La décision d’un juge sud-africain d’opérer une saisie conservatoire sur un cargo transportant 50 000 tonnes de phosphate marocain d'une valeur de 7,2 millions de dollars et de l’immobiliser à Port Elisabeth, n’est pas une décision anodine. Et même si certaines sources tentent de rassurer quant à l’issue de cet incident, il ne faut pas en minimiser la portée. Car au-delà de l’aspect purement juridique et, éventuellement judiciaire du dossier, il y a la dimension politique de cette décision que les autorités marocaines doivent pouvoir en mesurer les répercussions en terme de droit international, ainsi que les tenants et aboutissants de cette ordonnance en terme diplomatique et sécuritaire.
« OCP Group et Phosboucraa agissent dans le strict respect du droit international !» C’est la phrase qui devait revenir tel un leitmotiv dans la communication de crise de tout le top management du groupe via, tout d’abord un communiqué en bonne et due forme explicitant le détail de l’incident et, ensuite, à travers une conférence de presse élargie pour mettre toute la lumière sur cet incident qui touche quand-même le premier producteur de phosphate au monde.
OCP Group a choisi malheureusement de faire profil bas et de répondre sur le terrain juridique alors que nous savons tous qu’il s’agit d’un dossier politique par excellence. Surtout que le Maroc agit conformément aux dispositions des Nations Unies, nous sommes donc dans notre droit le plus absolu. Le commun des mortels avancerait que l’Afrique du Sud a commis un acte de piraterie et OCP Group se devait, et se doit, de le dire. Car c’est le Maroc qui est la victime dans cette affaire.
Si le Polisario, appuyé par l’Algérie, est arrivé à convaincre un juge sud-africain de procéder à une saisie conservatoire d’un cargo de 50 000 tonnes de phosphates à destination de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, et ce sur la base d’une jurisprudence européenne que le Maroc ne reconnaît pas, c’est qu’il y a une faille dans notre dispositif de veille stratégique et de prospective. Il faut dire que la représentation du Maroc à Pretoria n’est pas assez outillée pour ce genre de mission, en revanche, OCP Group est assez pourvu en ressources humaines et techniques pour parer à cette lacune. Demain, ce même Polisario pourra convaincre un autre magistrat, dans une autre contrée, pour immobiliser n’importe quelle cargaison en provenance du Maroc sur la base d’arguments fallacieux.
L’affaire de Port Elisabeth a fait le tour du monde et OCP Group n’a toujours pas communiqué. On a fait distiller à la presse des arguments plats qui ne convainquent même pas ceux qui les avancent. Jusqu’à l’écriture de ces lignes, nous avons essayé de contacter le groupe OCP, en vain : c’est motus et bouche cousue !
Le Maroc est dans son droit et on ne doit pas avoir honte de le crier haut et fort. OCP Group devrait associer pour sa défense, non seulement les meilleurs avocats de New York, Londres ou Paris, mais également, et surtout, mobiliser tout l’appareil politique, diplomatique et institutionnel de l’Etat afin de contrer les subterfuges des ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc et de parer, le cas échéant, à toute éventualité d’escalade.
Abdellah EL HATTACH Follow @aelhattach