A la veille de la visite d'Etat du président Xi Jinping à Moscou, neuf ressortissants chinois ont été assassinés dans une mine d'or en Centrafrique. Après l'affaire du mandat d'arrêt de la CPI, serait-ce une tentative de sabotage de ladite visite au vue de la forte présence des milices de Wagner dans ce pays africain ?
Le 19 mars, heure de Pékin, une attaque armée contre une entreprise privée chinoise en République centrafricaine a fait neuf morts et deux blessés graves, tous des ressortissants chinois. Peu avant d'atterrir à Moscou lundi, le dirigeant chinois, Xi Jinping, a tenu à condamner l'attaque.
Selon le communiqué du ministère des affaires étrangères chinois, Jinping a « personnellement donné des instructions pour que tout soit mis en œuvre pour sauver la vie des blessés. Il s'est engagé également de prendre, en temps voulu, les dispositions appropriées pour faire face aux conséquences de l'attaque, afin que les auteurs soient traduits en justice et pour assurer la sécurité des ressortissants chinois».
Le communiqué précise que le ministère des affaires étrangères s'est empressé d'agir sur instruction du président Xi Jinping :
- Nous avons immédiatement activé le mécanisme d'intervention consulaire d'urgence et mis en place des équipes en service 24 heures sur 24.
- Une représentation diplomatique a été faite auprès de l'ambassade de la République centrafricaine en Chine.
- Notre ambassadeur en République centrafricaine a évoqué l'incident avec la partie centrafricaine, l'exhortant à agir.
- Un groupe de travail de l'ambassade s'est précipité sur le site pour coordonner la réponse à l'attaque.
L'ensemble de la République centrafricaine, à l'exception de sa capitale Bangui, est classé rouge (c'est-à-dire extrêmement élevé) en termes de risques sécuritaires, souligne le communiqué.
Au cours des derniers mois, précise la même source, le ministère des affaires étrangères chinois a émis plusieurs alertes de sécurité et a exhorté les ressortissants et les entreprises chinoises à quitter les zones à haut risque le plus rapidement possible et à se mettre en sécurité.
«Une fois de plus, nous demandons instamment à nos compatriotes chinois qui se trouvent actuellement à l'étranger de se tenir informés des dernières alertes de sécurité du ministère des affaires étrangères, de prendre ces alertes très au sérieux et de cesser de se rendre dans les zones à risque. Ceux qui s'y trouvent déjà doivent partir immédiatement» a mis en garde le communiqué de la diplomatie chinoise.
Un sabotage occidental, ou une pression russe ?
Au moins un responsable local a accusé le groupe rebelle C.P.C d'être à l'origine de ces meurtres, qui se sont produits tôt dimanche, lorsque des assaillants masqués ont attaqué un site minier exploité par une société chinoise.
Toutefois, le New York Times affirme que la Coalition des patriotes pour le changement, ou C.P.C., une alliance de groupes rebelles qui tentent de chasser le président pro-Kremlin, Faustin-Archange Touadéra, a nié toute implication et a plutôt blâmé Wagner, la force de combat fondée par un oligarque proche du président russe Vladimir Poutine, qui se bat également en Ukraine.
Le célèbre journal américain rapporte les déclarations de deux responsables occidentaux basés à Bangui qui affirment que «si les meurtres pouvaient avoir été perpétrés par des rebelles, il était également probable que des agents de Wagner en soient à l'origine».
Les mercenaires russes opèrent depuis 2018 en République centrafricaine, l'un des pays les plus pauvres du monde malgré ses vastes réserves d'or et de diamants, qui est en proie à un conflit interne amer depuis 2013. Les agents de Wagner ont aidé l'armée centrafricaine à reprendre le contrôle de la majeure partie du pays, non sans abus contre les civiles.
Le New York Times affirme que les responsables occidentaux suscités, se sont exprimés sous le couvert de l'anonymat car ils n'étaient pas autorisés à donner des interviews. Ils ont déclaré que les agents du groupe Wagner avaient ramené les corps des neuf ressortissants chinois à Bangui. Les neuf hommes ont été abattus à bout portant, ce qui, selon les responsables, ne correspond pas aux méthodes employées par les groupes rebelles.
Les sources du journal américain ont défendu les rebelles centrafricains : «Le C.P.C. avait enlevé au moins un ressortissant chinois pour obtenir de l'argent au cours de l'année écoulée. Ils demandent des rançons et le gouvernement chinois paie. Mais ils ne tuent pas.»
La France pointée aussi du doigt
Par ailleurs, le vice-président de l'assemblée nationale de la République centrafricaine, Evariste Ngamana, a accusé des «mercenaires étrangers» affiliés à des puissances qui «pendant des siècles ont exercé la violence dans notre pays» d'être à l'origine de l'assassinat. L'homme politique faisait référence à la France, l'ancienne puissance coloniale qui, jusqu'à l'année dernière, avait des troupes positionnées en République centrafricaine. Lesquels troupes ont été chassés par les russes de Wagner.