À un moment critique pour la diplomatie nucléaire iranienne, une explosion dévastatrice a ravagé le principal port commercial du sud du pays. Alors que les autorités cherchent à minimiser l’incident, les soupçons sur la présence de matériaux sensibles alimentent de nouvelles inquiétudes quant à la sécurité et à la transparence des infrastructures stratégiques iraniennes.
Avec AP
Une explosion d’une extrême violence suivie d’un incendie a secoué samedi le port de Shahid Rajaei, situé près de Bandar Abbas, dans le sud de l’Iran, causant la mort d’au moins 25 personnes et faisant près de 800 blessés, selon les médias d’État.
Le sinistre serait lié à une cargaison de produits chimiques utilisés dans la fabrication de carburants pour missiles. L’incendie a mobilisé pendant toute la nuit des hélicoptères et des avions, qui ont déversé de l’eau sur les flammes. Dimanche matin, les autorités iraniennes annonçaient avoir maîtrisé l’incendie, précisant que les activités portuaires avaient partiellement repris.

L’explosion est survenue alors que des représentants iraniens et américains se retrouvaient à Oman pour un troisième round de négociations sur le programme nucléaire iranien. Si aucune autorité iranienne n’a officiellement évoqué la thèse d’une attaque, le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi a admis que les services de sécurité du pays étaient en alerte en raison de risques de sabotage.
Selon AP, le port avait réceptionné en mars une cargaison d’ammonium perchlorate en provenance de Chine, un produit chimique utilisé pour fabriquer le propergol solide des missiles. L’incendie pourrait avoir été provoqué par une mauvaise manipulation de ce chargement. Téhéran a cependant nié toute importation de carburant militaire via le port, par la voix du général Reza Talaeinik, porte-parole du ministère de la Défense.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent un immense panache de fumée rougeâtre précédant la détonation, signe de la présence de composés chimiques, comme lors de l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Des témoins ont rapporté des scènes de panique, certains exhortant les conducteurs de camions à évacuer la zone juste avant la déflagration.
La télévision d’État a indiqué qu’un «stock de marchandises dangereuses» était à l’origine de l’explosion, sans donner plus de précisions. Plusieurs foyers d’incendie ont été observés sur les images aériennes du site. Les autorités ont mis en garde contre la pollution de l’air due à la libération de produits chimiques, notamment de l’ammoniac, du dioxyde de soufre et du dioxyde d’azote. Les écoles et bureaux de Bandar Abbas resteront fermés dimanche.

Le port de Shahid Rajaei, déjà visé par une cyberattaque attribuée à Israël en 2020, est un carrefour stratégique pour les cargaisons iraniennes, situé à environ 1 050 kilomètres au sud-est de Téhéran, sur le détroit d’Ormuz, par lequel transite 20 % du commerce mondial de pétrole.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé l’ouverture d’une enquête. Le président iranien Masoud Pezeshkian a exprimé ses condoléances aux victimes.