Le mouvement Al Adl Wal Ihsane (Justice et Bienfaisance) a réagi, dimanche 2 novembre, à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2797, qui confirme la centralité du plan d’autonomie marocain comme base réaliste de négociation et consacre la souveraineté du Royaume sur son Sahara.
Dans un communiqué publié à Rabat, la formation islamiste met en avant une lecture nuancée de ce tournant diplomatique, estimant que le texte du Conseil de sécurité représente « une étape importante vers une solution raisonnable et durable » à un conflit qui a pesé sur le Maroc pendant plusieurs décennies.
Une posture qui relève moins de la nuance que d’un jeu politique calculé, où le mouvement, conscient de l’attachement profond des Marocains à la question du Sahara, s’aligne sur la voix populaire sans rompre avec sa logique anti-système. Une manière de préserver son capital symbolique tout en demeurant fidèle à sa ligne contestataire.
Un attachement réaffirmé à l’unité nationale
Al Adl Wal Ihsane rappelle son attachement constant à l’unité du territoire marocain et rejette toute forme de division ou de fragmentation du Maghreb. Selon le mouvement, « la force du Maroc réside dans sa cohésion sociale et territoriale », et toute approche de règlement doit consolider cette unité tout en favorisant la stabilité régionale.
Tout en saluant la reconnaissance internationale du plan d’autonomie, le mouvement estime que ce dernier peut constituer une véritable opportunité de développement pour les provinces du Sud, à condition d’être mis en œuvre dans un cadre démocratique, juste et transparent.
Il souligne que la réussite d’un tel projet dépendra d’une gouvernance ouverte, de la participation des populations locales et d’une politique de développement équitable.
Le communiqué invite à ne pas dissocier la question du Sahara des chantiers internes de démocratisation. Al Adl Wal Ihsane considère que la consolidation de la souveraineté nationale passe aussi par le renforcement de la souveraineté populaire, à travers une participation politique plus large et une meilleure inclusion sociale.
Dans cet esprit, le mouvement appelle à un climat d’apaisement et de réconciliation nationale, incluant la libération des détenus politiques et la relance d’un dialogue national autour des réformes démocratiques et institutionnelles.
Une ligne d’équilibriste… avec un marqueur anti-normalisation
Derrière un ton de modération, la posture d’Al Adl Wal Ihsane relève d’un jeu politique calculé : s’aligner sur l’unanimisme national autour du Sahara tout en entretenant sa différence anti-système.
Le mouvement ajoute un garde-fou rhétorique décisif : il met en garde contre tout marchandage qui lierait le règlement de la question nationale à une normalisation avec Israël ou à une mise sous gage des ressources du pays. Dans sa grille, la normalisation constitue une trahison des principes religieux, nationaux et humains, d’autant plus inacceptable à la lumière des crimes commis à Gaza ; la souveraineté territoriale ne saurait, selon lui, se payer d’un renoncement à la «cause centrale» ni d’un troc économique.
Au total, le mouvement épouse la voix populaire tout en balisant sa différence : adhésion au consensus sur le Sahara, mais refus de toute contrepartie politique ou géo-économique. Une manière d’être présent dans l’unité nationale sans s’y dissoudre, en conservant un capital contestataire qui alimente sa cohérence interne.






