Les États-Unis suspendent les entretiens de visas pour étudiants et chercheurs étrangers

Le Département d’État américain a ordonné la suspension immédiate des entretiens de visas pour les étudiants internationaux et les visiteurs d’échange, le temps de mettre en œuvre un nouveau protocole d’évaluation des comptes de réseaux sociaux des demandeurs.

L’administration Trump a ordonné la suspension immédiate de tous les nouveaux entretiens consulaires pour les visas étudiants et d’échange (F, M, J), affectant des milliers de candidats internationaux et jetant le trouble sur un secteur éducatif estimé à 43,8 milliards de dollars.

Cette décision fait suite à un câble signé par le secrétaire d’État Marco Rubio, adressé à toutes les ambassades et consulats américains. Le texte indique que plus aucun rendez-vous ne doit être programmé, « dans l’attente de nouvelles directives » relatives à l’expansion du filtrage des comptes de réseaux sociaux.

Cette suspension concerne uniquement les nouveaux rendez-vous. Les entretiens déjà programmés sont, en principe, maintenus.

Ce que dit le câble officiel

« À compter de maintenant, en préparation à l’expansion du filtrage requis des réseaux sociaux, les sections consulaires ne doivent pas ajouter de nouveaux créneaux pour les visas étudiants ou de visiteurs d’échange jusqu’à la publication de nouvelles directives », indique la note datée du 27 mai.

Cette mesure ne concerne pas les candidats ayant déjà un rendez-vous confirmé. L’ordre, confirmé par le Département d’État, s’inscrit dans un renforcement plus large des procédures de sécurité.

Filtrage numérique et accusations politiques

Selon le Département d’État, cette décision s’inscrit dans une volonté de renforcer les procédures de contrôle des antécédents, notamment à travers l’examen des profils et publications sur les réseaux sociaux. Depuis 2019, les demandeurs de visa doivent déjà fournir certaines informations sur leurs comptes.

Une directive antérieure, émise le 25 mars 2025, avait demandé aux officiers consulaires de transmettre certains dossiers au service de prévention de la fraude pour un contrôle obligatoire des publications sur les réseaux sociaux. Le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré que les visas sont destinés « à étudier, pas à militer ».

L’administration Trump a justifié ces durcissements par la montée des protestations pro-palestiniennes sur les campus, qualifiées de « pro-Hamas » par la Maison Blanche. Donald Trump a publiquement accusé Harvard et d’autres institutions d’antisémitisme et de « dérive woke ».

Il a aussi gelé 3,2 milliards de dollars de subventions et contrats fédéraux avec Harvard, menaçant de redistribuer ces fonds à des écoles professionnelles et techniques

Un secteur stratégique impacté

Selon le dernier rapport Open Doors de l’Institute of International Education, les États-Unis ont accueilli 1,1 million d’étudiants internationaux durant l’année universitaire 2023-2024. Leur présence a généré 43,8 milliards de dollars via les frais de scolarité, le logement et les dépenses de vie, selon l’association NAFSA.

Des pays comme la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et le Royaume-Uni comptent parmi les plus gros contingents. Près de 10 000 Britanniques étaient inscrits aux États-Unis en 2023-2024.

Harvard dans la tourmente

L’université Harvard est directement visée par les mesures de l’administration. Le Département de la Sécurité intérieure (DHS) a révoqué son autorisation d’accueillir des étudiants étrangers, soit environ 7 000 étudiants, représentant près d’un tiers de ses effectifs.

Le DHS, par la voix de sa secrétaire Kristi Noem, a demandé à ces étudiants de quitter le pays ou se réinscrire ailleurs. Harvard a immédiatement contesté cette décision en justice, la qualifiant de :

« Tentative d’effacement, d’un trait de plume, d’un quart du corps étudiant de Harvard, une atteinte grave à la liberté académique. »

Un juge fédéral, Allison Burroughs, a temporairement suspendu l’application de cette mesure en attendant une décision sur le fond.

Réactions du Département d’État

Dans une déclaration officielle, le Département d’État a rappelé que la planification des entretiens est « dynamique » et ajustée selon les besoins en matière de sécurité. Il a confirmé l’utilisation « de toutes les ressources disponibles » pour évaluer les profils des candidats, sans préciser les critères pouvant entraîner un rejet sur la base des publications en ligne.

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