Dix-huit ans à la tête de la Fédération de Russie, et briguant un quatrième mandat pour la magistrature suprême de l’Empire des Tsars, Vladimir Poutine a réalisé un véritable triomphe. Victoire sans surprise certes mais c’est la voie vers six ans supplémentaires au Kremlin. A terme, Vladimir Poutine aura passé au moins un quart de siècle au pouvoir à moins que, en 2024, il décidait de rempiler de nouveau.
Connu pour son tempérament froid, autoritaire et distant, jamais Vladimir Poutine n’est apparu aussi heureux que dimanche soir après son sacre. Plébiscité par le peuple russe avec plus des trois-quarts des voix exprimées, il incarne désormais la Russie d’aujourd’hui : forte, puissante, crainte, intraitable.
La Russie de Poutine ressemble fort à la grande Russie tsarienne et, plus tard, brejnevienne. Mais avec un pendant économique incontestablement intéressant. Personne ne peut nier aujourd’hui l’évolution du pays. Vladimir Poutine a réussi à sortir le pays du déclin et du marasme malgré les embargos imposés par certains pays occidentaux.
Puissance nucléaire avec plus de 4500 têtes atomiques entre ogives stratégiques et tactiques d’une portée pouvant aller jusqu’à 16000 kilomètres, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU avec un droit de veto qu’elle n’hésite pas à utiliser pour défendre ses intérêts politiques, la Russie a pleinement retrouvé sa grandeur d’antan. Et en grande partie grâce à Vladimir Poutine.
Le président russe, davantage tacticien que stratège, fait partie d’une génération de leaders composée de dirigeants forts, presque sans état d’âme et dotés d’une capacité de travail hors-norme à l’instar du président turc Recep Tayyip Erdogan, du chinois Xi Jinping ou du français Emmanuel Macron.
En plus des réformes internes qu’il aura soit à mener soit à achever, Vladimir Poutine devra gérer plusieurs dossiers prioritaires : 1) L’Ukraine/Crimée ; 2) Le conflit syrien ; 3) L’affaire de l’espion russe empoisonné à Londres.
De plus, grâce à la position de puissance diplomatique de la Russie, l’ancien patron du KGB et actuel commandant-en-chef des armées russes, voudra exploiter l’occasion de la tenue du Forum de Saint-Pétersbourg qu’il organise au mois de mai prochain dans la capitale du Tsar Pierre le Grand, pour proposer ses bons offices dans la crise coréenne et, en sa qualité d’allié stratégique de l’Iran, soumettre des idées pour sortir de l’impasse qui secoue les pays du Golfe.
Pour terminer, la gestion de la relation entre Moscou et Washington demeure le plus grand défi pour le président russe, et l’issue de la crise qui en découle la plus grande inconnue. Maintenant que la Maison Blanche est sortie de son mutisme pour annoncer des sanctions contre des pirates et des entreprises russes, la balle est aujourd’hui dans le camp de la justice fédérale américaine. Mais Poutine n’est jamais bien loin.