Partenariat PCNS–CASS: deux ans pour sonder l’épaisseur de l’intelligence Sud-Sud

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Le Policy Center for the New South (PCNS) et la Chinese Academy of Social Sciences (CASS) ont signé un protocole d’accord portant sur le renforcement de leur coopération académique. Le partenariat a été ratifié par Karim El Aynaoui, Président exécutif du PCNS, et Gao Xiang, Président de la CASS, en présence d’une délégation officielle chinoise.

Le Policy Center for the New South (PCNS) et la Chinese Academy of Social Sciences (CASS) ont signé un protocole d’accord portant sur le renforcement de leur coopération académique, lors d’une cérémonie officielle organisée au siège du think tank marocain à Rabat. L’accord a été signé par Karim El Aynaoui, Président Exécutif du PCNS, et Gao Xiang, Président de la CASS, en présence d’une délégation officielle chinoise.

Une collaboration structurée entre deux institutions stratégiques

Le protocole, conclu pour une période initiale de deux ans, prévoit :

  • La mise en œuvre de projets de recherche conjoints sur des thématiques d’intérêt commun, notamment les relations sino-africaines, les trajectoires de développement, et la gouvernance dans le Sud global ;
  • L’échange de chercheurs et d’experts dans une logique de formation croisée ;
  • La coproduction de contenus scientifiques et le partage d’informations documentaires ;
  • La co-organisation de conférences et séminaires à caractère régional ou international ;
  • L’exploration de nouvelles modalités de coopération académique en lien avec les priorités des deux institutions.

L’accord traduit une volonté réciproque de formaliser des échanges amorcés ces dernières années, dans un contexte où la Chine cherche à structurer un réseau mondial de partenariats intellectuels avec les pays du Sud, en s’appuyant sur ses institutions académiques centrales.

Fiche récapitualtive du protocole d’accord entre le PCNS et la CASS

ÉlémentDétail
PartenairesPolicy Center for the New South (PCNS) – Chinese Academy of Social Sciences (CASS)
Date de signature21 avril 2025
LieuSiège du PCNS, Rabat
SignatairesKarim El Aynaoui (PCNS) – Xiang GAO (CASS)
ObjectifRenforcer la coopération académique Maroc–Chine sur des sujets stratégiques communs
Thématiques prioritaires– Chine
– Relations sino-marocaines
– Études Afrique–Chine
Axes de coopération– Projets de recherche conjoints & co-publications
– Échange de chercheurs
– Co-organisation de séminaires & conférences
– Partage de documentation scientifique
– Développement de nouveaux formats de collaboration
Durée du protocole2 ans, renouvelable d’un commun accord
Portée stratégiqueDiplomatie académique, rayonnement Sud-Sud, positionnement du Maroc comme hub intellectuel africain

CASS : une extension du soft power chinois

Fondée en 1977, la Chinese Academy of Social Sciences est l’un des principaux instruments intellectuels de l’État chinois. Placée sous l’autorité directe du Conseil des Affaires d’État, elle regroupe aujourd’hui plus de 40 instituts de recherche, 26 think tanks affiliés, et supervise plus de 100 associations académiques nationales. Elle agit à la fois comme centre de production de la pensée stratégique, instance de formation idéologique, et plateforme de dialogue international, dans le cadre d’une diplomatie intellectuelle assumée par Pékin.

La CASS joue un rôle actif dans la mise en œuvre des priorités stratégiques chinoises, notamment à travers des programmes liés à l’Initiative “Belt and Road” ou au Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC). Elle est également à l’origine de la China-Africa Institute, interface de recherche et de formation hébergée à la fois à Pékin et au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba.

En Afrique, la CASS intervient comme vecteur d’influence douce, en nouant des partenariats avec des institutions locales, en organisant des cycles de formation à destination des fonctionnaires, et en promouvant une lecture chinoise du développement, souvent en opposition au modèle occidental.

