Dans une ère où la liberté d’expression est d’une importance capitale, il est alarmant de constater l’émergence de comportements qui tentent de la saper, surtout lorsque ces actes proviennent de ceux qui influencent l’opinion publique. En effet, la marche de solidarité avec le peuple palestinien à Tanger, a été le théâtre d’attaques verbales inacceptables amplifiées par haut-parleur, visant les deux confrères journalistes, Ahmed Charaï et Ridouane Erramdani. Les termes utilisés s’inscrivent dans une logique de diffamation, d’incitation à la haine et à la violence qui ne peut être tolérée dans aucun contexte.
Le Syndicat National de la Presse Marocaine a pris une position ferme contre de telles pratiques.
«Le SNPM a pris connaissance d’un extrait vidéo d’une marche organisée à Tanger en solidarité avec le peuple palestinien, qui comprenait des slogans diffusés par haut-parleur contenant des attaques contre les confrères Ahmed Charaï et Redouane Ramadan, et les qualifiant de termes qui relèvent de la diffamation, de l’incitation et de la haine.» a déclaré le syndicat dans un communiqué publié ce lundi 6 novembre.
Il convient de noter que le Syndicat National de la Presse Marocaine a renouvelé son soutien au peuple palestinien dans sa lutte contre les crimes de l’occupation israélienne, et a rendu hommage aux journalistes, martyrs du devoir professionnel dans la bande de Gaza, tout en mettant en garde contre les dangers d’exploiter les sentiments de solidarité sincères et spontanés qui traduisent la position du Maroc, État et peuple, aux côtés des Palestiniens, à des fins de règlements de comptes politiques ou personnels contre des citoyens ou des institutions ou des organismes.
«Nous, à le SNPM, considérons que la liberté d’opinion et d’expression doit être garantie pour toutes les parties et protégée, et nous refusons toute violation qui la touche, que la violation émane des autorités, des entités politiques, ou des individus qui exploitent des situations particulières pour appeler à bâillonner les bouches, sous n’importe quel prétexte.», martèle le syndicat de Abdellah El Bakkali.
L’expression de la solidarité avec Ahmed Charaï par le SNPM est un rappel puissant que la liberté de pensée et d’expression doit être préservée et protégée pour tous, et que tout acte de violence verbale ou physique à l’encontre des journalistes est une attaque contre les fondements même de la démocratie et de la liberté de presse.
L’appel du SNPM à valoriser le dialogue responsable et mature, ainsi qu’à respecter les opinions divergentes, est un appel à la raison dans un climat politique souvent chargé et polarisé. La condamnation de toute forme d’incitation, quelle que soit son origine, est une position qui devrait être universellement adoptée.
À noter que la haine exprimée lors de la marche de Tanger a pour origine une série de vidéos diffusées par un Youtubeur qui a passé un mois entier à diffamer Ahmed Charaï. Ses invités, entre imposteurs et niais se sont mis en ordre de bataille pour canaliser la colère populaire vers la personne du journaliste.
Ahmed Charaï est un patriote qui a choisi de défendre les intérêts de son pays en navigant sur un terrain miné par la démagogie, l’hypocrisie, la bien pensance et la volatilité géopolitique. Il a le mérite de prendre beaucoup de risque dans l’obejectif de service son pays. Contraitement aux rétifs au changement, décrits par Machiavel par ceux qui « prospèrent sans doute tant que leur marche s’accorde avec celle de la Fortune ; mais ils se perdent dès que celle-ci vient à changer, faute pour eux de suivre cette déesse aveugle dans ses variations ».
L’heure est à la vigilance et à l’action concertée pour préserver les acquis en matière de liberté d’expression et pour protéger les journalistes contre toute forme de violence, qu’elle soit physique, verbale ou psychologique. C’est un principe qui doit être défendu avec acharnement, sans relâche, pour garantir que la vérité et la pluralité des opinions continuent de guider le cours de nos sociétés