Le Premier ministre indien Narendra Modi a tenté dimanche de rassurer les musulmans indiens face à l'inquiétude provoquée par sa nouvelle loi sur la citoyenneté, qui a entraîné des manifestations ayant fait au moins 25 morts et mis son gouvernement nationaliste hindou sous pression.
«Les musulmans qui sont les fils du sol indien et dont les ancêtres sont les enfants de notre mère patrie n'ont pas à s'inquiéter», a lancé Narendra Modi au cours d'un meeting à New Delhi, alors que les manifestations se poursuivaient dans plusieurs villes dimanche.
Celles-ci ont débuté il y a dix jours contre la loi sur la citoyenneté, jugée comme discriminatoire à l'égard des musulmans.
Votée le 11 décembre par le parlement indien, elle facilite l'obtention de la citoyenneté indienne par les réfugiés d'Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan, à l'exception des musulmans.
Narendra Modi a accusé le principal parti d'opposition indien, le parti du Congrès, d'indulgence vis-à-vis des violences et de «répandre des rumeurs selon lesquelles tous les musulmans seront envoyés dans des camps de détention». «Toutes ces histoires à propos de camps de détention sont des mensonges, des mensonges, et des mensonges !», s'est-il exclamé.
Toutefois, on recense pas moins de six de ces camps rassemblant plus de 1.000 migrants illégaux présumés dans le seul Etat d'Assam, dans le nord-est, où 11 autres doivent être installés, tandis que deux doivent voir le jour près des villes de Bombay et de Bangalore.
Le vice-ministre de l'Intérieur a pour sa part reconnu devant le parlement que 28 personnes étaient mortes dans de tels camps de détention ces dernières années.
Narendra Modi a par ailleurs assuré qu'il n'était pas question de mettre en place à l'échelle de l'Inde un «registre des citoyens», dont beaucoup de musulmans du pays craignent que ce ne soit une mesure qui pour l'essentiel les viserait.
Bien qu'elle ne concerne pas directement les Indiens de confession musulmane -14% de la population, soit environ 200 millions des 1,3 milliard d'habitants-, la nouvelle loi sur la citoyenneté a cristallisé les peurs et la colère de cette communauté. Et déclenché l'un des plus vastes mouvements de contestation de ces dernières années en Inde.
Les manifestations ont été en majorité pacifiques mais certaines ont dégénéré, les contestataires jetant des pierres et brûlant des voitures. L'opposition a dénoncé «une répression brutale» des forces de l'ordre. Quelque 25 personnes sont mortes au cours des derniers jours, notamment dans l'Uttar Pradesh (nord), l'Etat le plus peuplé de l'Inde (200 millions d'habitants dont 20% de musulmans).