Maroc : Etat d’alerte ou simples mesures de routine ?

Le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, a présidé, il y a quelques jours, au siège de son département à Rabat, une importante réunion consacrée «à l’évaluation des dispositifs de sécurité mis en place au niveau des plateformes aéroportuaires ainsi qu’à l’état d’avancement du plan d’action mené par l’ensemble des départements visant à hausser la pertinence des mesures de sûreté et de sécurité déployées au niveau desdites plateformes.»

Le communiqué parle de «hausser la pertinence des mesures de sûreté et de sécurité», ce qui signifie en d’autres termes élever le degré d’alerte au niveau des installations aéroportuaires.

Mais au vu de l’identité, des fonctions et des responsabilités des personnalités qui ont pris part à cette réunion de haute importance, on comprend très bien que l’objet de la rencontre ne s’est pas limité uniquement à la sécurité dans le périmètre des aéroports mais s’est vu élargir à d’autres volets.

Conseil de sécurité nationale

Il est très rare de voir à la télévision marocaine tout ce beau monde réuni autour d’une même table. Visages graves et regards concentrés, les gros pontes de la sécurité au Maroc écoutaient studieusement Mohamed Hassad donner ses orientations à un parterre composé d’une vraie Dream Team.
Outre Charki Draiss, le ministre délégué à l’Intérieur et homme fort du département, étaient également présents à la réunion le Général de Corps d’Armée Hosni Benslimane, Commandant de la Gendarmerie Royale, le Directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du Territoire, Abdellatif Hammouchi et le Wali-Directeur général des Affaires intérieures, Moulay Driss Jaouhari, véritable "boîte noire" du ministère de l’Intérieur et ancien membre du Cabinet de Driss Basri.

Ont pris part également à cette rencontre, le Directeur général de l’Administration des Douanes et impôts indirects, le Directeur général de l’Office national des aéroports et le Directeur de l’Aéronautique civile. Jusque-là, tout paraît normal dans l’objet de la réunion car tous ces responsables interviennent directement dans la sécurité des aéroports qui relèvent de leurs prérogatives.

Seulement, la présence du Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et le représentant du Directeur Général de la DGED, qui a remplacé Mohamed Yassine Mansouri lequel accompagne le Roi Mohammed VI dans sa tournée Africaine, a soulevé quelques interrogations légitimes : a-t-on parlé sécurité au niveau aéroports «exclusivement», ou bien a-t-il été question d’«autre chose» ? Plusieurs sources concordantes avancent qu’il était question de sécurité dans son ensemble et comment protéger les citoyens marocains et leurs biens, ainsi que les intérêts du pays, dans un monde en pleine ébullition. D’où la présence des représentants des Affaires étrangères et de la DGED afin d’élargir le périmètre d’alerte à toutes les représentations du Maroc à l’étranger.

L’autre objectif de cette réunion, qui coïncide avec une situation en Algérie presque explosive qui risque de dégénérer à tout moment, et la préparation par le Conseil de sécurité des Nations unies de nouvelles discussions sur le Sahara marocain devant aboutir à une nouvelle résolution en avril prochain, était de relever tous les dispositifs de sécurité et de consolider les efforts de tous les intervenants concernés par la mise en œuvre d’un nouveau plan d’action global ayant pour objectif de renforcer les dispositifs de sécurité pour protéger les biens et les personnes et garantir au citoyen en environnement durable de paix et de quiétude.

Au moment où tous ces hauts responsables de l’Intérieur, de la gendarmerie, de la DGED, de la police et des Affaires étrangères discutaient de l’importance de la coopération bilatérale avec plusieurs pays partenaires en vue de développer les capacités communes en terme de sécurité, le général de Division Abdelfatah Louarak, Inspecteur général des Forces armées royales se trouvaient dans la région du Nord pour superviser plusieurs opérations de sécurité en Méditerranée, notamment celles ayant trait à l’immigration clandestine et au trafic de drogue. Il faut dire aussi, et sur un tout autre registre, que le nord du Maroc vit, depuis quelques mois, sur le rythme d’un stress social et de contestation, qui nécessite une approche de dialogue, davantage politique, ainsi que des mesures sécuritaires s’inscrivant dans le cadre d’une «approche anticipative» prônée par les services sécuritaires marocains en vue de faire face à tout dérapage loin de toute logique répressive.

Le professionnalisme des services de sécurité marocains est aujourd’hui reconnu et loué par les différents partenaires du Maroc, en Europe, aux Etats-Unis, dans les pays arabes et en Afrique, et c’est dans ce sens que la Direction générale de la sûreté nationale organise actuellement à Casablanca, une session de formation autour du thème «La lutte contre le terrorisme et la sécurisation des frontières dans la région du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord» initiée en partenariat avec INTERPOL et le gouvernement du Canada.

Abdellah El Hattach

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