Un inventaire réalisé sur la chaîne «Algeria International Channel» – AL24 – est édifiant : en 2024, 1.095 vidéos consacrées au Maroc y ont été publiées, soit une moyenne de trois par jour. Il ne s’agit pourtant que d’un seul support. Si l’on ajoute à ce volume les contenus des autres médias publics et para-publics algériens, on découvre l’ampleur d’une véritable campagne de propagande structurée, où la fixation sur le Royaume devient un instrument de manipulation de masse.
Un dispositif médiatique qui dépasse la rivalité
La focalisation de cette chaîne ne peut pas être interprétée comme un simple réflexe de rivalité régionale. Elle illustre une stratégie de communication coordonnée où le Maroc sert de cible permanente. Chaque geste diplomatique, chaque projet économique ou réussite internationale de Rabat fait l’objet d’un traitement systématiquement biaisé, souvent chargé de connotations négatives.
Ce chiffre – trois vidéos par jour sur un seul média – révèle une obsession qui frôle la pathologie politique. Loin de constituer une simple couverture journalistique, cette avalanche d’images et de reportages devient un outil de conditionnement, visant à nourrir chez l’opinion publique algérienne un ressentiment durable vis-à-vis du peuple marocain.
Lorsqu’un média d’État consacre une telle énergie à la diabolisation d’un voisin, c’est bien plus qu’une ligne éditoriale : c’est une instrumentalisation délibérée de la haine. En multipliant les relais – télévisions publiques, chaînes satellitaires, agence de presse officielle, sites Internet, comptes sociaux pilotés depuis Alger – le régime fabrique une guerre de désinformation, construite sur la caricature et l’exagération.
Cette stratégie de saturation médiatique traduit aussi un paradoxe. Plus Alger cherche à noircir l’image du Maroc, plus il révèle l’importance que le Royaume occupe dans ses obsessions diplomatiques. Le contraste est saisissant : tandis que Rabat investit son énergie dans des partenariats internationaux, des projets de développement et une diplomatie proactive, Alger dilapide la sienne dans une rhétorique hostile, qui enferme le pays dans un cercle vicieux d’isolement et de crispation.