Trump enfonce le Qatar, Macron propose ses bons offices

Depuis que l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn, l'Égypte ont rompu les relations avec le Qatar il y a 48 heures, créant par-là la pire crise diplomatique qui a frappé les États arabes du Golfe depuis des décennies, les yeux étaient braqués sur la Maison Blanche pour connaître la position des Etats-Unis. Le président Donald Trump semble avoir donné raison à la décision de certains pays du Golfe de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar, cet important allié américain. En revanche, le président français Emmanuel Macron, se propose en missi dominici.

«Au cours de mon récent voyage au Moyen-Orient, j'ai déclaré qu'il n'y avait plus de place pour le financement de l'idéologie radicale. Les dirigeants ont pointé du doigt le Qatar», a-t-il tweeté.

Le tweet pourrait poser des difficultés aux États-Unis pour expliquer pourquoi le Qatar demeure l’hôte de la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient, As-Sayliyah Army Base.

Les trois pays du Golfe et l'Égypte accusent le Qatar de soutenir le terrorisme et de déstabiliser la région. Le Qatar - qui partage sa seule frontière terrestre avec l'Arabie Saoudite - a rejeté ces accusations, les qualifiant d’«injustifiées» et «sans fondement».

Les citoyens du Qatar ont été informés qu'ils ont 14 jours pour quitter l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Bahrein, et ces trois pays ont également interdit à leurs propres citoyens d'entrer au Qatar. Pour leur part, le Yémen et les Maldives ont également réduit leurs liens avec le Qatar.

La profonde crise entre les alliés du Golfe les plus proches de Washington pourrait perturber les efforts des États-Unis pour lutter contre DAECH, surtout que ces pays forment ensemble la coalition dirigée par Washington contre ce groupe extrémiste et c’est le Qatar qui accueille la base aérienne américaine As-Sayliyah Army Base, dite Al-Udeid, qui se trouve être le principal centre interrégional pour les missions aériennes stratégiques et de coordination de toutes les opérations aériennes. Le Secrétaire américain à la Défense,James Mattis, a estimé que cette crise ne perturberait pas cette coopération militaire. D’ailleurs, au de son voyage le mois dernier au Moyen-Orient, Donald Trump avait déclaré que les relations américaines avec le Qatar étaient «extrêmement bonnes».

Macron à la rescousse

Voyant la crise s’amplifier et éventuellement évoluer vers des situations de non-retour, le président français, Emmanuel Macron, en véritable chef de guerre et commandant en chef des armées de son pays, a décroché son téléphone et appelé l’Emir du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad al-Thani, pour proposer une possible mission de bons offices entre Doha d’une part et Ryadh, Abu Dhabi, Manama et Le Caire, d’autre part.

La France, qui est liée au Qatar par un Accord militaire de Défense, accueille, principalement via le fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA), des investissements très importants dans les secteurs du tourisme, de l’immobilier, du sport et des médias, ainsi que des participations dans les fleurons de l’économie française, à l’instar de Lagardère, EADS, Vinci, Veolia Environnement, Total, Vivendi, Orange etc. Outre le Paris Saint Germain, les investisseurs qataris, entre autres l'opérateur étatique Katara Hospitality, spécialisé dans l'hôtellerie de luxe, possèdent entièrement ou en partie de grands hôtels de luxe en France, parmi lesquels l’hôtel Martinez à Cannes, l’hôtel Palais de la Méditerranée à Nice, l’hôtel Concorde Lafayette à Paris, l’hôtel du Louvre à Paris, l’hôtel Raffles – Royal Monceau à Paris, l’hôtel Peninsula à Paris, l’hôtel Majestic Barrière à Cannes, l’hôtel Gray d’Albion à Cannes, l’hôtel Carlton de Cannes ou encore le lido à Paris.

La France, qui demeure l’une des premières cibles pour les investissements massifs du Qatar au niveau international, ne peut pas rester indifférente à l’embargo imposé à ce dernier car il va de milliers d’emplois qui risquent de s’évaporer en cas d’escalade. Malgré des appels à la suppression des avantages fiscaux du Qatar en France, exprimés par le ministre français de la justice, François Bayrou, cette affaire reste pour Paris une question de sécurité nationale. Et Emmanuel Macron en est conscient. Il s’agira donc pour la diplomatie française, et pour le président français, de mener une vraie course contre la montre pour tenter d’éteindre ce feu naissant et éviter qu’il se propage. On peut dire qu’il s’agit pour Macron sa première grosse épreuve, en ce sens qu’il est question d’un sujet de politique étrangère qui a un impact direct sur l’économie du pays.

 

LE1

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