Le mariage de Carlos Ghosn au Château de Versailles, sous la loupe de la justice française

Après Nissan c’est autour de Renault de mener des enquêtes sur l'utilisation des actifs de l'entreprise par l’ancien président du groupe, Carlos Ghosn. Une première affaire émerge de cette enquête : il s’agit de l'utilisation d’un contrat de sponsoring entre la marque au losange et le château de Versailles. Ghosn y avait célébré son mariage ainsi que l'anniversaire de sa femme, sans payer pour autant les frais. Alerté par son avocat, Ghosn s’est proposé de payer la somme dûe pour se prémunir contre d’autres poursuites.

Carlos Ghosn a proposé de rembourser au Château de Versailles l’intégralité des coûts liés à la célébration de son mariage et de l’anniversaire de sa femme dans les jardins du somptueux Palais. Une proposition qui survient moins de 24 heures après les révélations faisant état de la demande de Renault aux autorités judiciaires françaises d’enquêter sur les antécédents financiers de l’événement.

Le géant français de l’automobile cherche à savoir si l’utilisation de Versailles par Ghosn pour cet événement somptueux constituait un abus du parrainage d’entreprise et un «avantage personnel» pour son ancien président.

L’enquête de Renault porte sur un contrat de sponsoring de 2,3 millions d’euros, négocié avec le Château de Versailles, aux termes duquel le constructeur automobile avait droit à des avantages comprenant diverses possibilités d’utiliser le Château pour ses propres événements.

Dans un communiqué, Renault a indiqué jeudi que, selon son enquête, une "contribution personnelle" de 50 000 euros au titre de cet accord de sponsoring avait été attribuée au "bénéfice personnel" de Carlos Ghosn, ajoutant que le groupe avait alors décidé de porter ces faits à l'attention des autorités judiciaires.

L’avocat français du président déchu de Renault, Jean-Yves Le Borgne, a publié peu après une déclaration dans laquelle il déclarait: «Carlos Ghosn a payé l’ensemble des frais de son mariage. L’espace événementiel de Versailles lui a été mis à disposition gratuitement, et M. Ghosn n’était pas au courant que l’utilisation de cet espace serait imputée à l’usage alloué de Renault. »

Les soupçons de Renault concernant le mariage de Carlos Ghosn sont les premiers à émerger de la vaste enquête de la société française sur son ancien patron, enquête qui fait écho à une enquête beaucoup plus approfondie de Nissan sur les affaires financières de M. son ancien président, aujourd’hui incarcéré au Japon en attendant son procès..

Pourquoi Versailles ? « C’est simple, quand vous invitez des gens à une soirée, ils vous répondent oui peut-être, avait l’habitude de plaisanter Carlos Ghosn quand on lui posait cette question. Quand vous les invitez à Versailles, vous êtes certains qu’ils viendront ! » Le patron avait vu les choses en grand pour ses 120 invités. Le film « Marie-Antoinette » de Sofia Coppola aurait servi de modèle à l’organisation de la soirée et des dizaines de figurants en costumes du XVIIIe avaient été engagés. « On voulait que nos invités se sentent comme chez nous », avait confié Carole Ghosn. Le « chez nous » étant… le Grand Trianon, rapporte le Parisien.

Carlos Ghosn, qui a été inculpé par les procureurs japonais pour avoir sous-estimé son salaire et qui approche de son quatrième mois d'emprisonnement au centre de détention de Tokyo, a fait cette offre vendredi matin par l'intermédiaire de son avocat français.

Il a continué à clamer son innocence mais, selon les experts juridiques, la justice japonaise risque probablement de prolonger sa détention.

Bien que Nissan et Renault soient tous deux d'accord pour mener des enquêtes sur l'utilisation des actifs de l'entreprise par Carlos Ghosn, les relations entre les deux partenaires de l'alliance montrent clairement des signes d'usure sous la pression de l'arrestation de leur ancien dirigeant en novembre.

Un échange de lettres juridiques très vif, rapporté par le Financial Times, laisse présager un désaccord grandissant entre Nissan et Renault concernant la remise des enquêtes sur Carlos Ghosn et le degré de transparence approprié entre les deux sociétés.

Dans une lettre, Renault accuse Nissan de «déclarations vagues et unilatérales» au sujet de certaines allégations et s’interroge sur l’attachement de la société japonaise à une alliance...qui commençait à montrer des signes de tension bien avant l’arrestation de Ghosn.

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