Dans le cercle exigeant de la physique nucléaire et des particules, une jeune Marocaine s’élève désormais au rang des grandes voix de la science mondiale. L’UNESCO a distingué Dr. Mounia Laassiri comme lauréate du Prix international Al Fozan pour les jeunes scientifiques, saluant son rôle moteur dans les collaborations internationales de pointe et dans l’éducation scientifique sur le continent africain.
Formée à l’Université Mohammed V de Rabat, Mounia Laassiri a construit un parcours exemplaire : licence en sciences fondamentales, master en sécurité des réseaux informatiques et systèmes embarqués, puis doctorat en instrumentation nucléaire. Aujourd’hui, elle poursuit ses recherches au Brookhaven National Laboratory (États-Unis), tout en collaborant comme Visiting Scientist à l’Université de Johannesburg.

Son expertise l’a conduite au cœur du projet ATLAS du CERN, où elle est responsable des tests des composants du “strips barrel”, une partie essentielle du futur détecteur du Inner Tracker Upgrade. Elle a mis au point des méthodes innovantes de contrôle de qualité, développé des systèmes de sécurité thermique pour protéger les modules de silicium, et formé de jeunes chercheurs à l’utilisation des logiciels et matériels d’acquisition de données.


Une bâtisseuse de ponts scientifiques
Mais la science, pour elle, ne s’arrête pas aux laboratoires. Mounia Laassiri incarne une vision : partager le savoir et ouvrir la voie aux générations futures. Ancienne participante de l’African School of Physics en 2016, elle en est aujourd’hui une organisatrice clé. Elle a élargi le programme pour inclure la formation d’enseignants, la sensibilisation des lycéens, des conférences internationales, des cours en ligne et des stages de recherche courts.
Elle est également éditrice de l’African Physics Newsletter, membre du Forum on International Physics de l’American Physical Society et du Conseil de l’Arab Physical Society, où elle contribue à la planification stratégique et au rayonnement scientifique.
Une reconnaissance mondiale et une humilité intacte
La citation du prix résume son parcours : « Pour son leadership dans le développement technologique dans de grandes collaborations internationales, ainsi que pour son action en faveur de l’éducation scientifique en Afrique. »
En recevant le prix, Mounia Laassiri a déclaré avec simplicité : « Être sélectionnée est un immense honneur. Je suis reconnaissante de tout le soutien reçu au fil de mon parcours. Ce prix est une source d’encouragement pour aller encore plus loin. »
Le Maroc dans le concert des nations du savoir
L’édition 2025 du Prix UNESCO-Al Fozan a distingué, en plus de Mounia Laassiri, quatre autres chercheurs âgés de 32 à 38 ans, chacun représentant une région du monde :
- Dr. Lijing Cheng (Chine, Asie-Pacifique) : pionnier des études sur le changement climatique marin.
- Dr. Kyriaki Michailidou (Chypre, Europe-Amérique du Nord) : auteure d’outils de prédiction du risque de cancer du sein, adoptés dans des recommandations cliniques.
- M. Ndaudika Mulundileni (Namibie, Afrique) : fondateur du centre Mindsinaction STEAM, qui initie les jeunes à la robotique et au codage.
- Dr. Rosa Vásquez Espinoza (Pérou, Amérique latine et Caraïbes) : exploratrice scientifique et militante pour la biodiversité amazonienne, intégrant innovation et savoirs autochtones.
À travers la distinction de Mounia Laassiri, le Maroc voit l’une de ses filles rayonner dans l’un des domaines les plus pointus de la connaissance. Et au-delà de son parcours personnel, c’est une idée plus large qui s’affirme : l’Afrique et le monde arabe ont toute leur place dans les grandes conversations scientifiques mondiales, qu’il s’agisse de particules élémentaires ou de défis planétaires.