La Tunisie, nouveau PC avancé des USA en Afrique du nord et Sahel

En milieu de semaine, s’est tenue à Tunis une importante rencontre qui a réuni l’Etat-major des Forces américaines en Afrique et les responsables du renseignement militaire de 13 pays d’Afrique du nord, du Sahel et d’Afrique occidentale. Cette réunion intervient au lendemain de l’annonce par certains hauts responsables du Pentagone de l’intention des Etats-Unis d’Amérique de retirer leurs troupes d’élite du continent, notamment les commandos et les unités antiterroristes d’élite de l’US Army stationnés au Niger, et de fermer la plupart des bases militaires opérationnelles pour les redéployer dans d’autres zones sensibles du continent le cadre d’un changement de stratégie de Washington, allant de la lutte contre les insurgés à la lutte potentielle à grande échelle. Et tout retrait d’Afrique des troupes d’élite américaines, notamment celles œuvrant dans la lutte anti-terroriste, constituerait un signal négatif à l’adresse de Paris et à l’ensemble des pays de la région du Sahel et d’Afrique du nord, du Sénégal jusqu’à la Libye, en passant par la Mauritanie et le Niger. Avec les prémisses d’une proche fin de guerre en Syrie et la bataille décisive en cours dans le dernier bastion de résistance de Daech à Idlib, le Sahel risque de se transformer en un nouveau terrain de jeu de l’Etat islamique. Et le choix de la Tunisie comme nouveau PC avancé de l’AFRICOM n’est pas inopportun.

Le séminaire régional sur le renseignement militaire pour les pays d'Afrique du Nord, de l'Ouest et du Sahel, tenu en cours de semaine à Tunis, reflète l’importance géopolitique qu’acquiert de plus en plus la Tunisie dans l’écosystème de défense des Etats-Unis. La position géostratégique du pays sur la rive sud de la méditerranée, en face du commandement de la VIe Flotte américaine en Italie, à cheval entre l’Algérie et la Libye, et à équidistance entre le flanc atlantique du monde arabe et son flanc proche-oriental, fait de la Tunisie une réelle plateforme de conjonction du renseignement sub-régional. D’où l’intérêt croissant de Washington pour ce pays qui bénéficie d’un statut de partenaire-clé de l’OTAN depuis sa désignation par les Etats-Unis comme «allié majeur non-membre» de l’Alliance atlantique.

Aux côtés de l'ambassadeur US à Tunis, Daniel Rubinstein, le ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi, préside la conférence régionale du renseignement militaire des pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest

Ce rapprochement stratégique entre les Etats-Unis et la Tunisie fait grincer des dents en France. En effet, Paris, qui milite pour une défense européenne moins dépendante des Etats-Unis, ne voit pas d’un bon œil ce symposium organisé par l’AFRICOM, qui concrétise sur le terrain la confiance mutuelle entre la Tunisie et les Etats-Unis.

Car la réunion, présidée par le patron du commandement militaire américain pour l'Afrique, le Général Thomas Waldhauser et le ministre tunisien de la défense, en présence de l’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie, Daniel Rubinstein, a connu la confirmation et l’engagement des 13 pays participant au séminaire, à développer un niveau qualitatif sans précédent de la coopération militaire et en particulier dans le domaine du renseignement militaire, en vue de la valorisation de l'interaction et de l’interopérabilité des service de renseignement pour la sécurité de l'Afrique du Nord et de l'Ouest et de leur stabilité, dans le cadre des espaces de coopération Sud-Sud en partenariat avec Washington.

La dégradation de la situation politique et sociale du pays, la baisse du pouvoir d’achat et la nouvelle politique de privatisation, ont fait réagir l’imposante centrale syndicale tunisienne, l’UGTT, qui menace de paralyser le pays par deux mouvements de grève générale, les 24 octobre et 22 novembre. Mais Washington, dont la forte présence en Tunisie fait de cette dernière sa nouvelle plateforme régionale de défense et de renseignement, ne permettra pas une déstabilisation du pays comme cela s’est passé en Libye. Les Etats-Unis ne veulent pas voire se rééditer le scénario libyen dans une région déjà sujette au chaos total. Et les deux principaux défis sont la lutte contre le terrorisme et la sécurité des frontières. Et en faisant de la Tunisie son poste de commandement avancé dans la région, l’AFRICOM se porte désormais garant de ce pays qui se veut être, aux côtés du Maroc, le modèle régional de démocratie et de stabilité.

Et si Tunis a toujours nié la présence physique de troupes étrangères sur son sol, un récent rapport en revanche, publié par la plateforme des vétérans américains, Task & Purpose, et citant des officiels du Pentagone, confirme l’intervention de «bérets verts» relevant des Marines sur plusieurs fronts, aux côtés des forces tunisiennes, dans diverses batailles contre des cellules d’Aqmi. Non seulement les interventions ont impliqué des troupes au sol mais également des unités aéroportées, si l’on en croit le rapport de l’association des anciens combattants américains.

L’intérêt américain pour le pays s’est accru depuis 2014, date à partir de laquelle la Tunisie a commencé à bénéficier du plus gros lot de l’aide militaire américaine parmi les pays du Maghreb, sans oublier la présence accrue des conseillers militaires US qui fournissent une assistance technique et opérationnelle aux forces armées tunisiennes.

2 Comments Leave a Reply

  1. Bourguiba nous l’avais déja dis. Si le pays est en danger de mort, n’hésitez pas à demander l’aide de nos alliers. Je ne voit pas de probleme à cette présence militaire US en tunisie du moment que l’armée tunisienne est en parfait accord avec cela. La Tunisie a depuis bourguiba choisit le camp de l’occident et du libéralisme.

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