Le PCNS, interface africaine dans l’architecture globale des think tanks

Think tank marocain positionné à l’interface des continents, le Policy Center for the New South occupe une place singulière dans le paysage intellectuel africain. En favorisant une approche Sud-Sud des politiques publiques, il a développé une expertise reconnue sur les questions géoéconomiques, les enjeux de gouvernance, et les transformations de l’Afrique contemporaine, tout en construisant un dense réseau de coopération avec des partenaires d’Amérique latine, d’Europe, d’Asie et désormais de Chine.

L’accord avec la CASS intervient dans un moment où le Maroc entend renforcer son positionnement en tant que plateforme régionale de production de savoir stratégique, en lien avec ses ambitions diplomatiques et économiques sur le continent.

Une convergence d’intérêts : diplomatie du savoir et reconfiguration géopolitique

Ce partenariat s’inscrit dans une dynamique de reconfiguration des alliances intellectuelles à l’échelle globale, marquée par une montée en puissance des institutions du Sud global et une volonté croissante de produire des lectures alternatives aux grilles d’analyse dominantes.

Pour la Chine, il s’agit d’ancrer ses récits et ses approches dans les sphères de pensée africaines, en s’appuyant sur des acteurs crédibles et reconnus, tels que le PCNS. Pour le Maroc, c’est l’opportunité de diversifier ses partenariats stratégiques et d’affirmer son rôle d’interlocuteur régional privilégié dans les échanges Afrique-Asie. Parmi ses collaborations notables :​

  • ISPI (Istituto per gli Studi di Politica Internazionale) : Le PCNS collabore avec l’ISPI, un think tank italien de renom, pour analyser les dynamiques géopolitiques en Méditerranée et en Afrique.​
  • Observer Research Foundation (ORF) : En partenariat avec l’ORF, basé en Inde, le PCNS explore les enjeux de sécurité et de développement en Asie et en Afrique.​

Fiche Synthèse – Chinese Academy of Social Sciences (CASS)

Statut et lien avec l’État chinois

  • Créée en 1977 sur décision de Deng Xiaoping, la CASS est une institution publique de rang ministériel, rattachée directement au Conseil des Affaires d’État.
  • Elle agit comme bras intellectuel du Parti Communiste Chinois (PCC) en matière de sciences sociales et de pensée marxiste.
  • Le président de la CASS est aussi secrétaire du Parti au sein de l’Académie, garantissant une parfaite conformité idéologique.
  • Entièrement financée par le gouvernement, la CASS est un instrument au service du pouvoir central, avec une mission explicite : soutenir les orientations du Parti, notamment via la diffusion du “Xi Jinping Thought”.

Réseaux de partenariats et diplomatie intellectuelle

  • En Chine, elle coopère avec les universités (Pékin, Renmin, Jiaotong…) et les académies régionales.
  • À l’international, elle pilote des alliances stratégiques avec des think tanks européens, russes, africains et asiatiques dans une logique de diplomatie d’influence (track 1.5).
  • Elle est au cœur de réseaux multilatéraux comme le Belt and Road Studies Network (BRI) ou le BRICS Think Tanks Council, diffusant la vision chinoise sur le développement et la gouvernance.

Relations avec les gouvernements africains

  • Opère le China-Africa Institute (CAI) depuis 2019, en partenariat avec l’Union africaine. Ce centre est basé à Pékin et Addis-Abeba.
  • A formé plus de 350 cadres politiques africains dans des programmes inspirés des méthodes de gouvernance chinoises (via écoles de service public au Kenya, Éthiopie, Afrique du Sud).
  • Participe aux forums FOCAC et co-produit des études sur le développement, la gouvernance et les projets BRI en Afrique.
  • A signé des MoU avec des gouvernements africains (Éthiopie, Zimbabwe) pour conseiller sur la politique économique et les politiques publiques.

Rôle stratégique

  • La CASS n’est ni neutre ni indépendante : c’est un outil idéologique et géopolitique du Parti.
  • Elle produit des connaissances utiles à la diplomatie et à la politique étrangère chinoises, tout en diffusant la pensée officielle à l’international.
  • Sa présence en Afrique renforce la stratégie d’influence de la Chine sur le continent, par le soft power académique et la formation des élites.

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