Menaces de Donald Trump contre le Nigeria : contexte, déclarations et réactions

Le 31 octobre 2025, Trump a franchi un cap en désignant le Nigeria comme « pays de préoccupation particulière » (Country of Particular Concern, CPC), une mesure du Département d’État américain pour les États violant gravement la liberté religieuse.

Dans un post sur Truth Social, il a déclaré : « Le christianisme fait face à une menace existentielle au Nigeria […] Des milliers de chrétiens sont tués par des islamistes radicaux. Quelque chose doit être fait. ». Le 1er novembre, les menaces se sont durcies. Trump a annoncé avoir ordonné au Pentagone (qu’il a rebaptisé « Département de la Guerre » dans un geste provocateur) de préparer une « action possible », incluant :

  • Coupure immédiate de l’aide américaine : Le Nigeria reçoit environ 500 millions de dollars par an en aide (santé, sécurité, développement), ce qui pourrait aggraver la crise humanitaire.
  • Intervention militaire « guns-a-blazing » : « Si le gouvernement nigérian continue d’autoriser le meurtre de chrétiens, les États-Unis entreront dans ce pays discrédité, “fusils à la main”, pour anéantir complètement les terroristes islamiques qui commettent ces atrocités horribles. Si nous attaquons, ce sera rapide, vicieux et doux, comme les thugs terroristes attaquent nos chers chrétiens ! ».

Le 2 novembre, lors d’une interview, Trump n’a pas exclu des « bottes sur le terrain » (troupes au sol), bien que des analystes doutent de la faisabilité logistique, citant le retrait du Niger et la dispersion des groupes armés. Ces déclarations, influencées par le sénateur républicain Ted Cruz, visent à cibler les militants islamistes, mais risquent d’être perçues comme une ingérence dans les affaires internes.

Ces menaces illustrent la realpolitik trumpienne : « America First » rime ici avec défense des chrétiens persécutés, un thème porteur électoralement, mais risqué géopolitiquement.

Une intervention pourrait compliquer la coopération antiterroriste (le Nigeria est un pilier de la Force multinationale mixte du Lac Tchad) et attiser les tensions interconfessionnelles. Des experts estiment que des frappes aériennes ciblées sont plus probables que des troupes au sol, mais toute action unilatérale violerait les normes de l’ONU et de l’UA

Réactions : de la colère Nigériane à la solidarité panafricaine

Le président Tinubu a réagi immédiatement le 1er novembre : « Le Nigeria rejette toute forme de persécution religieuse. Notre Constitution garantit la liberté de culte pour tous. » Il a qualifié les accusations de « caricature » ne reflétant pas la réalité nationale.

Le vice-président du Sénat, Barau Jibrin, a exigé des excuses de Trump, tandis que le nouveau chef d’état-major de l’armée, le lieutenant-général Waidi Shaibu, a promis d’intensifier les opérations contre les militants. À Lagos et Abuja, la confusion et la peur règnent : les journaux titrent sur une « menace impérialiste », et les réseaux sociaux bruissent de débats entre ceux qui voient en Trump un allié contre le terrorisme et ceux qui y décelent du néocolonialisme.

L’Union africaine réaffirme son soutien à la souveraineté et à l’État de droit au Nigeria

La Commission de l’Union africaine (CUA) a publié, vendredi, un communiqué dans lequel elle réaffirme son engagement «indéfectible» envers les principes de souveraineté, de non-ingérence, de liberté religieuse et d’État de droit, tels qu’énoncés dans l’Acte constitutif de l’Union africaine et les instruments qui en découlent.

La CUA fait part de sa préoccupation concernant les récentes déclarations des États-Unis accusant le gouvernement du Nigeria d’être complice de violences ciblant des chrétiens et évoquant une possible action militaire.

Le communiqué rappelle plusieurs points essentiels :

  1. Le Nigeria, membre clé de l’Union africaine La CUA souligne que la République fédérale du Nigeria est un membre de longue date et un partenaire essentiel de l’Union, jouant un rôle central dans la stabilité régionale, la lutte contre le terrorisme, les opérations de maintien de la paix et l’intégration continentale.
  2. Respect de la souveraineté nationale La Commission réaffirme le droit souverain du Nigeria à gérer ses affaires internes, y compris celles relatives à la sécurité, à la liberté religieuse et aux droits humains, dans le respect de sa Constitution et de ses obligations internationales. Toute coopération extérieure, insiste-t-elle, doit s’inscrire dans le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’unité du pays.
  3. Garantie de la liberté de religion L’Union africaine prend note des déclarations répétées du gouvernement nigérian affirmant que sa Constitution garantit la liberté de religion et de croyance, et que toute forme de persécution religieuse est rejetée.
  4. Appel à la coopération régionale et internationale Reconnaissant la complexité des défis sécuritaires auxquels le Nigeria est confronté — extrémisme violent, banditisme, violences communautaires et conflits liés aux ressources —, la CUA appelle à une coopération accrue, à la fois régionale et internationale, pour renforcer les capacités de réponse, protéger les citoyens, défendre les droits humains et traduire les auteurs de violences en justice.
  5. Refus de la politisation du facteur religieux La Commission rejette toute tentative d’instrumentalisation de la religion ou de simplification excessive des crises sécuritaires, estimant qu’une telle approche risque d’entraver les solutions durables et de déstabiliser les communautés.
  6. Appel au dialogue avec les partenaires extérieurs Enfin, la CUA invite les partenaires extérieurs, dont les États-Unis, à privilégier la voie du dialogue diplomatique, du partage d’informations et du renforcement des capacités, dans le respect de la souveraineté nigériane, plutôt que de recourir à des menaces unilatérales d’intervention militaire, susceptibles de compromettre la stabilité régionale et les normes africaines en matière de gestion pacifique des conflits.

En conclusion, la Commission de l’Union africaine réaffirme sa disponibilité à soutenir ses États membres dans la promotion de la paix, de la sécurité, des droits humains et du développement, tout en maintenant les principes fondamentaux de souveraineté et de non-ingérence.

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