Donald Trump a dit jeudi envisager des taxes punitives contre Pékin après avoir acquis la certitude que le nouveau coronavirus proviendrait d'un laboratoire chinois, menaçant d'ajouter une crise diplomatique à une catastrophe sanitaire et économique mondiale.
Sans détailler les éléments dont il disposerait, le président américain a répondu «oui» à un journaliste à la Maison Blanche qui lui demandait: «Avez-vous vu jusqu'ici des choses qui vous permettent de croire sérieusement que l'Institut de virologie de Wuhan est à l'origine» de la pandémie?
Donald Trump a ensuite avancé l'idée d'imposer des «taxes douanières» en rétorsion, après avoir ces dernières semaines accusé Pékin de dissimulation de données cruciales sur l'épidémie. Trump veut lever 1 trillion $ de ces sanctions.
L'ampleur du désastre social et financier provoqué par le nouveau coronavirus s'est par ailleurs confirmée jeudi aux Etats-Unis et en Europe, où l'on s'engage progressivement, malgré le risque sanitaire, vers un déconfinement très attendu.
Les statistiques maussades s'enchaînent pour la première économie mondiale. Après avoir annoncé mercredi un net recul de leur PIB au premier trimestre, les Etats-Unis continuent de voir leur nombre de chômeurs exploser.
Plus de 30 millions d'Américains au total ont fait une demande d'allocation depuis la mi-mars et le début de la crise du Covid-19 dans le pays, qui n'a de toute son histoire jamais indemnisé autant de personnes sans emploi.
De l'autre côté de l'Atlantique, une litanie de chiffres est également venue confirmer jeudi les plus sombres prévisions en Europe, dont les principales places boursières ont terminé dans le rouge.
La France a annoncé un effondrement de 5,8% de son PIB au premier trimestre, l'Espagne de 5,2%, l'Italie de 4,7%, et l'Allemagne un bond de 13,2% du nombre des chômeurs. A l'échelle de la zone euro, l'activité a chuté de 3,8%, selon l'institut Eurostat, qui prévient que le deuxième trimestre s'annonce encore pire.
Le bilan humain de la pandémie est tout aussi morose. Elle a fait à ce jour au moins 230.000 morts dans le monde depuis l'apparition du nouveau coronavirus en Chine en décembre, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles.
Les Etats-Unis sont de loin le pays le plus touché, avec plus d'un million de cas recensés et près de 62.000 décès. Mais l'Europe a payé le plus lourd tribut à la maladie, avec 27.967 morts en Italie, 26.711 au Royaume-Uni, 24.543 en Espagne et 24.376 en France.
Londres a passé le pic
Le Vieux Continent s'achemine pourtant vers un déconfinement par étapes, avec l'Allemagne en tête de pont.
Fort de son succès dans la lutte contre la pandémie, qui permet «d'assouplir progressivement» les restrictions, le gouvernement allemand a adopté un catalogue de nouvelles mesures vers la levée du confinement.
Sous condition de garantir les habituelles «mesures barrières» et de distanciation, églises et mosquées vont pouvoir rouvrir leurs portes, de même que les musées, salles d'exposition, zoos et mémoriaux.
Cafés et restaurants restent néanmoins fermés, au moins jusqu'au 6 mai, et la chancelière allemande Angela Merkel a indiqué que la question d'une ouverture des frontières avec les pays européens n'était "pas au programme" pour le moment, en raison des risques persistants d'une recrudescence de la contamination.
Le Royaume-Uni, deuxième pays le plus touché par le virus en Europe avec désormais 26.711 morts, a passé le pic de l'épidémie, a affirmé jeudi le Premier ministre Boris Johnson. «Nous sommes sur une pente descendante», a-t-il assuré lors de sa première conférence de presse depuis son rétablissement du Covid-19.
Accusé d'avoir tardé à prendre la mesure de la pandémie et à instaurer le confinement, le dirigeant conservateur, sous pression désormais pour programmer le déconfinement, a comparé la situation au passage d'un «énorme tunnel des Alpes», et promis de dévoiler une «feuille de route» la semaine prochaine.
Prudence en Italie
Un temps épicentre de la pandémie, l'Italie a annoncé jeudi son intention de rouvrir la semaine prochaine deux aéroports importants. Mais son Premier ministre Giuseppe Conte a appelé à la prudence afin que "tous les efforts accomplis ne l'aient pas été en vain".
Les dirigeants européens doivent garder un oeil envieux sur la situation en Corée du Sud, qui n'a enregistré aucun nouveau cas de coronavirus pour la première fois depuis que la maladie est apparue dans le pays il y a plus de deux mois.
D'autres régions d'Asie, notamment Hong Kong et Taïwan, semblent également être en passe de maîtriser l'épidémie, dont l'origine exacte continue d'interroger.
La Russie trinque
Longtemps épargnée, la Russie a accumulé les mauvaises nouvelles. Son Premier ministre Mikhaïl Michoustine a annoncé jeudi à la télévision avoir été testé positif au virus. Le pays a officiellement passé la barre des 1.000 morts, pour un record de plus 106.000 contaminations, en majorité à Moscou, dans sa région et à Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays. Avec en plus une résurgence de l'alcoolisme.
D'après le décompte de l'AFP, ces chiffres placent la Russie au 8e rang des pays comptant le plus de contaminations, devant la Chine, où avait commencé l'épidémie, et l'Iran.
Dans un monde pressé de pouvoir compter sur un remède efficace, les Instituts de santé américains (NIH) ont fait souffler un vent d'espoir en annonçant que le médicament expérimental remdesivir du laboratoire Gilead avait accéléré le rétablissement de malades, à défaut de faire baisser la mortalité.
Il existe actuellement une centaine de projets de vaccins anti-Covid-19, dont une dizaine en phase d'essais cliniques, selon la London School of Hygiene & Tropical Medicine.
Pendant la pandémie, les affaires continuent néanmoins pour certains.
Interpol a lancé l'alerte jeudi sur un nouveau mode opératoire des trafiquants qui utilisent des services de livraison à domicile de pizzas et autres denrées pour transporter cocaïne, marijuana, kétamine et ecstasy dans un nombre croissant de pays soumis au confinement: c'est le cas notamment en Espagne, Irlande, Malaisie, et au Royaume-Uni.