Bars fermés, restaurants ouverts mais sous réserve d’un strict respect d’un protocole sanitaire renforcé, réduction de la capacité d’accueil dans les universités et de la fréquentation dans les centres commerciaux: Paris et la petite couronne basculeront mardi dans un nouveau régime de restriction face à la progression de l’épidémie de coronavirus.
Reuters
L’essentiel de ces mesures localisées avait été dévoilé la veille au soir par Matignon.
Les décideurs publics régionaux les ont détaillées lundi lors d’une conférence de presse commune symbolisant un «travail très partenarial» - l’expression a été employée par la maire socialiste de la Paris, Anne Hidalgo - et en «collégialité», selon le préfet de police de Paris, Didier Lallement.
Elles s’appliqueront à compter de mardi et jusqu’au lundi 19 octobre inclus avant d’être réévaluées au regard de l’évolution des indicateurs de l’épidémie.
«Ce matin nous franchissons une nouvelle étape», a déclaré Didier Lallement. «Ce sont des mesures de freinage parce que l’épidémie va trop vite. Il faut freiner maintenant avant que notre système de soin soit débordé», a-t-il ajouté.
Aurélien Rousseau, directeur général de l’Autorité régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, a explicité cette tension sur les services de santé en soulignant que le taux d’occupation des lits en services de réanimation occupés par des patients COVID avait franchi dimanche le taux de 36%.
«Les chiffres confirment aujourd’hui à Paris et en petite couronne (ndlr, les trois départements limitrophes que sont les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne) le dépassement des seuils d’alerte qui justifie le placement de la plaque parisienne en zone d’alerte maximale», a-t-il insisté.
«Nous savons que nous arriverons dans les quinze prochains jours autour de 50% de lits de réanimation occupés par des patients COVID.»
Bars et piscines fermés
«A compter de demain, tous les bars devront être fermés», a indiqué Didier Lallement en évoquant la situation s’appliquant à la capitale et aux trois départements de la petite couronne.
En revanche, a ajouté le préfet de police de Paris, «les restaurants que l’on définit comme étant des établissements dont l’activité principale est la vente de repas (…) pourront rester ouverts à leurs horaires habituels sous réserve du strict respect d’un nouveau protocole sanitaire validé par le Haut Conseil de santé publique».
Cette politique va également s’appliquer aux restaurants d’Aix et de Marseille qui pourront rouvrir ce lundi en respectant de strictes consignes sanitaires, a-t-on appris auprès de la préfecture des Bouches-du-Rhône.
La fermeture généralisée des restaurants et des bars à Aix-Marseille et en Guadeloupe, les premiers territoires français à avoir basculé en zone d’alerte maximale fin septembre, avait été extrêmement décriée par les élus locaux et les acteurs économiques.
Restrictions dans les centres commerciaux
A Paris et dans la petite couronne, l’interdiction déjà en vigueur de la vente à emporter et de la consommation d’alcool sur la voie publique à partir de 22h00 reste d’actualité. Le préfet Lallement a décidé en outre d’interdire «explicitement les soirée étudiantes et tout type de rassemblements festifs ou familiaux dans les établissements recevant du public (ERP)».
«Les cérémonies de mariage peuvent bien évidemment avoir lieu dans les mairies ou dans les lieux de culte mais les fêtes de mariage dans les ERP ne sont pas autorisées», a-t-il poursuivi.
Ces mesures, a-t-il précisé, ne visent pas les lieux privés.
Concernant les grands magasins et les centres commerciaux, ils devront au maximum accueillir un client pour 4 mètres carrés, ce qui, a-t-il dit, limitera le nombre de personnes à même de s’y croiser tout en garantissant une «bonne vitalité économique nécessaire».
Les gymnases, les salles polyvalentes et les piscines seront fermées pendant les quinze jours à venir «mais en accord et à la demande du maire de Paris et parce que nous entrons dans une période de vacances scolaire nous avons souhaité que ces espaces puissent continuer à accueillir des mineurs que ce soit dans un cadre scolaire, associatif ou privé».
Pour les manifestations sportives en plein air, la règle reste la jauge maximale à 1.000 personnes ou à 50% de la capacité des enceintes si elles peuvent accueillir moins de 1.000 spectateurs. La règle reste donc inchangée pour les internationaux de France de tennis qui se déroulent en ce moment à Roland-Garros.
Garder un contact étudiants-enseignants réel
Dans les universités, où le recteur d’académie Christophe Kerrero a fait état d’une baisse significative des contaminations après les pics enregistrés à la rentrée, la capacité sera réduite à 50% dans tous les lieux (salles de cours, amphithéâtre et réfectoires).
La majorité des établissement universitaires a déjà adopté le format hybride de cours en présentiel et à distance, a-t-il dit, insistant sur la nécessité pour les étudiants de “garder un contact réel avec leurs enseignants”.
Globalement, Anne Hidalgo a souligné que tous les décideurs publics allaient devoir continuer de «travailler en réseau, à l’échelle de territoires le plus fins possibles (…) et de façon encore plus méthodique pour pouvoir revenir dans quinze jours avec je l’espère de bonnes nouvelles sur le front de l’épidémie».
Quant aux contrevenants, Didier Lallement a prévenu: «Nous serons implacables pour ceux qui veulent en permanence contourner la règle. Ils sont très, très peu nombreux, malheureusement ils existent et cela m’arrive encore de fermer un certain nombre d’établissements.»