Dans une sortie d’une rare violence, Ahmet Davutoğlu fustige les alliances imposées par Erdogan

Les élections municipales du 31 mars dernier en Turquie n’ont pas été en faveur de l’alliance formée par l’AKP, parti du Président Reçep Tayeb Erdogan et le MHP, un parti nationaliste. Un revers cinglant qui a irrité Ahmet Davutoğlu, ancien Premier ministre. D’où une sortie virulente sur Twitter qui risque de faire des vagues dans les cercles du pouvoir en Turquie.

Dans une sortie sur Twitter, l’ex-Premier ministre turc, Ahmet Davutoğlu a ouvertement critiqué ce lundi son parti, après la publication des résultats définitifs du scrutin municipal. « Les politiques d’alliance ont porté préjudice à notre parti aussi bien en ce qui concerne les niveaux des électeurs que de notre identité partisane ». Dans une série de tweets adressés à son parti, Davutoğlu a appelé « tous les leaders d’opinion, les penseurs, les citoyens et les courants politiques à se tenir debout, épaule contre épaule, pour bâtir un avenir commun sur la base de la volonté commune, de l’esprit commun et de la conscience unique».

Les alliances ont porté préjudice au parti d’Erdogan

L’ancien premier ministre a appelé les responsables de son parti à évaluer tous les dossiers et à élaborer une vision d’avenir de «manière consciente et calme», sans décourager la base du parti AKP et sans consacrer le désespoir, mais en la poussant à la persévérance et à la préparation à l’avenir. Ahmet Davutoğlu n’est pas allé de main morte concernant la situation économique en Turquie. « La hausse des dépenses publiques inutiles et la tentative de sauver le déficit une seule fois, amenuise la confiance», insistant sur la réalisation de la transparence et de la reddition des comptes dans les dépenses publiques par tous les moyens.

Crise économique et liberté d’expression

Selon Davutoğlu, le préalable pour la réussite économique est d’assurer l’Etat de droit, sans laisser aucun doute à cet égard, ajoutant que la crise économique est à la base une crise de gestion et que le citoyen attend du gouvernement de gérer l’économie. Sur le plan des libertés individuelles, Ahmet Davutoğlu a demandé à abroger toutes les lois qui limitent la liberté d’expression et à accorder à la presse la liberté de pensée et de critiquer car elle est « l’organe immunitaire de la démocratie turque ». L’ancien Chef de gouvernement a demandé de ne pas limiter la liberté des journalistes, académiciens, leaders d’opinion et politiciens.

« Personne ne doit perdre son emploi ou être menacé en raison de ses opinions et il faut protéger la liberté de critique et d’expression jusqu’au bout », a clamé l’ancien premier ministre. Ce dernier a reconnu avoir faut part de ces idées au Président turc, mais certaines parties ont donné à ses paroles une autre signification, ce qui l’a poussé à les partager avec l’opinion publique. Selon lui, les résultats des dernières élections ont rendu nécessaire la création d’un mécanisme de reddition des comptes au sein du parti au pouvoir.
« Les élections du 31 mars ont porté beaucoup de messages du peuple à nous, et si nous ne les assimilons pas, de graves conséquences attendent le parti de la Justice et du développement et notre peuple. Nous devons voir en face le faible attrait de notre peuple pour notre parti, qui est devenu clair après la perte des municipalités d’Ankara et d’Istanbul », a estimé Ahmet Davutoğlu, qui désire que le sort de son parti ne soit pas laissé entre les mains d’un groupe d’opportunistes ou d’un seul organe.

La voix de Davutoğlu sera-t-elle entendue par Erdogan ?

Toujours est-il que sa sortie vient sanctionner la défaite cuisante du parti du Président turc, Reçep Tayyip Erdogan aux municipales. Ce vote sanction reflète la désaffection des Turcs après la récession économique qui a touché le pays. Entre une livre turque dépréciée de 30%, la chute de la croissance, la hausse du chômage (13,5 % en février 2018) et un taux d’inflation de 19 % en mars dernier, la population ne voit pas l’avenir en rose. Les sondages avaient vu juste en présidant la défaite de l’AKP dans plusieurs grandes agglomérations turques. Reste à savoir maintenant si le Président turc prendra en compte les conseils de son ancien premier ministre  ou préfèrera-t-il en faire abstraction ? Une chose est sûre, sa sortie ne passera pas inaperçue et fera jazzer bien du monde dans les salons cousus d’Ankara et d’Istanbul. D’ailleurs, certaines rumeurs courent en Turquie sur le désir d’Ahmet Davutoğlu de créer un nouveau parti.

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