Coronavirus frappe Dubaï de plein fouet. L’Expo 2020 menacée

La pandémie du nouveau coronavirus frappe de plein fouet les deux mamelles de l'économie de Dubaï: le commerce et le transport aérien, les fiertés de la cité-Etat la moins dépendante du pétrole dans le Golfe.

Dans ce pilier des Emirats arabes unis, une fédération de sept membres, les centres commerciaux seront fermés à partir de mercredi et la compagnie aérienne Emirates, joyau de la couronne de l'économie locale, a cessé de voler ou presque.

Quelques jours après avoir interdit l'entrée aux étrangers, y compris les résidents, l'émirat a déclaré qu'il fermerait ses aéroports aux vols commerciaux et limiterait l'activité des restaurants aux livraisons à domicile.

La décision a eu un effet immédiat avec des centres commerciaux désertés ou presque lundi.

Dotée de l'économie la plus diversifiée du Golfe, Dubaï tire 94% de ses recettes publiques de sources non pétrolières, qui constituent également le gros de son PIB.

La cité-Etat se présente comme une plaque tournante mondiale pour le tourisme, le commerce et la finance, et possède l'un des plus grands marchés immobiliers de la région.

Elle a accueilli l'année dernière 16,8 millions de visiteurs. Mais avec le nouveau coronavirus, des centaines d'hôtels, de restaurants et de lieux de divertissement, ont été désertés.

Emirates, la plus importante compagnie aérienne du Moyen-Orient, qui a transporté quelque 90 millions de passagers l'année dernière, a pratiquement cessé de voler. L'aéroport de Dubaï, le premier du monde en terme de passagers internationaux (89 millions en 2020), est à l'arrêt.

La croissance la plus faible depuis 2008

Les Emirats arabes unis ont annoncé un plan de relance économique de 35 milliards de dollars qui comprend des injections dans le marché boursier et un soutien à divers secteurs.

Vendredi, ils ont fait état de leurs deux premiers décès dus à la maladie Covid-19. Plus de 150 cas de contamination ont été signalés à ce jour.

Selon Capital Economics, un cabinet de conseil basé à Londres, le coronavirus va «frapper durement les secteurs du tourisme dans toute la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord)».

Dans plusieurs zones du Moyen-Orient, dont Dubaï, le tourisme représente environ 12,5% du PIB, indique Capital Economics. «Selon Mastercard, les dépenses des touristes dans l'émirat (de Dubaï) ont été les plus élevées de toutes les villes du monde l'année dernière».

Si les restrictions sur les voyages se poursuivent jusqu'à la fin du deuxième trimestre, «nous estimons que le ralentissement des secteurs du tourisme va faire baisser le PIB d'au moins 2 à 3% cette année», poursuit Capital Economics.

Cela viendrait après une croissance modeste de l'économie locale (1,9% en 2019 et une prévision initiale de 2,1% en 2020), soit les plus faibles taux depuis la crise financière mondiale de 2008.

L'Expo 2020 menacée

Le commerce de gros et de détail représente un quart du PIB de Dubaï, soit plus de 25 milliards de dollars.

Les vastes centres commerciaux de Dubaï comprennent le Mall of the Emirates, qui possède une piste de ski couverte, et le Dubai Mall, l'un des plus grands du monde, qui se trouve à côté de Burj Khalifa, la structure la plus haute du monde.

Les fermetures interviennent également au moment où Dubaï se prépare à l'Exposition universelle 2020, dont l'ouverture est prévue en octobre prochain.

Les organisateurs de l'Expo 2020 ont déclaré dimanche qu'ils «réévalueront et ajusteront» les préparatifs en fonction de l'évolution de la pandémie.

De nombreuses prévisions économiques de Dubaï avaient été basées sur cet événement et toute décision d'annulation ou de report sera un coup dur.

L'émirat a dépensé des dizaines de milliards de dollars pour développer ses infrastructures et services afin d'être prêt à accueillir la foire de six mois, avec l'espoir d'attirer environ 25 millions de visiteurs.

La Bourse de Dubaï a également été frappée de plein fouet, perdant un tiers de sa valeur depuis le début mars. Lundi, elle a chuté de 3,8%.

En 2008, Dubaï était au bord de la faillite en raison de l’effondrement du marché immobilier et il a fallu l'intervention d'Abou Dhabi, le plus riche émirat de la fédération, qui a apporté dix milliards de dollars pour redresser les finances de la cité-Etat.

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