Life champion, acteur de changement… des mots vibrants, comme des refrains obsédants, soufflés par un ami hors du commun, Amine Zariat, fondateur de Tibu Africa, une ONG qui répand un bienfait inestimable aux enfants, aux jeunes et aux femmes. Chaque heure passée dans une école de la deuxième chance ou un centre communautaire Tibu agit comme une onde de guérison, une séance de thérapie, un passage en plein spa de l’âme: Ici, le sens du bien prend enfin une forme tangible.
Depuis, je suis en quête de ces acteurs de lumière, de ces « life champions » qui éclipsent la grisaille économique, les chiffres du chômage déprimants et dissipent le nihilisme qui s’est infiltré dans les médias. Quand ces figures me manquent, j’ai trouvé mon antidote : il me suffit de prendre un taxi, de filer sur le boulevard Zerktouni à la tombée de la nuit et de laisser le chauffeur conter le récit du héros de Casablanca, le Wali Mhidia.
À Casablanca, on n’avait rien vu de tel depuis une éternité, ou peut-être jamais. Qui se souvient de Moulay Mustapha Belarbi Alaoui, l’autre «Life champion» qui a acté la construction de la rocade qui a transformer la capitale économique ? Les Casablancais, eux, se rappellent le supplice du boulevard Anfa : dix-huit mois de travaux sans fin, pour un axe modeste. Puis vient Zerktouni, livré en moins de deux mois seulement, comme un miracle dans la pierre et le béton. Ils se souviennent aussi de l’épreuve infernale du croisement de Bd. Bir Anzarane et Bd. Roudani, de la trémie, cette cicatrice urbaine gravée au fer rouge dans la mémoire collective.
Quinze ans que les Casablancais avancent dans un labyrinthe de chantiers sans issue, quinze ans que cette ville se débat sous le poids d’une transformation inachevée. En 2015, le magazine Oxford saisit la beauté des promesses : des clichés de Casablanca avant l’ambitieux chantier royal, un projet qui aurait dû métamorphoser la ville en cinq ans. Cinq ans plus tard, pourtant, on cherche encore le changement dans cet éternel «avant».
Alors, pour la première fois dans notre histoire contemporaine, une idée impensable prend forme : Casablancaise de naissance, de cœur et d’âme, la population commence à lorgner vers Rabat, cette ville-promenade, cette perle aux rives du Bouregreg, façonnée sous la vision royale, de notre «life champion, notre «acteur de changement» à tous, le Roi Mohammed VI, une oasis de modernité et de quiétude où opèrent parfois les mêmes artisans de nos déboires.
Puis Mhidia entra en scène. Cet homme, je l’ai découvert en 2011, lors du mythique match Maroc-Algérie, ce flamboyant 4-0. Ce jour-là, j’ai entrevu en lui plus qu’un simple haut fonctionnaire : un homme prêt à mouiller sa chemise, à écouter, à agir, à trancher, à porter ses responsabilités à bout de bras. Héros masqué de cette victoire sur le terrain, il est aujourd’hui le champion visible d’une autre bataille : celle contre l’incompétence, la lenteur, l’abandon et la tricherie.
Le Wali Mhidia est un «life champion», un créateur de changement, un bâtisseur de renouveau. Le héros des Casablancais, mon héros.