Le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a limogé ce samedi 10 juillet sa ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, qui a cristallisé la colère du Maroc en jouant un rôle central dans la décision de l'Espagne d'accueillir sous une fausse identité un repris de justice et criminel de guerre, en dépit des mises en garde de son collègue au ministère de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska. C'est l'ambassadeur espagnol à Paris, José Manuel Albares qui devient le nouveau Chef de le diplomatie du pays et qui a la lourde tâche de rattraper les erreurs de la politique étrangère de l'Espagne vis-à-vis le Maroc mais également vis-à-vis l'administration américaine.
De la décision de l'administration américaine de reconnaitre la souveraineté du Maroc sur le Sahara, jusqu'à l'exclusion des conclaves de Ceuta et Melilla de l'opération d'accueil des MRE Marhaba 2021, passant par l'hospitalisation du chef des séparatistes du polisario dans un hôpital de Logrones, près de Saragosse, les relations entre le Maroc et l'Espagne ne se sont jamais aussi dégradées.
Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol plus affaibli que jamais sur la scène locale et internationale, annonce ce samedi matin un large remaniement ministériel marqué par le limogeage de la ministre des Affaires Etrangères Arancha González Laya.
Au centre de la crise entre le Maroc et son pays, Arancha González Laya est celle qui a coordonné avec le régime militaire algérien et autorisé l’arrivée en Espagne dans un état critique et dans la plus grande clandestinité de Brahim Ghali le 18 avril 2021 dans un avion de la présidence algérienne. L'information rapportée par le quotidien colombien El Heraldo a fait l'effet d'une bombe en raison des plaintes pour «tortures» et «génocide» déposées en Espagne contre le chef du Front Polisario.
Constituant un front commun avec Berlin, Alger et Pretoria, Madrid souhaitait faire barrage à la reconnaissance des États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Un lobbying intense de ce groupe de pression anti-Maroc s'est mis en branle dès novembre 2021 pour tenter d'influencer les décisions des Nations unies.
La réaction de Rabat a été inattendue de par sa fermeté et son audace en gelant toute coopération avec Berlin et Madrid notamment la coopération anti-migratoire. L'impact sur les frontières nord du Maroc a été immédiat, des milliers de migrants se sont déplacés vers l'Espagne et les conclaves de Ceuta et Melilla.
Les images impressionnantes de ces candidats à la migration ont fait que le monde entier s'est rendu compte du rôle vital du Maroc dans la gestion des flux migratoires vers l'Europe mais aussi de la l'incompétence du gouvernement espagnol qui a fait de l'Espagne le maillon faible de l'UE mettant en équation l'avenir de tout le continent.
Par ailleurs, L'Espagne est, depuis 2019, dans le collimateur des États-Unis en raison du soutien du gouvernement de Pedro Sanchez au régime de Maduro au Venezuela et de son rôle «perturbateur» dans ses anciennes colonies en Amérique latine dans lesquelles elle perd chaque jour son influence historique. A ce titre, Washington avait menacé publiquement Madrid de représailles économiques si elle n'arrêtait pas de financer Maduro et son régime.
En juin dernier, le malaise entre les États-Unis et l'Espagne revient sur la scène publique, quand Arancha González Laya a exprimé sa colère contre Washington quand le Secrétaire d'Etat Antony Blinken avait téléphoné à son homologue marocain, Nasser Bourita, arguant la crise diplomatique et migratoire auxquelles était confronté son pays.
L'Espagne va continuer sa pression en menant une campagne de désinformation sur le déroulement des exercices militaires «African Lions 2021» tout en refusant d'y participer. Madrid n'a fait que donner de la visibilité à ces manœuvres militaires qui ont été les plus médiatisées et les plus intenses de l'histoire de la coopération militaire entre le Maroc et les États-Unis.
Au lendemain de la fin de l'«African Lions 2021», Madrid a du encaisser l'arrivée sur le détroit de Gibraltar du l’USS Alaska (SSBN-732), un sous-marin nucléaire lanceur de missiles, dans le cadre du «renforcement de la coopération entre les États-Unis et le Royaume-Uni-Gibraltar, et pour démontrer la capacité, la préparation, la flexibilité et la continuité des États-Unis».
«Vous pouvez entendre les vaisseaux sanguins éclater à Madrid pendant qu'ils lisent ceci !» a commenté un spécialiste sur le compte Twitter de la US Navy Europe.
Pedro Sanchèz a ensuite essuyé un affront public sans précédent de la part des américains quant il n'a eu droit que de 25 secondes chronos du temps de Joe Biden en marge d'une réunion de l'Otan. Les caméras de télévision ont capturé le moment où le premier ministre espagnol tentait de parler avec le président américain alors qu'il se dirigeait pour la prise de la photo de groupe des 30 dirigeants mondiaux présents. «Ce fut une affaire beaucoup plus brève que prévu, après que des sources gouvernementales espagnoles avaient annoncé une semaine plus tôt que Sánchez et Biden tiendraient une réunion bilatérale» ont rapporté les médias espagnols.
Détail du remaniement du gouvernement espagnol
En plus de la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, qui sera remplacée par José Manuel Albares, jusqu'à présent ambassadeur à Paris, le remaniement ministériek a touché :
- Le ministre de la Culture, José Manuel Rodríguez Uribes
- Le ministre de la Science et de l'Innovation, Pedro Duque
- Le chef de cabinet de Pedro Sanchèz, Iván Redondo, remplacé par Óscar López, historien du PSOE
- La Première vice-présidente du gouvernement Carmen Calvo, remplacée par Nadia Calviño.