Quand bien même était-il considéré comme l’homme fort du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, soit en tant que chef du Cabinet du ministre, puis Secrétaire général, ou encore en qualité de ministre délégué, il manquait à Bourita cette stature de ministre dont il commence à se parer petit à petit.
Depuis sa nomination en avril dernier à la tête de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita semble à la recherche de repères, d’une posture, d’une attitude physique qu’il n’arrive toujours pas à trouver dans son nouveau costume. Dans l’ombre des anciens ministres Mohamed Benaïssa, Taïeb Fassi Fihri et Saâdeddine El Othmani, il a démontré qu’il voulait faire table rase de l’héritage d’un Salaheddine Mezouar qui n’a fait que récolter le travail de l’appareil administratif du ministère.
Manquant d’aplomb et fébrile sur le plan protocolaire, le brillant Secrétaire général qu’il était n’arrivait pas facilement à s’imposer avec son nouveau maroquin. Nasser Bourita n’est pas un politique. C’est un technicien de la diplomatie et un homme de dossiers. En vingt-cinq ans, et sans voir pousser un seul cheveu blanc, il a roulé sa bosse au service central pour y gravir tous les échelons : secrétaire des affaires étrangères, conseiller, directeur, chef de cabinet, directeur général, secrétaire général, ministre délégué pour finir «ministre plein».
La disposition torticolis
Installé dans son vaste bureau qui donne sur la vallée du Bouregreg, Bourita n’a pas supporté longtemps la disposition du salon où il reçoit ses invités de marque.
Héritée du temps de Benaissa, cette disposition plaçait le ministre dos à la baie vitrée qui donne sur le Bouregreg pour permettre à l’invité d’avoir une vue imprenable sur la vallée ainsi que sur les vestiges de Chellah. Bourita tenait à avoir sa vue lui aussi. Il n’en a fallu pas moins de quelques semaines pour que les services généraux du ministère lui accommodent un nouvel agencement avec deux nouveaux grands fauteuils, placés parallèlement l’un à côté de l’autre, au centre du bureau et donnant directement sur la baie. Enfin quelqu’un qui a osé le «changement» murmurait-on dans les allées de la belle bâtisse de verre.
Belle vue certes pour Bourita, mais le ministre avait du mal à communiquer facilement avec ses invités lesquels, souffrant souvent de torticolis et autres lumbagos, étaient obligés de se redresser sur leur côté gauche pour pouvoir regarder leur hôte en face.
Cette situation gênante a duré plusieurs semaines et commençait à faire tache d’huile. Il a fallu beaucoup de tact aux proches collaborateurs du ministre pour le convaincre de «corriger» la disposition des fauteuils et permettre aux invités du Maroc de communiquer fluidement avec le chef de la diplomatie. C’est désormais chose faite depuis quelques jours.
Ca c’était sur la forme, une forme qui compte dans les règles d’étiquette et de préséance diplomatiques où le moindre faux pas ou faux geste peuvent altérer des années d’efforts.
Disposition du MINISTRE : la dernière en date
Disposition du "MINISTRE EN RODAGE" un fauteuil pour un et tant pis pour le torticolis
La disposition du"MINISTRE DÉLÉGUÉ", disposition du malaise, petit coussin derrière le dos et non distinction de la hiérarchie
Sur le fond, les activités de Nasser Bourita à Washington au début du mois de septembre, où il a rencontré le gratin de l’administration américaine allant du Secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, au sous-secrétaire d’état chargé des affaires du Proche-Orient, David Satterfield, en passant par l’envoyé présidentiel adjoint auprès de la coalition internationale de lutte contre Daesh, Terry Wolff, ainsi qu’avec les Présidents des commissions des Affaires étrangères au Sénat et à la Chambre des représentants du Congrès US, respectivement Bob Corker et Ed Royce, et ses activités marathon aux travaux de la 72ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, où il a rencontré tout le gotha diplomatique mondial, permettraient de faire hisser le ministre des Affaires étrangères en influence et, pourquoi pas, dans les mois et années à venir, le voir également monter en force, en confiance et en maturité.
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