Iran : Démonstration de force et sévère mise en garde contre l’Arabie saoudite et le Pakistan

Les forces navales iraniennes ont entamé ce vendredi un exercice de grande envergure de trois jours, baptisé "Velayat 97", dans les eaux troubles du Golfe et la mer d'Oman. Ces manoeuvres ont lieu dans une zone de deux millions de kilomètres carrés, en allant du détroit d'Ormuz au niveau des côtes sud-est de Makran, en passant par la mer d'Oman jusqu’au parties septentrionales de l'océan Indien. Véritable poudrière avec plusieurs acteurs détenant mèches et allumettes, la région du Golfe risque l'embrasement à tout moment.

Cet exercice de guerre et de démonstration de force se compose de quatre phases distinctes : défilés navals, simulation d’une véritable guerre navale, offensive maritime et terrestre permettant de reconquérir les territoires occupés par l’ennemi et affichage de la puissance de la Marine par le lancement de divers types de missiles et de torpilles.


Selon le commandant de la marine iranienne, l'amiral Hossein Khanzadi, c’est la première fois que la marine de son pays dirigera des drones de patrouille, de reconnaissance et de bombardiers pendant l'exercice. Les sous-marins lanceront des missiles dans l’exercice pour la première fois, et des hélicoptères anti-sous-marins atterriront et décolleront également du pont du destroyer Sahand, a rapporté l’agence de presse Tasnim.


Les tactiques de guerre électronique et de transmission de données électroniques depuis la rive font également partie des autres éléments de l'exercice.

Par ailleurs, et dans le bras de fer opposant américains et iraniens sur fond de guerre psychologique, le général de brigade Amir Ali Hajizadeh, commandant du corps des gardes de la révolution islamique, a révélé jeudi que des drones américains, qui survolent en permanence la Syrie et l'Irak, étaient sous le contrôle de l'IRGC (gardiens de la révolution) et que des renseignements de première main ont été récupérés par ses forces après une incursion électronique au sein du système du commandement américain, selon Faresnews qui rapporte l’information en exclusivité.

Plusieurs fronts à la fois : USA, Israël, Pakistan, Arabie saoudite

Après les Etats-Unis et Israël, le torchon brûle aussi entre l’Iran et ses voisins. Ainsi, la tension est à son paroxysme avec l’Arabie saoudite et le Pakistan, notamment suite à l’attentat suicide à la voiture piégée perpétré le 13 février courant contre un bus transportant des membres du corps d’élite des gardiens de la révolution sur route entre les localités de Khash et Zahedan dans la province du Sistan- Balouchistan, frontalière du Pakistan et de l’Afghanistan.

L’attentat, qui a été revendiqué par l’organisation rebelle iranienne sunnite Jaïch al-Adel, a fait pas moins de 27 morts dans les rangs des gardiens de la révolution.

Depuis, Téhéran qui menace vengeance, ne décolère pas pointant du doigt aussi bien Riyadh qu’Islamabad : les premiers accusés de financer, et les seconds de former des combattants. Les autorités iraniennes ont affirmé avoir déjà arrêté jeudi huit personnes dont une femme liées à l’attaque et mis la main sur 750 kilogrammes d’explosifs selon l’agence de presse Faresnews.

Par ailleurs, les médias iraniens ont rapporté jeudi que le Commandant de la Force Al-Qods relevant des gardiens de la révolution, le général Qassem Soleimani, a mis le Pakistan en garde de ne pas se laisser influencer par les pétrodollars saoudiens et de devenir un centre «agaçant» pour l'Iran, l'Inde et l'Afghanistan, allusion faite à la visite en début de semaine au Pakistan du prince héritier saoudien MBS et sa promesse d’investissement de 20 milliards de dollars en plus d’une aide financière de l’ordre de 6 milliards supplémentaires.

« Chaque année, des dizaines d'attaques terroristes en Iran sont perpétrées par des groupes terroristes en poste au Pakistan. Ils tuent notre peuple. Maintenant, au lieu de présenter nos condoléances à notre peuple, il est préférable que le gouvernement pakistanais prenne des mesures concrètes pour éliminer les groupes terroristes » a martelé le général Souleimani qui souligné que le gouvernement et l’armée pakistanais ne devraient pas permettre au gouvernement saoudien de créer des tensions entre Islamabad et ses voisins en injectant d’énormes sommes dans l’économie pakistanaise. Ajoutant que le Pakistan ne devrait pas être transformé en une source de troubles pour les États de la région tels que l'Iran, l'Inde et l'Afghanistan. « L'objectif principal de la tension régionale est de détruire et de diviser le Pakistan. »

Le général Souleimani a rappelé que l'Iran ne menacerait pas le Pakistan mais se vengerait des mercenaires «Takfir » et que son pays était prêt à soutenir le Pakistan dans la lutte contre le terrorisme, mais la question principale était de savoir dans quelle direction voulait vraiment se diriger le gouvernement pakistanais, taclant au passage l’influence grandissante de l’Arabie saoudite et de Washington sur le pouvoir pakistanais.

La réaction du Pakistan n’a pas tardé. Citant ce vendredi la chaîne pakistanaise Dunya TV, le site The Iran Project rapporte que le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mahmood Qureshi, a déclaré qu'Islamabad coopérera avec Téhéran à la suite du récent attentat.

Shah Mahmood Qureshi a déclaré: «Nous avons fermement condamné l’attaque terroriste perpétrée en Iran et nous sommes en contact avec l’Iran à ce sujet». Il a ajouté avoir eu une discussion téléphonique détaillée avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, et également envoyé une délégation d'experts en Iran, qui a également rencontré les dirigeants du Corps de la Garde de la révolution islamique. Il a précisé que l’Iran et le Pakistan avaient convenu de coopérer et qu’ils répondraient aux préoccupations iraniennes et élimineraient tous les points de discorde.

Noureddine Boughanmi, journaliste polyglotte avec plus de trois décennies d'expérience dans différents supports marocains et étrangers. Passionné de littérature, d'actualité et d'art, il a interviewé, en français, en anglais et en arabe des dizaines d'acteurs politiques de renommée mondiale. Durant les années 1980 et 1990 il a roulé sa bosse entre la Tunisie, la France, l'Indonésie, l'Afrique du Sud avant de s'installer définitivement au Maroc

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