Selon des informations obtenues par Zone24, l’ancien ministre des Affaires étrangères et ex-président de la CGEM, Salaheddine Mezouar, a acquis 20 % du capital de Settavex, société textile installée à Settat. La transaction, conclue discrètement ces dernières semaines, surprend par son symbole : elle ramène M. Mezouar vers un secteur qu’il connaît bien, puisqu’il a occupé, avant sa carrière politique, des postes de direction dans l’industrie textile, notamment en tant que directeur général de la filiale marocaine d’un groupe espagnol à Settat, et président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH).
L’agonie silencieuse de Settavex, ex-fierté du textile marocain
Fondée comme filiale du groupe espagnol Tavex, Settavex a longtemps été l’un des acteurs majeurs de la production de denim au Maroc. Mais depuis plusieurs années, l’entreprise traverse une crise profonde.
- Retards de paiement : de nombreux fournisseurs, marocains et étrangers, dénoncent des délais prolongés, parfois supérieurs à une année.
- Procédures judiciaires : le Tribunal de commerce a ordonné des saisies sur ses biens, signe d’une situation financière dégradée.
- Tensions sociales : environ 500 salariés craignent pour leur emploi. Des arrêts de production, des coupures d’électricité et des mouvements de protestation se sont multipliés.
- Conflits syndicaux : l’Union marocaine du travail (UMT) s’est fortement mobilisée, forçant l’ouverture de cycles de négociation sans issue définitive.
L’espagnole Tavex accusée d’asphyxier sa filiale marocaine
La maison mère espagnole est critiquée pour son manque d’engagement à sauver l’usine marocaine. Plusieurs sources évoquent un système de facturation interne défavorable à Settavex, qui aurait réduit artificiellement sa marge au profit d’entités européennes du groupe Tavex. Cette pratique, si elle est confirmée, aurait contribué à fragiliser encore davantage la filiale marocaine.
Un pari industriel ou une opération de sauvetage ?
L’entrée de Salaheddine Mezouar au capital, avec une participation minoritaire mais significative, suscite donc l’attention. Pour certains observateurs, sa stature politique et économique pourrait redonner un minimum de confiance aux investisseurs, aux partenaires et même aux syndicats. D’autres s’interrogent toutefois : l’apport d’un nouvel actionnaire suffit-il à redresser une entreprise plombée par des problèmes structurels et une gouvernance complexe ?