Rabat, capitale de la régulation financière francophone

L’IFREFI à Rabat : Les marchés francophones à l’heure des infrastructures durables

Sous les ors de l’Université Mohammed VI Polytechnique, l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) a donné, ce lundi 30 juin, le coup d’envoi de la 23ᵉ session de l’Institut Francophone de la Régulation Financière (IFREFI), un aréopage discret mais décisif où se dessinent les futures normes des marchés de capitaux francophones. Au centre des discussions : le financement des infrastructures, érigé en nouvel Eldorado par les investisseurs institutionnels comme par les épargnants particuliers.

Quatre panels thématiques et plusieurs interventions de haut niveau ont ainsi permis d’explorer en profondeur les modèles de financement innovants, les leviers de mobilisation des marchés, la participation des investisseurs particuliers aux projets d’infrastructure, ainsi que le rôle des marchés de capitaux dans le financement d’investissements productifs et durables.

Quatre panels thématiques et plusieurs interventions de haut niveau ont permis d’explorer les modèles de financement innovants, les mécanismes de mobilisation des marchés, la participation des investisseurs particuliers aux projets d’infrastructure, ainsi que le rôle des marchés dans le financement d’investissements productifs et durables.

Dans ce cadre, M. Tarik Senhaji, Directeur Général de la Bourse de Casablanca, a apporté un éclairage précis sur le financement des infrastructures et des investissements productifs, en soulignant que la réorientation de l’épargne nationale vers des projets structurants constitue un levier essentiel pour bâtir les infrastructures de demain et fédérer les acteurs économiques autour d’une ambition commune.

Cette intervention s’est inscrite dans le panel consacré à la participation des particuliers au financement des infrastructures, aux côtés de personnalités de premier plan telles que :

  • Mme Marie-Anne Barbat-Layani, Présidente de l’Autorité des Marchés Financiers de France et Secrétaire de l’IFREFI,
  • M. Jean-Paul Servais, Président de l’Autorité belge des Services et Marchés Financiers, Président de l’IFREFI et Président du conseil d’administration de l’International Organization of Securities Commissions (IOSCO),
  • M. Younès Benjelloun, Directeur Général de CFG Bank.
Photo Panel 4
Marie-Anne Barbat-Layani, Présidente de l’AMF France | Younes Benjelloun, Directeur général de CFG Bank | Tarik Senhaji, Directeur Général de la Bourse de Casablanca | Jean-Paul Servais, Président de l’Autorité belge des Services et Marchés Financiers et Président de l’IFREFI
Financement des infrastructures : la clé d’un développement soutenable

Selon la Banque mondiale, les besoins mondiaux en infrastructures dans les pays émergents s’élèvent à environ 2 500 milliards de dollars par an d’ici 2030. Dans ce contexte, la conférence organisée à Rabat a montré que les marchés de capitaux constituent un levier stratégique pour combler le déficit de financement, en complément des ressources publiques et des financements bancaires traditionnels.

L’enjeu n’est pas seulement quantitatif : il s’agit de mobiliser des capitaux de long terme tout en respectant les critères de soutenabilité environnementale et sociale, condition sine qua non pour éviter les effets pervers des infrastructures « brunes » incompatibles avec les engagements climatiques.

Marchés de capitaux : vers une mobilisation accrue de l’épargne privée

Les interventions de M. Nasser Seddiqi, M. Jean-Paul Servais et Mme Marie-Anne Barbat-Layani convergent vers un constat partagé : il est impératif de mieux canaliser l’épargne privée, en particulier celle des ménages, vers les projets d’infrastructures productives et durables.

Nasser Seddiqi, Directeur du pôle Métier à l’AMMC, a souligné que des infrastructures modernes et durables représentent un levier stratégique pour les pays émergents, combinant les enjeux de croissance démographique, d’urbanisation rapide et de résilience climatique. Il a insisté sur le rôle clé des infrastructures pour soutenir le développement économique et accompagner les sociétés vers des modèles plus durables, capables de répondre aux défis actuels et futurs.

Marie-Anne Barbat-Layani, Présidente de l’AMF France, a mis en avant le projet européen d’Union de l’Épargne et de l’Investissement comme instrument clé pour orienter l’épargne abondante des ménages vers le financement des transitions écologique et numérique. Elle a rappelé que les besoins d’investissements sont immenses pour développer les infrastructures et soutenir le tissu productif, et que la mobilisation efficace des marchés de capitaux constitue le grand projet financier de notre génération, dans la continuité des avancées réalisées avec l’Euro.

Harmonisation réglementaire : un impératif pour l’efficacité des flux transfrontaliers

Jean-Paul Servais, Président de l’Autorité belge des Services et Marchés Financiers et Président de l’IFREFI, a souligné l’importance de la coopération internationale et de l’établissement de standards communs (OICV/IOSCO) pour réduire la fragmentation réglementaire. En effet, des divergences entre juridictions peuvent freiner l’investissement transfrontalier et augmenter le coût du capital, pénalisant in fine le financement des infrastructures.

L’IFREFI, par son rôle fédérateur, apparaît comme un instrument essentiel de convergence réglementaire au sein de l’espace francophone.

JP Servais President IFREFI
Jean-Paul Servais, Président de l’Autorité belge des Services et Marchés Financiers et Président de l’IFREFI
Perspectives et recommandations
  • Développer les instruments financiers adaptés, tels que des obligations vertes ou sociales, fonds d’infrastructures et véhicules de titrisation, pour drainer l’épargne vers les projets structurants.
  • Renforcer l’éducation financière, afin d’accroître la participation des investisseurs particuliers, souvent sous-représentés dans les financements de long terme.
  • Poursuivre l’harmonisation des cadres réglementaires francophones, pour favoriser la liquidité et l’efficacité des marchés de capitaux.
  • Promouvoir l’innovation financière responsable, notamment via la digitalisation des marchés et l’adoption de solutions fintech pour démocratiser l’accès aux produits d’investissement.

AMMC : affirmation d’un leadership régional et engagement pour la durabilité

Avec l’organisation de cette 23ᵉ session, l’AMMC démontre sa capacité à assumer un leadership régional en matière de régulation financière. Cet engagement s’inscrit dans la continuité des ambitions du Royaume de se positionner comme plateforme financière africaine de référence, en cohérence avec la Vision Royale de faire du Maroc un acteur de développement et de coopération Sud-Sud.

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