Trump gracie son ex-conseiller Michael Flynn, les démocrates dénoncent un «abus de pouvoir»

Donald Trump a annoncé mercredi avoir accordé une grâce à son ancien conseiller à la Sécurité nationale Michael Flynn, le premier de ses proches mis en cause dans le cadre de l’enquête russe, un geste qualifié «d’abus de pouvoir» par les démocrates.

Avec AFP

L’ancien général de 61 ans avait plaidé coupable en 2017 d’avoir menti à la police fédérale au sujet de ses contacts avec un diplomate russe. Sa peine n’avait jamais été prononcée en raison de nombreux rebondissements dans cette affaire extrêmement politisée.

Le président américain a finalement décidé d’y mettre un terme définitif, en usant de son droit de grâce avant son départ de la Maison Blanche, le 20 janvier. «C’est mon grand honneur d’annoncer que le général Michael Flynn a bénéficié d’une grâce complète», a-t-il tweeté, alors que la presse spéculait depuis quelques jours à ce sujet.

«Donald Trump a régulièrement abusé de son pouvoir pour récompenser ses amis ou protéger ceux qui l’ont couvert», a immédiatement dénoncé l’élu démocrate Adam Schiff, qui dirige la commission du Renseignement de la Chambre des représentants. «Sans surprise, Trump s’en va comme il est venu: corrompu jusqu’à la moelle», a-t-il encore assené.

La clémence du président «met un terme à des poursuites politiques et sans relâche d’un homme innocent», a au contraire justifié la porte-parole de la Maison Blanche, Kayleigh McEnany, en présentant Michael Flynn comme «victime» d’une tentative «coordonnée de renverser l’élection de 2016».

Donald Trump, qui refuse aujourd’hui de reconnaître la victoire de Joe Biden à la présidentielle du 3 novembre, a toujours accusé les démocrates d’avoir orchestré l’enquête sur les soupçons d’entente entre Moscou et son équipe de campagne parce qu’ils n’avaient pas, selon lui, digéré leur défaite en 2016.

Abandon des charges

Cette enquête tentaculaire a empoisonné les deux premières années de son mandat avant de se conclure sur une absence de preuves de collusion, mais six de ses collaborateurs ont été inculpés pour des charges diverses par les enquêteurs.

Parmi eux, le général Flynn avait participé à la campagne victorieuse du républicain et avait ensuite eu des échanges confidentiels avec l’ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kisliak en décembre 2016.

Devenu conseiller à la Sécurité nationale, il avait été interrogé le 24 janvier 2017 par la police fédérale mais il avait dissimulé ces contacts. Il avait rapidement dû démissionner pour avoir également menti au vice-président Mike Pence.

En 2017, Michael Flynn avait accepté de plaider coupable de parjure et de coopérer avec l’enquête russe.

Menacé d’une peine de six mois de prison, il avait changé d’avocats et de stratégie de défense en 2019. Il demandait depuis l’annulation de la procédure, en se disant victime d’une manipulation.

En mai, le ministère de la Justice, dirigé par Bill Barr, un des plus solides défenseurs de Donald Trump, avait décidé d’abandonner les poursuites contre lui, un geste rarissime quand l’accusé a reconnu ses torts.

Celles-ci auraient pu être rouvertes par l’administration de Joe Biden, mais le pardon présidentiel referme définitivement le dossier.

PAS un agent russe

«Cette grâce est injustifiée, contraire aux principes et laisse une tache supplémentaire» sur le bilan de Donald Trump, a également critiqué l’élu démocrate Jerry Nadler, qui préside la commission judiciaire de la Chambre des représentants.

Il avait promis cette grâce pour inciter Michael Flynn à ne pas coopérer avec les enquêteurs fédéraux parce que cela aurait «pu exposer ses propres méfaits», a-t-il ajouté, en dénonçant «un abus de pouvoir qui affaiblit l’Etat de droit».

A l’inverse, son homologue au Sénat, le républicain Lindsey Graham, a félicité Donald Trump pour «son très bon usage de son pouvoir de grâce». «Le général Flynn n’était PAS un agent russe, mais la victime d’une enquête politique», a-t-il tweeté.

En juillet, Donald Trump avait déjà commué la peine d’un autre proche, son ami de longue date et ex-conseiller Roger Stone, condamné pour avoir tenté d’influencer des témoins et pour avoir menti au Congrès dans le cadre de l’enquête russe.

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