Édito évènement de Khalil Hachimi Idrissi : «la guerre d’Ukraine est l’expression crue de l’incapacité de l’Occident à inclure la Russie dans leur schéma sécuritaire»

C'est la première fois depuis l'invasion russe en Ukraine, qu'un officiel explique en toute clarté la position du Royaume vis-à-vis ce conflit. C'est Khalil Hachimi Idrissi, patron de l'agence de presse nationale, qui s'est prêté à l'exercice dans un édito paru sur son mensuel «BAB». Sans détour, l'éditorialiste se prononce pour le dialogue. Une négociation globale et sérieuse qui inclurait entre autres la neutralité de l'Ukraine et l'étude de «l'autonomie de toutes les minorités». Et tout en prenant le soin de ne pas reprendre les mêmes mots du président français, Emmanuel Macron, Hachimi Idrissi qualifie l'OTAN d'«organisation d’un autre âge, voire quasi obsolète». Rien que ça!

Tous ceux qui connaissent Khalil Hachimi Idrissi savent pertinemment, que l'homme dispose d'une bonne maitrise de sa plume et de ses mots. Quand il s'agit du stratégique, il sait quoi écrire, comment et quand.

Connaissant l'impact du papier, KHI a choisi de prendre la parole au sujet du conflit en Ukraine sur son mensuel BAB, distribué à toutes les chancelleries et aux sièges de tous les décideurs politiques et économiques du pays. Le moment est grave, la situation est confuse et les mots et le ton de l'éditorialiste ne manqueront pas de solennité et de clarté.

Hachimi Idrissi fait le choix d'un tire consensuel : «Une paix immédiate». D'emblée, il ne veut pas éliminer les réfractaires des deux camps belligérants et de leurs «fans» respectifs. Puis, il décide de ce mouiller en se prononçant au nom de la position marocaine. «La seule solution possible au conflit ukrainien est comme la position marocaine l’a signifié par deux fois, dans la clarté, est dans le dialogue, la diplomatie, la négociation et le respect de l’intégrité territoriale des nations», a-t-il souligné.

Ensuite, avant d'attaquer le plat de résistance, il fait valoir l'horreur de la guerre, devenue malheureusement un contenu de propagande entre les mains de l'occident alimentant davantage les démons de la violence.

«Cette guerre doit s’arrêter impérativement. Trop de victimes innocentes. Trop de réfugiés. Trop de malheur. Trop de souffrance. Et trop de violence illégitime contre des civils démunis», s'est-il ému.

Ecouter les minorités du Donbass et considérer les besoins de sécurité de Poutine

Alors que Joe Biden et son administration s'acharnent à vouloir imposer une fragilité sécuritaire à la Russie en ne laissant aucun choix aux pays européens, Khalil Hachimi Idrissi s'y inscrit en faux en appelant à un dialogue ouvert aux doléances de Poutine pour éviter le danger d'une troisième guerre mondiale.

«Si le chemin de la paix immédiate passe par une meilleure prise en considération des besoins de sécurité de la Russie par les Européens et l’OTAN, il faut passer par là» a-t-il souligné. Et d'ajouter «Si le chemin de la paix immédiate passe par une neutralité – à inventer – de l’Ukraine dans ses frontières intègres et reconnues, il faut passer par là». Il s'agit de l'une des demandes qu'exige le président russe pour mettre la fin à son «opération spéciale».

«Si les chemins de la paix immédiate passent par un meilleur respect des droits culturels. Une autonomie, de toutes les minorités, il faut, aussi, passer par là», insiste-t-il en faisant allusion à l'autonomie des minorités du Donbass pro-russe, Donetsk et Louhansk.

Il faut se mettre autour d’une table et démarrer une vraie négociation globale et sérieuse sur la sécurité des uns et des autres qui éloignerait le danger d’une troisième guerre mondiale et le spectre d’un affrontement nucléaire généralisé, poursuit-il.

La mort cérébrale de l'OTAN

Par ailleurs, Khalil Hachimi Idrissi pointe du doigt l'impuissance de l'Union européenne à se mettre d'accord sur une politique de défense commune indépendante du diktat de l'OTAN qui inclurait la Russie.

«La guerre d’Ukraine est l’expression crue de l’incapacité des Occidentaux à trouver un nouveau paradigme sécuritaire en Europe qui inclurait la Russie et la rassurerait sur sa sécurité nationale», a-t-il affirmé.

Bien au contraire, explique-t-il, l’OTAN – une organisation d’un autre âge, voire quasi obsolète – a continué à justifier son existence en empêchant le Vieux Continent de se doter d’une défense indépendante, efficiente et autonome, et en antagonisant la Russie en absorbant avec gourmandise presque tous les ex-pays satellites de l’URSS.

L'Ukraine le «proxy» des «vrais» protagonistes

Khalil Hachimi Idrissi ne va pas y aller de main morte pour décrire les postures des occidentaux dans le conflit ukrainien.

«Ce qui devait arriver arriva. De reniements en impostures, de coups tordus en coups de Jarnac, l’Ours russe, quand il a repris quelques forces, s’est rebiffé», estime-t-il.

Pour le patron de la MAP, les européens sont des procrastinateurs chroniques, lents, hésitants et tatoueurs. L'OTAN quand à elle fanfaronne , bluffe et vantardise, tandis que à Joe Biden, il ne fait que pétitionner.

Dans sa lancée, Khalil Hachimi Idrissi fait allusion, à demi-mot, sur le fait que l'Europe n'est finalement que le terrain de guerre entre les «véritables» protagonistes : l'alliance anglo-saxonne et l'héritier de l'URSS.

«Si rien ne justifie l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ni les atermoiements de l’Europe, ni les rodomontades de l’OTAN, ni les pétitions de principes de l’Américain Joe Biden, cette guerre, dont les vrais protagonistes utilisent un «proxie» – l’Ukraine en l’occurrence – pour en découdre, est condamnable, comme toute guerre par ailleurs», soutient-il.

Se battre jusqu’au dernier Ukrainien vivant

La folle escalade soutenue par l'alliance anglo-saxonne et porté par l'homme de spectacle, Volodymyr Zelensky, fait fi de l'avenir de l'Ukraine et de la vie des ukrainiens. L'opinion occidentale quand a elle se planque derrières TikTok, Instagram et Twitter sans aucune conscience des horreurs de la guerre dont la responsabilité est autant partagée entre les russes et les européens.

«Personne en Occident n’est capable de mourir pour les Ukrainiens. Ou plutôt, ils sont prêts à se battre jusqu’au dernier Ukrainien vivant. Mais cela ne le fait pas, comme on dit aujourd’hui», fait observer l’éditorialiste, assurant que «personne ne veut la destruction totale de ce pays et l’épuration cynique et criminelle de ses citoyens».

Pour M. Hachimi Idrissi, «tout le monde sait qu’une victoire russe serait fatalement une victoire à la Pyrrhus. Dramatique et dérisoire».

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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