué une « combinaison de facteurs ». Plusieurs éléments ont pesé :

  • Fiscalité : le consortium a refusé de couvrir plusieurs centaines de millions de dollars de capital gains tax liés aux actifs de Santos en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
  • Valorisation : l’offre initiale de 5,76 AUD par action, ajustée à 5,626 AUD, valorisait Santos à 36,4 milliards AUD dette comprise, mais le conseil d’administration réclamait davantage.
  • Confiance : les acheteurs se sont inquiétés de problèmes de transparence, notamment une fuite prolongée sur un site d’exploitation.
Réactions des marchés

La nouvelle a immédiatement provoqué une chute de 14 % du titre Santos, sa plus forte baisse en plus de cinq ans, effaçant la prime de rachat et ramenant l’action à son niveau d’avant l’offre. La banque Jarden a même abaissé sa recommandation, réduisant son objectif de cours de 8,40 à 7,05 AUD.

Pour certains investisseurs, cette volatilité est temporaire. « Ils devraient simplement se concentrer sur l’exploitation et laisser les cash flows se refléter dans le cours de l’action », estime Andy Forster, gestionnaire de portefeuille chez Argo Investments, l’un des dix principaux actionnaires.

Un nouvel échec pour Santos

L’épisode s’inscrit dans une série de tentatives avortées : rejet d’une offre de 10,8 milliards $ de Harbour Energy en 2018, abandon d’un projet de fusion avec Woodside Energy qui aurait créé un géant de 80 milliards AUD. Cette succession d’échecs fragilise la confiance des analystes : « Un autre revers renforce l’idée que Santos ne restera pas longtemps sous sa forme actuelle », estime Adam Martin (E&P).

Des projets qui soutiennent la confiance

Malgré la pression, Santos conserve une dynamique industrielle solide. Deux projets clés doivent entrer en production prochainement :

  • Barossa (gaz), au large du nord-ouest de l’Australie.
  • Pikka (pétrole), en Alaska.
    Ces développements majeurs nourrissent l’optimisme de plusieurs actionnaires, qui jugent que la société peut enfin « récolter les fruits du travail engagé », selon Romano Sala Tenna, de Katana Asset Management. Mais des questions demeurent sur l’avenir de projets en suspens comme Narrabri (gaz) et El Dorado (oil & gas).

Pour Adnoc, l’abandon du dossier Santos est un revers, mais ne remet pas en cause son ambition d’expansion mondiale. Sa filiale XRG poursuit la consolidation des actifs internationaux du groupe, tout en restant active dans des participations stratégiques telles que Borouge (pétrochimie) et OMV (groupe énergétique autrichien).

L’affaire Santos illustre deux réalités :

  • La difficulté d’aligner les valorisations dans un secteur marqué par la volatilité et les exigences de la transition énergétique.
  • La complexité des méga-transactions sur les infrastructures critiques, où se mêlent fiscalité, gouvernance et confiance entre parties.

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