En visite à Tokyo, Mike Pompeo s’en prend directement à la Chine

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a violemment critiqué la Chine lors d'une journée d'échanges quadrilatéraux mardi à Tokyo avec ses homologues australien, indien et japonais visant à afficher symboliquement un front uni face au géant asiatique.

AFP

En matinée, M. Pompeo et la ministre australienne des Affaires étrangères Marise Payne ont fait état de leurs «inquiétudes partagées sur l'activité sournoise» de la Chine dans la région Indo-Pacifique, selon un communiqué du département d'Etat américain.

Le déplacement de M. Pompeo au Japon a été maintenu malgré la pandémie de coronavirus et la contamination du président Donald Trump et d'une partie de ses conseillers à la Maison Blanche.

En raison de cette situation, M. Pompeo a toutefois renoncé au dernier moment à deux escales supplémentaires, en Corée du Sud et en Mongolie.

Mais la réunion à Tokyo du "Quad" - groupement stratégique informel réunissant Etats-Unis, Australie, Inde et Japon - est restée à son ordre du jour.

Sa visite au Japon est aussi la première d'un haut responsable américain depuis la nomination mi-septembre du nouveau Premier ministre japonais Yoshihide Suga, lequel devait aussi rencontrer M. Pompeo mardi.

«Dans sa première déclaration après sa prise de fonction, M. Suga a décrit la région libre et ouverte de l'Indo-Pacifique comme le socle de la paix et de la stabilité régionales. Je suis entièrement d'accord», a déclaré mardi M. Pompeo.

«J'ajouterais seulement que la pierre angulaire de ce socle est la relation américano-japonaise, et la sécurité et la prospérité qu'elle a apportée à nos peuples», a-t-il ajouté avant une entrevue avec le ministre nippon des Affaires étrangères Toshimitsu Motegi.

La constitution du "Quad", formée pour la première fois en 2019 à New York, avait été fortement encouragée par l'ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe, dont M. Suga était un fidèle conseiller.

Mais la portée de ce groupement apparaît pour l'instant essentiellement symbolique.

Avant son départ pour Tokyo, M. Pompeo avait dit s'attendre à «quelques annonces importantes» à l'issue de ces échanges quadrilatéraux, mais il avait précisé qu'elles auraient lieu seulement après le retour des ministres dans leurs pays respectifs, après consultation de leurs dirigeants.

Cliques fermées

L'objectif des principales démocraties de la région est d'intensifier leur coopération face à une Chine de plus en plus puissante et ambitieuse.

M. Pompeo et l'administration Trump sont vent debout contre Pékin à la fois sur des enjeux de sécurité, de commerce et de technologies. Les relations de New Delhi et Sydney avec Pékin se sont aussi sévèrement dégradées ces derniers mois.

Pékin n'a pas caché son opinion sur le "Quad", le ministère chinois des Affaires étrangères ayant exhorté la semaine dernière les pays à éviter les «cliques fermées et exclusives».

«Nous espérons que les pays concernés pourront avancer à partir des intérêts communs des pays de la région et faire davantage de choses qui favorisent la paix, la stabilité et le développement de la région, et non l'inverse», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin.

Pour Tokyo, l'exercice ressemble davantage à un numéro d'équilibriste, M. Suga apparaissant soucieux de ménager la Chine, comme M. Abe avant lui.

Le Premier ministre japonais avait ainsi souligné lundi le caractère central de la relation Tokyo-Washington et son intention de promouvoir le "Quad", tout en construisant "des relations stables avec les pays voisins, y compris la Russie et la Chine".

M. Pompeo, M. Motegi, Mme Payne et le chef de la diplomatie indienne Subrahmanyam Jaishankar devaient aussi échanger mardi sur le coronavirus, la sécurité maritime et la cybersécurité, selon un diplomate japonais.

Il est question d'institutionnaliser la réunion du "Quad" sur une base annuelle.

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