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Dans une déclaration publiée le 5 mars 2025 via le compte X de l’ambassade de Chine au Maroc (@ChineAmbMaroc), Pékin a réitéré sa position sur ses relations avec les États-Unis, en réponse implicite aux récentes critiques formulées par le secrétaire d’État américain, Marco Rubio. Ce message, qui souligne les principes de respect mutuel, de coexistence pacifique et de coopération gagnant-gagnant, contraste avec une ferme détermination à défendre la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement de la Chine. Cette déclaration s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre les deux superpuissances, alimentées par les positions hawkish de Rubio et les différends stratégiques persistants.
Une réponse aux accusations de Marco Rubio
Le tweet de l’ambassade intervient après des remarques récentes de Marco Rubio, nommé secrétaire d’État des États-Unis en 2025, connu pour sa ligne dure envers la Chine. Selon un article de Newsweek daté de novembre 2024, Rubio, figure républicaine influente, a critiqué à maintes reprises Pékin sur des questions comme les droits humains, la situation à Taïwan, et les pratiques économiques chinoises qu’il qualifie de déloyales. Lors de son mandat de sénateur, Rubio a imposé des sanctions en 2020 contre des responsables chinois impliqués dans la répression à Hong Kong, provoquant des mesures de rétorsion de Pékin, comme le rappelle le même rapport.
La Chine, par la voix de Lin Jian, déplore vivement ces accusations et affirme avoir adressé « de sérieuses protestations » aux États-Unis, qualifiant les remarques de Rubio de diffamatoires et contraires à une diplomatie constructive.
Le porte-parole rejette également ce qu’il perçoit comme une « diplomatie du mégaphone » de la part des États-Unis, estimant qu’elle nuit aux relations bilatérales. Il insiste sur le fait qu’un « mensonge répété mille fois ne devient pas un fait », appelant Washington à cesser de faire de la Chine un « bouc émissaire » sans fondement.
En insistant sur le « respect mutuel » et la « coexistence pacifique », la Chine semble adresser un appel à un dialogue constructif, tout en rejetant implicitement les critiques de Rubio. Le principe de « coopération gagnant-gagnant » reflète également l’ambition chinoise de maintenir une interdépendance économique avec les États-Unis, malgré les tensions, notamment sur les échanges commerciaux et technologiques.
La question cruciale de Taïwan
Un point central des déclarations concerne Taïwan, qualifiée de « question la plus cruciale, sensible et explosive » dans les relations sino-américaines. Lin Jian réaffirme avec force le principe d’« une seule Chine » : « Il n’y a qu’une seule Chine dans le monde, Taïwan est une partie inaliénable de la Chine, et le gouvernement de la République populaire de Chine est le seul gouvernement légal représentant l’ensemble de la Chine. » Cette position, décrite comme le « véritable statut quo » dans le détroit de Taïwan, contraste avec ce que Pékin perçoit comme une déformation par les États-Unis du principe d’« une seule Chine ».
La Chine accuse les États-Unis d’utiliser Taïwan comme un outil pour contenir son essor, en soutenant les autorités taïwanaises dans leurs efforts pour obtenir une « indépendance » avec la connivence de Washington.
Critiques des politiques économiques et commerciales des États-Unis
Les déclarations abordent également les tensions économiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis. Lin Jian affirme que « les guerres commerciales et tarifaires n’ont pas de vainqueur » et critique les tentatives américaines de politiser et militariser les questions économiques, d’imposer des hausses de tarifs sur les importations chinoises sous prétexte de sécurité nationale, et de créer des obstacles au commerce, à l’investissement et à la coopération économique avec la Chine. Ces mesures, selon lui, nuisent non seulement aux intérêts économiques chinois, mais aussi à la crédibilité internationale des États-Unis.
La Chine se dit prête à travailler avec les États-Unis pour répondre aux préoccupations de chacun par le dialogue et la consultation, sur la base de l’égalité et du respect mutuel. Cependant, Pékin prévient qu’elle prendra « toutes les mesures nécessaires » pour sauvegarder ses droits et intérêts légitimes face à ces pressions, notamment les nouvelles restrictions sur les investissements chinois annoncées par les États-Unis en 2025, comme rapporté par le South China Morning Post.
Les origines de la COVID-19 : un débat scientifique, pas politique
Une autre section des déclarations aborde la question des origines de la COVID-19, que la Chine qualifie de « question scientifique sérieuse ». Lin Jian rejette comme « extrêmement improbable » l’hypothèse d’une fuite de laboratoire à Wuhan, citant la conclusion d’une mission conjointe OMS-Chine en 2021, qui, après des visites sur le terrain et des échanges avec des chercheurs, a estimé que cette théorie était peu probable. Il souligne que la communauté scientifique internationale, y compris de nombreux experts, reconnaît cette conclusion, basée sur la science, et insiste sur la nécessité d’une approche globale pour enquêter sur les origines du virus dans plusieurs pays et régions, et non pas de pointer du doigt la Chine.
Pékin exhorte les États-Unis à cesser leurs accusations infondées sur ce sujet, qu’il considère comme une tentative de politisation d’une question scientifique, nuisant ainsi aux relations bilatérales.
Une vision pour l’Asie-Pacifique : coopération, pas confrontation
Enfin, les déclarations insistent sur le rôle de l’Asie-Pacifique comme un « lieu de coopération et de développement », et non un théâtre de rivalités géopolitiques. Lin Jian critique les États-Unis pour leur « mentalité hégémonique », accusés de traiter les autres pays comme des « pièces d’échecs » ou des « pions », et de projeter cette vision sur la Chine. Il dénonce les tentatives américaines d’alimenter une confrontation en bloc dans la région, estimant que ces initiatives vont à l’encontre de la tendance actuelle et des aspirations communes des pays de la région, notamment via des projets comme l’Initiative Ceinture et Route. Selon une déclaration du ministère chinois des Affaires étrangères de 2022, ces efforts visent à promouvoir la connectivité économique, le développement vert et l’intégration régionale, sans interférence extérieure.
La Chine prévient que ces initiatives de confrontation « n’obtiendront aucun soutien et seront vouées à l’échec » si elles persistent.
Stratégie offensive de la diplomatie chinoise
Ces déclarations, relayées par l’ambassade de Chine au Maroc, illustrent une stratégie diplomatique à la fois offensive et défensive face aux critiques de Marco Rubio et aux politiques des États-Unis. En fustigeant une « mentalité de guerre froide » et en réaffirmant ses positions sur Taïwan, le commerce, les origines de la COVID-19 et l’Asie-Pacifique, Pékin cherche à contrer ce qu’elle perçoit comme une campagne de dénigrement, tout en appelant à un dialogue basé sur le respect mutuel.
Cependant, la fermeté affichée sur la souveraineté nationale, en particulier sur Taïwan, et la défense des intérêts économiques signalent une volonté inébranlable de protéger ses priorités, même au risque d’accentuer les tensions avec Washington.
Pour le Maroc et les partenaires africains de la Chine, ce message réaffirme le rôle de Pékin comme un acteur global déterminé à défendre ses intérêts tout en promouvant une coopération internationale équilibrée, contrastant avec les politiques qu’elle attribue aux États-Unis.