Le PJD dénonce un remaniement ministériel provocateur et lance les hostilités électorales

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Suite au remaniement ministériel du 23 octobre 2024, le Parti de la Justice et du Développement (PJD) a vivement réagi par un communiqué cinglant. Le parti islamiste dénonce une atteinte «grave» aux acquis démocratiques du Maroc, un processus de nomination «opaque», et un «favoritisme dangereux». Ce remaniement, jugé «provocateur et décevant», intervient dans un contexte de crises sociales et économiques non résolues, attisant les tensions politiques entre le gouvernement Akhannouch et l’opposition.

Le remaniement ministériel du 23 octobre 2024 n’a pas manqué de provoquer de vives réactions au sein de l’opinion publique. Le premier parti politique de l'opposition à s'exprimer sur le sujet est le Parti de la Justice et du Développement (PJD) qui dans un communiqué officiel, a exprimé sa profonde déception face à ce qu’il qualifie de «recul démocratique».

1. Critique générale du remaniement gouvernemental :

Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) juge le remaniement ministériel du 23 octobre 2024 comme «provocateur et décevant», indiquant qu’il reflète un “recul démocratique” et un affaiblissement du rôle des partis politiques, héritage des réformes de 2011. Le PJD y voit la continuation d’un modèle politique autoritaire, où l’actuel chef du gouvernement joue un rôle clé depuis l’impasse post-électorale de 2016.

“هذا التعديل الحكومي… استمرار للتراجع عن المد الديمقراطي الذي عرفته بلادنا بعد دستور 2011 وتبخيس للعمل الحزبي والسياسي والسياسيين.”
(Ce remaniement n’est qu’une continuation du recul démocratique que connaît notre pays depuis la Constitution de 2011 et un dénigrement du travail partisan et politique.)
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2. Dénonciation du processus de nomination :

Le communiqué critique les récentes nominations dans le cadre du remaniement et les considère comme une atteinte à l’intégrité du travail partisan. Le PJD dénonce l’utilisation non responsable des pouvoirs conférés par la Constitution au chef du gouvernement, ce qui affaiblit le rôle des partis et leur capacité à refléter la volonté populaire.

“تُشَكِّلُ إساءةً للعمل الحزبي والسياسي… واستغلالا غير مسؤول وتبخيسا لسلطة الاقتراح التي خولها دستور 2011 لرئيس الحكومة.”
(Ces nominations constituent une atteinte au travail partisan et politique… et une exploitation irresponsable et un dénigrement de l’autorité de proposition conférée au chef du gouvernement par la Constitution de 2011.)
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3. Remaniement jugé inefficace et mal programmé :

Le parti souligne l’incohérence du remaniement, particulièrement parce qu’il intervient en pleine discussion sur le projet de loi de finances et après que certains ministres aient déjà entamé des réformes importantes. Il pointe du doigt le retard dans le traitement de la crise universitaire, notamment la grève dans les facultés de médecine.

“هذا التعديل… تم خارج أي سياق أو منطق سياسي… وجاء متأخرا جدا فيما يرتبط بأزمة توقف الدراسة بكليات الطب والصيدلة.”
(Ce remaniement… est survenu en dehors de tout contexte ou logique politique… et arrive bien trop tard pour résoudre la crise des facultés de médecine et de pharmacie.)
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4. Critique du maintien du ministre de la Justice :

Le PJD s’étonne du maintien du ministre de la Justice, Abdelatif Ouahbi, malgré ses déclarations controversées et l’opposition massive à ses positions par diverses professions du secteur judiciaire. Il accuse ce ministre d’avoir nui à l’image des institutions publiques, notamment l’Instance nationale de probité.

“استغراب شديد من احتفاظ رئيس الحكومة بوزير العدل السيد عبد اللطيف وهبي بالرغم من تصريحاته المستفزة.”
(Grande surprise quant au maintien du ministre de la Justice, Abdelatif Ouahbi, malgré ses déclarations provocatrices.)
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5. Problème de “conflit d’intérêts” et de privatisation :

Le parti critique le choix des profils nommés, affirmant qu’ils reflètent une tendance à la privatisation des secteurs publics stratégiques (santé, éducation) et que le chef du gouvernement favorise des personnes de son entourage proche, au mépris des compétences promises.

“البروفايلات التي اقترحها رئيس الحكومة… تشكل استخفافا كبيرا بأولويات كبيرة وقطاعات استراتيجية.”
(Les profils proposés par le chef du gouvernement… témoignent d’un mépris flagrant pour des secteurs stratégiques essentiels.)
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6. Avertissement contre une instrumentalisation politique des institutions sociales :

Le PJD met en garde contre la domination croissante du chef du gouvernement sur les institutions sociales, craignant une utilisation partisane de ces organes pour des gains électoraux.

“تنبه الأمانة العامة إلى خطورة سيطرة رئيس الحكومة وحزبه… على مؤسسات اجتماعية وطنية.”
(Le secrétariat général met en garde contre la domination du chef du gouvernement et de son parti sur les institutions sociales nationales.)
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La campagne électorale de 2026 est officiellement lancée

Le communiqué du PJD marque clairement le début d’une intensification des affrontements politiques, à l’approche des élections législatives prévues dans 18 mois. La déclaration du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, à Madar 21 est particulièrement révélatrice de cette dynamique. Il a affirmé que les profils choisis lors du remaniement sont “politiques”, et a explicitement souligné que “seulement 18 mois” restaient avant les élections. Cette déclaration place le remaniement dans une perspective électorale, transformant ainsi les ministères en instruments de préparation pour les futures batailles politiques.

Dans ce contexte, le PJD voit une opportunité pour tenter une «remontada», espérant reconquérir sa place dominante sur la scène politique marocaine. Le communiqué incendiaire publié par le parti cherche à capter une opinion publique déjà très critique des choix opérés par le gouvernement Akhannouch. La désapprobation envers la gestion des secteurs publics, la crise dans les facultés de médecine, ainsi que la perception d’un gouvernement agissant en faveur de l’élite économique sont des thèmes que le PJD exploite habilement pour alimenter un sentiment de frustration général.

Le ton accusateur du communiqué n’est donc pas simplement une critique de la gestion quotidienne du gouvernement, mais bien un positionnement stratégique visant à mobiliser les bases du parti et à s’ériger en défenseur des principes démocratiques. Le PJD dénonce la collusion entre l’argent et le pouvoir, tout en surfant sur la vague de mécontentement liée aux crises actuelles. En critiquant ouvertement les profils nommés par Akhannouch, présentés comme étant trop proches de ses intérêts personnels et de son entourage, le PJD tente de se distinguer en défenseur des intérêts populaires face à ce qu’il qualifie de «concentration des pouvoirs».

Les critiques contre le maintien du ministre de la Justice, Abdelatif Ouahbi, renforcent l’idée d’un PJD se positionnant comme le gardien des valeurs morales et des institutions, un thème central dans ses communications depuis des années. En dénonçant les propos controversés de Ouahbi et en mettant en lumière les conflits au sein du secteur judiciaire, le parti veut capter le soutien de larges pans de la population, notamment les conservateurs et les professionnels de la justice.

En somme, ce communiqué va au-delà des simples critiques techniques du remaniement ministériel. Il s’agit d’un premier coup de semonce dans une campagne électorale déjà amorcée, où chaque parti tente de se positionner, et où le PJD espère se relancer après ses reculs électoraux de 2021.

Nawfal Laarabi

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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