Ramid étrille la réforme santé : « Assez de bricolage, place au contrat et à la reddition des comptes »

La tragédie des décès de femmes dans la maternité d’Agadir et la vague de contestations portée par la jeunesse marocaine (GenZ) ont poussé l’ancien ministre d’État et figure du PJD, El Mostapha Ramid, à livrer sa vision d’une refondation du système de santé. Dans un post publié sur Facebook, il dresse un diagnostic sévère et propose un schéma précis d’action, qui se distingue par sa technicité et son exigence. Un constat d’échec et une mise en garde contre le « bricolage »

Ramid ne prend pas de gants : malgré les efforts consentis ces dernières années, « la santé souffre de graves dysfonctionnements ». Selon lui, les réformes entreprises jusqu’à présent se résument à du « bricolage » sans effet structurel. Les contestations populaires, insiste-t-il, sont le reflet d’un malaise généralisé autour des déficits multiples : manque de moyens, faiblesse de la gouvernance et mauvaise gestion, surtout dans les hôpitaux publics.

Son message vise directement le gouvernement actuel : les responsables doivent, dit-il, tracer une véritable « feuille de route », avec des objectifs clairs, des moyens budgétaires adaptés et un mécanisme permanent de suivi et de reddition de comptes.

L’expérience du ministère de la Justice comme modèle

Pour illustrer sa vision, Ramid puise dans son expérience à la tête du ministère de la Justice (2012–2016). À l’époque, il avait mis en place un système de classement des tribunaux par couleurs — vert, jaune, gris, noir — en fonction de leur performance et de leur gestion. Il propose de transposer ce modèle aux hôpitaux :

  • Infrastructures : évaluer la qualité des bâtiments et procéder aux rénovations nécessaires selon des critères précis (établissements adaptés, moyens ou inadaptés).
  • Ressources humaines : fixer un ratio national pour le nombre et la qualification du personnel médical et paramédical.
  • Logistique et médicaments : recenser et combler les besoins réels de chaque unité sanitaire.

Chaque hôpital serait ainsi tenu par un « cahier des charges » contraignant, soumis à évaluation régulière et à un classement transparent.

Gouvernance, contrôle et accountability

Ramid insiste sur la nécessité d’un pilotage serré :

  • Tableau de bord quotidien pour suivre en temps réel les manques et les problèmes.
  • Visites de terrain régulières et inopinées afin de lutter contre le laisser-aller dénoncé par les citoyens.
  • Sanctions ciblées : si les déficits relèvent d’un manque de moyens, c’est à l’administration centrale et régionale d’agir ; si c’est un problème de gestion, cela doit se traduire par le remplacement des responsables locaux.
Le personnel médical au cœur du système

Autre point central : la situation des médecins et infirmiers. Ramid réclame pour eux des incitations financières et morales fortes afin de les maintenir mobilisés dans le public. En contrepartie, il appelle à une vraie discipline vis-à-vis du cumul avec le privé, qu’il qualifie de dérive fréquente et nocive pour le service public.

Une pique au gouvernement : « pas des pompiers Don Quichotte »

Le ton se durcit à la fin du texte. Ramid s’adresse implicitement au chef du gouvernement Aziz Akhannouch et à son ministre de la Santé Khalid Aït Taleb :

  • Le Premier ministre doit contractualiser des objectifs clairs avec chaque ministre.
  • Le ministre de tutelle doit travailler jour et nuit et non réagir aux crises comme un « pompier Don Quichotte ».

La conclusion sonne comme une sentence politique : « Le Maroc mérite des hommes et des femmes visionnaires, déterminés, qui comptent les heures et les minutes, et non des responsables perdus qui se satisfont du simple statut de ministre. »

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