Vilain pied de nez d’al-Sissi à Biden : la Russie lance la construction de la première centrale nucléaire d’Égypte

Après le sommet Poutine, Erdogan et Raïssi à Téhéran, le président américain Joe Biden reçoit un autre affront au lendemain de sa tournée au Moyen-Orient. Cette fois-ci d'Abdelfatah al-Sissi. Ce dernier a donné, ce mercredi, le coup d'envoi de la construction du premiers réacteur nucléaire de son pays, confiée à Rosatom, une société contrôlée par l'État russe.

Avec Bloomberg

C'est un vilain pied de nez du président égyptien donné à la tournée de Joe Bien au Moyen-Orient. Les cause sont à chercher dans l'échec de la réconciliation avec Mohammed Ben Salmane; le choix d'une présence virtuelle de Mohammed Ben Zayed, marquant une forme distance avec la nouvelle administration américaine; les vives tensions économiques et sociales provoquées par le va-t-en-guerre contre la Russie et la mollesse de la réponse américaine au programme nucléaire iranien.

Les présidents iranien Ebrahim Raïssi (au centre), russe Vladimir Poutine (à gauche) et turc Recep Tayyip Erdogan posant pour une photo lors de leur sommet tripartite à Téhéran, en Iran, le 19 juillet 2022. Photo AFP

En effet, dans l'objectif d'apporter une forme d'équilibre avec le Kremlin et ses alliés occidentaux qui ont sanctionné Moscou pour sa guerre en Ukraine, Al-Sissi a donné le coup d'envoi des travaux de la première centrale nucléaire d'Egypte.

Il s'agit de la première des quatre unités de puissance de 1 200 mégawatts qui seront construites à El Dabaa, à 300 kilomètres au nord-ouest du Caire, selon un communiqué de la société publique Rosatom. Cette dernière est le plus grand fournisseur mondial de combustible nucléaire et de réacteurs. Elle n'a pas été visée par les sanctions américaines ou européennes contre Vladimir Poutine.

La Russie a l'habitude de mener des projets énergétiques à grande échelle en Égypte, souvent dans le cadre d'un effort plus large visant à contester l'influence politique, militaire et économique des États-Unis. Pour rappel, la défunte URSS avait participé à la construction du haut barrage d'Assouan dans les années 1960.

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue égyptien Abdel-Fattah El-Sisi étaient présents lorsque les pays ont signé un accord pour la construction de ces quatre réacteurs en 2017.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi à droite, et son homologue russe Vladimir Poutine à gauche, applaudissent alors que le ministre égyptien de l'électricité et des énergies renouvelables, Mohamed Shaker, serre la main d'Alexei Likkhachev, le directeur général de la société russe de l'énergie atomique Rosatom, après avoir signé un accord bilatéral au Caire en 2017. AFP

Le coût du projet était estimé à 30 milliards de dollars, dont une grande partie devait être financée par un prêt de Moscou. Rosatom fournira quand à elle du combustible nucléaire à chacun des quatre réacteurs tout au long de la vie opérationnelle de la centrale. Tandis que trois entreprises égyptiennes présélectionnées participeront à la construction de la centrale située sur la côte méditerranéenne.

L'Égypte a développé des liens économiques plus forts avec la Russie depuis qu'al-Sissi a arraché le pouvoir en 2014, tout en conservant des liens historiques avec des partenaires occidentaux. Cette année, Le Caire a participé au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, a acheté des quantités substantielles de blé à la Russie, tout en signant un accord avec Israël pour stimuler les ventes de gaz à l'Union européenne, qui cherche à réduire sa dépendance aux importations énergétiques de Moscou.

Le projet Rosatom a été retardé après l'attentat à la bombe de 2015 contre un avion de ligne russe au-dessus de l'Égypte, qui a tué 224 touristes. Les vols entre les deux pays n'ont repris que l'année dernière, offrant une aubaine à l'industrie touristique égyptienne qui avait auparavant attiré un grand nombre de visiteurs russes.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie et les sanctions américaines et européennes qui ont suivi n'ont guère contribué à décourager l'intérêt international pour la technologie de Rosatom. Outre l'Égypte, la société contrôlée par le Kremlin a fait avancer des projets en Hongrie et au Myanmar depuis le début du conflit.

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