C’est une transaction passée presque sous les radars, dans le silence feutré des notaires et des forêts canadiennes. Mais au Québec, elle ne pouvait échapper à la curiosité des observateurs du marché immobilier haut de gamme : un vaste domaine de plus de 500 hectares appartenant au deuxième homme plus riche du Maroc après le Chef du Gouvernement, Othman Benjelloun, vient de changer de mains pour la somme de 14,5 millions de dollars canadiens, soit un peu plus que 108 millions de dirhams.
C’est dans les cantons de l’Estrie, au sud du Québec, à mi-chemin entre Montréal et la frontière américaine, qu’Othman Benjelloun avait trouvé refuge : un écrin de 500 hectares, fait de forêts, de collines et de lacs où l’on croise plus d’orignaux que d’hommes.

Le domaine s’étend sur un territoire aussi vaste que 977 terrains de football, longeant les rives du lac Moffat. Au cœur du domaine, une résidence principale de 1 765 m2, dotée de quinze chambres, treize salles de bain et trois foyers monumentaux, incarne une certaine idée de la discrétion luxueuse.

L’endroit n’était pas directement au nom du banquier, mais détenu par O Capital Investissements Verts, société luxembourgeoise rattachée à Global Strategic Holdings Sarl, véhicule d’investissement du groupe Benjelloun. C’est par ce biais qu’en 2009, le patriarche de la Bank of Africa avait acquis la propriété pour 9,5 millions de dollars, auprès d’une société montréalaise, Savane Investissement Inc.




Quinze ans plus tard, la cession est intervenue au profit d’une société nouvellement constituée, Domaine du Lac Moffat Inc., pilotée par les entrepreneurs québécois Marc Vallières et Dany Morency. Ces derniers envisagent, selon la documentation déposée, un développement résidentiel d’environ 400 lots sur le site.
La transaction, officialisée le 29 août 2025 devant notaire à Val-d’Or, s’élève à 14 537 302 $, soit 53 % de plus que le prix d’acquisition initial. Le montant dépasse presque du double l’évaluation municipale du bien, fixée à 8,15 millions de dollars.
En marge de cette vente, les observateurs notent qu’Othman Benjelloun, aujourd’hui âgé de 92 ans, poursuit le resserrement de son patrimoine international autour de ses holdings africaines et européennes. Un signe discret, peut-être, que le banquier-philosophe du Royaume réorganise ses cercles d’investissement entre transmission, rationalisation et recentrage sur ses bases continentales.