Crise post-électorale en Tanzanie : tensions et violences après le scrutin du 29 octobre

La Tanzanie traverse une période de fortes tensions politiques à la suite des élections générales du 29 octobre 2025, marquées par des accusations de fraude, un boycott de l’opposition et des affrontements dans plusieurs villes du pays. Les affrontements ont fait 5 morts.

Les élections présidentielles, législatives et locales se sont tenues dans un contexte tendu. La présidente sortante Samia Suluhu Hassan, du parti Chama Cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir depuis 1961, est donnée favorite pour un second mandat.

En avril 2025, la Commission électorale nationale avait disqualifié le principal parti d’opposition, Chadema, pour avoir refusé de signer un code de conduite électoral jugé déséquilibré. Son leader, Tundu Lissu, a été incarcéré pour des motifs contestés par ses partisans, tandis que plusieurs cadres du parti ont été arrêtés ou ont quitté le pays. Faute d’alternatives crédibles, seuls des candidats de petits partis proches du pouvoir ont été autorisés à concourir, entraînant un boycott massif de l’opposition et un taux de participation historiquement faible.

Déclenchement des violences

Dès l’ouverture des bureaux de vote, des manifestations spontanées ont éclaté à la capitale Dar es Salaam, mais également dans d’autres villes comme : Arusha, Mwanza, Tanga et Dodoma. Des bâtiments publics ont été incendiés et des affrontements ont opposé manifestants et forces de l’ordre.

Les autorités ont eu recours à des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc, puis à des tirs à balles réelles, selon plusieurs ONG. L’armée a été déployée dans certaines zones, et un couvre-feu a été instauré dans plusieurs villes. Un blackout internet a été imposé dès le matin du 29 octobre et restait partiellement en vigueur au 31 octobre. Selon des sources locales, le bilan provisoire fait état d’au moins cinq morts et de nombreux blessés, bien qu’aucun chiffre officiel n’ait été communiqué.

Tanzania Unrest 1
L’aéroport de Dar es Salaam paralysé

Le 30 octobre, les manifestations se sont intensifiées autour de l’aéroport international Julius Nyerere, où des groupes de protestataires ont tenté de bloquer les routes d’accès pour empêcher des responsables politiques de quitter le pays. Des barricades ont été érigées et des pneus incendiés, entraînant la suspension temporaire des vols internationaux, selon des alertes du Foreign Office britannique et de l’ambassade des États-Unis. Les autorités affirment que les forces de sécurité ont empêché toute intrusion dans l’aéroport. Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux se sont révélées être anciennes ou hors contexte, selon des vérifications menées par des médias internationaux.

L’accès à Internet et aux réseaux sociaux a été restreint sur l’ensemble du territoire. Les communications téléphoniques et les SMS sont limités, compliquant la circulation de l’information. Des journalistes étrangers auraient été empêchés d’entrer sur le territoire tanzanien, selon plusieurs organisations de défense de la presse.

Tanzania election
Réactions internationales

Les réactions de la communauté internationale demeurent prudentes.

  • L’Union africaine n’a pas encore publié de communiqué officiel.
  • Human Rights Watch a dénoncé un « usage excessif de la force ».
  • Les États-Unis et l’Union européenne ont appelé au calme et au respect des droits fondamentaux.

Dans le pays, la jeunesse tanzanienne, très présente sur les réseaux sociaux avant les coupures, reste au centre des mobilisations.

La présidente Samia Suluhu Hassan, arrivée au pouvoir en 2021 après la mort de John Magufuli, met en avant son bilan économique (+6 % de croissance en 2024) et les réformes engagées dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Ses détracteurs estiment toutefois que le CCM continue de contrôler l’ensemble des institutions et que la liberté d’expression recule.

La publication des résultats officiels est attendue dans les prochains jours. Les observateurs redoutent une escalade de la répression ou de nouvelles manifestations. La situation reste évolutive et les autorités locales appellent à la « stabilité et au respect de l’ordre public ».

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