Pour l’amour de Dieu, Ssi Nasser, éclairez-nous. Sommes-nous fâchés, ou pas avec les EAU ?

Les spéculations sur la dégradation des relations entre Rabat et Abu Dhabi vont bon train. Il y a eu d’abord toute une polémique sur la prise de contrôle par des officiels émiratis de l’un des plus anciens sites web d’information marocains, Hespress. Maghreb Intelligence lancera dans un deuxième temps, le pavé dans la mare, en dévoilant au grand jour des projets médiatiques qui seraient financés par le couple MBS-MBZ de nature à amplifier « la gravité des mouvements sociaux » au royaume. Puis il y a eu ce silence strident de notre diplomatie suite à l'exclusion de l’étape Émirats Arabes unis de la tournée de Nasser Bourita dans le Golfe et à l’hypothétique rappel de l’ambassadeur émirati, Ali Salem Al Kaâbi. Une succession d’évènements qui font les choux gras de la presse nationale et internationale et installent un climat de doute, d’inquiétude et d'appréhensions à la veille d’une visite royale imminente et très attendue à Riyadh et à Amman.

Le site web d’information Erem News, a infirmé cet après-midi les informations, rapportées par le quotidien marocain Akhbar Al Yaoum et largement relayées par la presse nationale et internationale, au sujet du rappel de Ali Salem Al Kaâbi, ambassadeur au Maroc des Émirats Arabes unis, suite à « une décision souveraine de son pays ». Le journal électronique qui confirme la présence de l’ambassadeur émirati à Abu Dhabi depuis deux semaines « pour des raisons personnelles et administratives», cite un responsable marocain qui se serait amusé de la sémantique utilisée par la presse. « Il n’y a pas dans le lexique diplomatique la notion de demande souveraine urgente. La preuve de la qualité des relations étroites entre les deux pays est la dynamique des événements du Maroc à Abu Dhabi. La capitale émiratie accueille depuis une semaine, la 4e édition de l’événement - Le Maroc à Abu Dhabi - qui va se poursuivre jusqu'au 30 de ce mois» aurait déclaré la source marocaine.


Erem News s’est appuyé également sur les déclarations de Mohamed Sajid et de l'ambassadeur, Ali Salem Al Kaâbi, à l'agence de presse officielle WAM en marge de l'inauguration de l'évènement où ils ont salué la qualité des relations entre les deux pays.

Le salon « Le Maroc à Abu Dhabi » a été inauguré par le vice-président du Conseil exécutif d'Abou Dhabi et frère du Prince héritier Mohammed Ben Zayed, Cheikh Hazza ben Zayed Al-Nahyane. Mehdi Qotbi, Président de la Fondation Nationale des Musées du Maroc, et Adel El Fakir, Directeur de l'ONMT faisaient également partie de la délégation officielle marocaine.

Qatar, Frères musulmans, Libye, Yémen, Algérie, Al-Qods …. les sujets de discorde ne manquent pas entre le Maroc et certaines monarchies du Golfe

Les relations, jusqu’ici excellentes, ont connu un refroidissement ces derniers temps en raison des positions du Maroc et des Emirats. Les points de divergence ont été distillés en filigranes par le chef de la diplomatie marocaine le 28 mars dernier à Rabat au cours d’une conférence de presse conjointe avec son homologue jordanien. Le Maroc voit d’un mauvais œil l’ingérence de l’Arabie Saoudite et des Emirats dans la crise libyenne, en soutenant les forces de l’Est dirigées par le Maréchal Khalifa Haftar.

 

Le Royaume s’est toujours rangé du côté de la légalité internationale et milité pour trouver une solution politique à la crise en Libye, comme en attestent ses bons offices qui ont abouti à la conclusion de l’Accord de Skhirat. Le fait que certains pays interviennent de manière indirecte dans des pays qui ont connu le printemps arabe comme la Syrie, le Yémen, la Libye, l’Egypte et la Tunisie enracine plus le chaos qu’une solution pacifique et durable. En fait, c’est une guerre larvée par procuration que se livrent, par le biais de forces locales, l’Arabie Saoudite et les Emirats d’un côté et la Turquie et le Qatar de l’autre. Du coup, chaque camp essaie de rallier le maximum de soutien. Or, sur ce point, le Maroc a été très clair. Lors du point de presse précité, Nasser Bourita a affirmé que « la coordination devrait se faire dans les deux sens. Elle ne doit pas être à la carte. Elle doit couvrir toutes les questions importantes, au Moyen-Orient comme en Afrique du Nord, à l’instar de la crise libyenne ». Certes, des divergences peuvent exister, mais « pour le Maroc, la politique étrangère est une affaire de souveraineté. Elle est, en outre, fondée sur des principes et des constantes ».

Personne ne dictera au Maroc sa politique étrangère


«Le Maroc est un pays souverain, un pays séculaires, et dispose d’hommes et de femmes déterminés à se sacrifier pour leur patrie» nous a lancé un responsable marocain. Autrement dit, le Royaume ne va pas sauter du coq à l’âne pour les beaux d’une quelconque monarchie pétrolière. Enfin, et cela sonne comme un avertissement, la préservation des bonnes relations « devrait être un souci de part et d’autre. Si ce n’est pas le cas, il serait normal que toutes les alternatives soient examinées ».

La position du Maroc étant clair sur le sujet, il est fondamental que la communication de notre ministère des affaires étrangères le soit aussi. Pour l’amour de Dieu, Ssi Nasser, éclairez-nous. Sommes-nous fâchés, ou pas avec les EAU ?

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