Deux semaines après la visite controversée en Tunisie du prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salmane, le chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed, accompagné de plusieurs ministres, a effectué jeudi 13 décembre une visite officielle de trois jours en Arabie Saoudite à l’invitation de MBS.
C'est un accueil en grande pompe qui a été réservé à Youssef Chahed, reçu par le roi Salmane Ben Abdelaziz dans son palais d'Auja à Dariya dans les faubourgs nord-ouest de la capitale du royaume, Riyad.
خادم الحرمين الشريفين يستقبل رئيس الحكومة التونسية ويقيم مأدبة غداء تكريماً له.https://t.co/6scNjNRbDf#واس pic.twitter.com/lGEmY0gmLs
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خادم الحرمين الشريفين ورئيس الحكومة التونسية يحضران توقيع اتفاقيتين ومذكرة تفاهم بين المملكة وتونس.https://t.co/64ksZ8SWfj#واس pic.twitter.com/dAxIMi2sRO
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توقيع مذكرة تفاهم منحة المملكة لمشروع صيانة جامع الملك عبدالعزيز في العاصمة تونس، بين المملكة العربية السعودية والجمهورية التونسية.#واس pic.twitter.com/ttELOyaONI
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توقيع اتفاقية قرض مشروع التنمية الفلاحية المندمجة في جومين وغزالة وسجنان ( المرحلة الثانية) بين الصندوق السعودي للتنمية والجمهورية التونسية، واتفاقية قرض مشروع تحسين التزود بالماء الصالح للشرب بالوسط الريفي بولاية بنزرت بين الصندوق السعودي للتنمية والجمهورية التونسية.#واس pic.twitter.com/LdhKNu6boE
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Au cours de cette audience, le roi Salmane et le chef du gouvernement tunisien ont présidé une cérémonie de signature de conventions d’une valeur de 120 millions de dollars pour le financement de projets de développement agricole et d’approvisionnement en eau potable en milieu rural dans les zones de Joumine, Ghzela et Sejnane relevant de la province de Bizerte.
La visite de Youssef Chahed intervient en pleine crise politique en Tunisie et des tiraillements entre les principaux acteurs de l’échiquier. Crise qui a atteint son paroxysme avec le bras de fer opposant le chef du gouvernement et le président de la République Béji Caïd Essebsi et ce qui reste du parti qu’il a fondé Nidaa Tounes, dont la gestion calamiteuse de son fils Hafedh, a pratiquement conduit à son implosion.
Chahed, issu de la même formation politique, s’est rallié avec Ennahdha et s’apprête à lancer dans les semaines à venir son propre parti, probablement sur les décombres de Nidaa Tounes pour préparer les échéances électorales de 2019. Élections qui verront une nouvelle coalition au pouvoir, composée en particulier d’Ennahdha, du futur parti de Chahed, de la formation d’Al Moubadara de Kamel Morjane cousin du président déchu Ben Ali et ancien ministre des affaires étrangères, et d’autres cadres de l’ancien régime.
Force est de constater que plus on s’approche vers 2019, plus l’effervescence monte dans les rangs d’Ennahdha accusé non seulement d’assassinats politiques mais également de disposer d’un appareil sécuritaire parallèle, et d’avoir noyauté tous les rouages de l’Etat, illustré par le divorce entre Essebssi et Rached Ghannouchi.
Un climat marqué par la complotite et la paranoïa dont le dernier épisode est l’accusation et la plainte portée auprès du tribunal militaire de Tunis par le secrétaire général de Nidaa Touness contre Youssef Chahed et d’autres cadres «de préparer un coup d’Etat contre Essebsi. »
Le plaignant Riahi a déposé sa plainte avant de s’envoler en France puis en Angleterre où sa famille réside. Il avait promis de rentrer en Tunisie la semaine dernière mais n’a pas répondu à la convocation du juge. Du coup, l’affaire a été classée !
Il est à signaler que la Tunisie est devenue depuis l’éviction de Ben Ali, une véritable arène d’affrontements entre diverses forces et partis qui ne s’arrêtent pas de s’invectiver entre «les clans dits pro-saoudiens et émiratis d’une part et la formation d’Ennahada soutenue par le Qatar et la Turquie entre autres.»
Les médias tunisiens ont évoqué cette semaine une démarche entamée par l’émir du Qatar pour réconcilier Rached Ghannouchi et le fils du président, Hafedh Caïd Essebsi qui s’étaient rendus à Doha où ils ont rencontré séparément le prince Tamim Ben Hamad. Or, Ennahdha se sentant plus forte que jamais ne courbera pas l’échine.
Le seul perdant dans toute cette lutte pour le pouvoir est la Tunisie qui tourne en rond et un peuple épuisé qui a du mal à joindre les deux bouts.
Le climat social est à son comble et la météo politique annonce un hiver des plus chauds, et tous les yeux sont rivés sur ce que compte faire la puissante centrale syndicale UGTT.