Les annonces de licenciements aux États-Unis ont fortement augmenté en octobre, atteignant leur niveau le plus élevé pour ce mois depuis plus de deux décennies, selon un rapport publié jeudi par le cabinet Challenger, Gray & Christmas.
Le rapport fait état de plus de 153.000 suppressions d’emplois annoncées le mois dernier, soit une hausse de 175% par rapport à octobre 2023, représentant la plus forte augmentation enregistrée en octobre depuis 2003. Le nombre total de licenciements annoncés a dépassé le million au cours des dix premiers mois de l’année, en hausse de 65% par rapport à la même période de l’année précédente.
« C’est le total le plus élevé pour un mois d’octobre depuis plus de 20 ans, et le plus important pour un seul mois du quatrième trimestre depuis 2008. Comme en 2003, une technologie disruptive est en train de transformer le paysage », indique le rapport.

Le cabinet spécialisé dans le reclassement professionnel et le coaching de dirigeants a souligné que le marché du travail américain continue de se normaliser après la période de forte expansion liée à la pandémie, tout en évoquant « l’adoption de l’intelligence artificielle, le ralentissement des dépenses des ménages et des entreprises, ainsi que la hausse des coûts » comme principaux facteurs exerçant une pression sur les sociétés.
Plusieurs grandes entreprises, dont Amazon et Target, ont annoncé des vagues de licenciements ces derniers mois, certaines les attribuant aux effets de l’intelligence artificielle. Toutefois, le rapport précise que les annonces de suppressions de postes ne se traduisent pas immédiatement par une hausse du chômage.
L’évaluation de la situation du marché du travail est par ailleurs rendue difficile par la fermeture prolongée du gouvernement fédéral, qui a entraîné la suspension de la publication des statistiques économiques officielles, dont le rapport mensuel du département du Travail sur l’emploi. Le rapport de septembre, initialement prévu pour le 3 octobre, n’a pas été publié, et aucun rapport pour octobre ne le sera ce mois-ci.
Dans ce contexte, les investisseurs et les responsables de la politique économique se tournent vers des indicateurs alternatifs, tels que les données du secteur privé publiées par ADP et le rapport Challenger, pour évaluer l’état de l’économie américaine. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a récemment rappelé que ces données privées ne sauraient remplacer les statistiques officielles, qualifiées de « référence mondiale » pour mesurer la première économie mondiale.
« Il est possible qu’il soit prudent d’adopter une approche plus mesurée », a déclaré M. Powell.
( Avec Reuters )





