La Chine laisse entendre que l’armée américaine aurait introduit le coronavirus à Wuhan

Le gouvernement chinois a intensifié sa contre-offensive médiatique contre le monde occidental gagné par la psychose suite à la propagation exponentielle du coronavirus dans les pays européens. Une offensive lancée par le président chinois en s’offrant un tour d’honneur bien mis en scène dans les rues de la ville de Wuhan où la pandémie a commencé. Xi Jinping a voulu montrer au peuple chinois et au monde entier sa victoire contre le coronavirus. La machine de propagande du régime passera à la vitesse supérieure, ce jeudi, quand le porte-parole officiel du Ministère des Affaires étrangères chinois a suggéré publiquement que l'armée américaine aurait amené le coronavirus dans la ville chinoise de Wuhan!

La montée des cas de coronavirus en Occident contrastait avec la baisse de l’évolution de propagation du virus en Chine. Ainsi près de deux mois après le début officiel de l’épidémie de coronavirus, Pékin a publié le plus faible nombre de nouvelles infections depuis le début des restrictions à Wuhan le 23 janvier dernier, avec seulement 19 cas dans toute la Chine, dont 17 dans la capitale du Hubei. 

Des chiffres sur lesquelles Pékin s’est basée pour annoncer avoir maitrisé l’évolution de la pandémie. «la propagation de l’épidémie est pratiquement jugulée après plus de six semaines de quarantaine générale dans toute la province» a déclaré le premier ministre, Li Keqiang.

Pour couronner sa victoire dans la «guerre populaire» contre la maladie, le président chinois Xi Jinping, vêtu d'un masque facial, s'est rendu, le 10 mars, à Wuhan - la ville où le virus, connu sous le nom de SRAS-nCoV-2, aurait eu sa genèse zoonotique. Une mise en scène du président chinois, chef d’orchestre de l’effort de confinement du virus, qui s’inscrit dans une stratégie de communication visant à démontrer l’efficacité du modèle de gouvernance chinois face à l’épidémie.

Un tour d’honneur du commandant en chef qui coïncide avec le moment où le reste du monde - en particulier l'Europe et les États-Unis - a commencé à reconnaître la gravité de la situation. Et à quelques jours de la décision de l'Organisation mondiale de la santé de qualifier officiellement le Coronavirus de pandémie.

Toutefois, il est à noter que quelques semaines avant la visite de Xi Jinping à Wuhan, les canaux officiels de propagande chinois avaient déjà commencé à installer auprès l’opinion publique l’idée que la maladie n’était peut-être pas d'origine chinoise. Le 27 février dernier, Zhong Nashan, un scientifique chinois et conseiller du gouvernement dans la lutte contre le virus, a suggéré ce qui suit: «Bien que le COVID-19 ait été découvert pour la première fois en Chine, cela ne signifie pas qu'il provenait de Chine.»

La réaction de Pékin serait causé selon les observateurs par la colère du régime chinois suite aux commentaires de responsables américains, au tout début de la pandémie. Washington accusait le gouvernement chinois d’avoir été lent à réagir au virus, à détecter pour la première fois à Wuhan à la fin de l'année dernière, et de n’avoir pas été suffisamment transparent.

D’ailleurs rien que ce mercredi, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Robert O’Brien, a déclaré que la rapidité de la réaction de la Chine à l'émergence du coronavirus avait probablement coûté au monde deux mois alors qu'elle aurait pu se préparer à l'épidémie.

La réponse de Pékin ne s’est pas faite attendre, Lijian Zhao, le porte-parole officiel du ministère chinois des Affaires étrangères, va lancer le pavé dans la marre en publiant sur twitter, ce jeudi, un tweet rédigé en anglais, sur son compte Twitter vérifié, suggérant que les États-Unis aurait manquer de transparence.

«Quand le patient zéro a-t-il commencé aux États-Unis? Combien de personnes sont infectées? Quels sont les noms des hôpitaux? Ce pourrait être l'armée américaine qui a amené l'épidémie à Wuhan. Soyez transparent! Rendez vos données publiques! Les États-Unis nous doivent une explication! Écrivit Zhao.

Ce message a ensuite été repris par les diplomates chinois à l’étranger.

Plus tôt jeudi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Zhao, Geng Shuang, a critiqué les responsables américains pour des commentaires «immoraux et irresponsables» qui ont blâmé la réponse de Pékin au coronavirus pour avoir aggravé l'impact mondial de la pandémie.

Interrogé sur les commentaires d'O’Brien, Geng a déclaré lors d'une conférence de presse quotidienne à Pékin que de telles remarques de responsables américains n'aideraient pas les efforts américains en matière d'épidémie.

Les efforts de la Chine pour ralentir la propagation ont permis au monde de se préparer à l’épidémie, at-il ajouté.

«Nous souhaitons que quelques responsables américains concentrent actuellement leur énergie sur la réponse au virus et la promotion de la coopération, et non sur le transfert de la faute à la Chine.»

Plus de 119 100 personnes ont été infectées par le nouveau coronavirus dans le monde et 4 298 sont décédées, la grande majorité en Chine, selon un décompte de Reuters. Les États-Unis ont 975 cas et 30 personnes sont décédées.

Alors que la pandémie ne fait que commencer aux Etats-unis, cet échange d’hostilité entre les deux puissances marque le début d’une guerre de propagande menée par Pékin qui ne fera que s'intensifier.

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