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Sitaïl a-t-elle misé sur un tocard ?

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Le Roi Mohammed VI avait mille fois raison de se méfier de Macron, tout comme il se méfiait de Netanyahu. Il ne voulait ni leur accorder d’audience, ni sa confiance.

Tout comme Bibi, le président français précipite son pays vers le chaos, usant de tous les subterfuges pour se maintenir au pouvoir. Son coup de poker avec la dissolution de l’Assemblée Générale est la preuve ultime qu’il n’est pas le partenaire fiable sur lequel le Maroc peut compter.

Emmanuel Macron a trahi son camps et sacrifié ses militants et ses propres collaborateurs, notamment le couple Séjourné & Attal. C’est ce même couple sur lequel Samira Sitaïl a tout misé et bâti toute sa stratégie de réconciliation entre ses deux pays d’origine.

Durant les deux prochains mois, l’ancienne femme de fer de 2M n’aura aucun interlocuteur ni au Quai d’Orsay, ni à l’Élysée. Stéphane Séjourné s’occupe déjà des élections de son parti en sa qualité de secrétaire général, tandis que son compagnon, Gabriel Attal, joue son avenir politique en se présentant dans les Hauts-de-Seine.

Que le pari insensé de Macron réussisse ou non, notre représentation diplomatique aurait dû prendre exemple sur Bourita et se montrer plus réservée, moins fougueuse et moins impliquée. Car, les Français étaient aux abois, c’était trop voyant. Dans leurs regards et leur gestuel, on sentait de la peur et une forme de crainte profonde de l’avenir. Des signes qui auraient dû nous pousser à ne pas perdre de temps avec les intendants de Macron et ses serviteurs inutiles.

Sitaïl, enfant d’immigrés en France, formatée par la propagande de la génération des gâtés, qui s’est maintenue uniquement par la diabolisation de la droite et de l’extrême-droite, restera-t-elle neutre dans ce débat fratricide qui a réveillé les vieux démons de son pays de naissance ? Restera-t-elle l’ambassadrice idoine du Maroc en France au cas où le Rassemblement National monte au pouvoir ?

Samira Sitaïl a transformé en quelques mois la relation entre Rabat et Paris de « fâchés comme jamais » à « faire la hlel ». Il faut dire que la Franco-Marocaine a ses entrées dans l’appareil de l’État marocain, entretient des relations privilégiées avec les médias, certainement plus que Nasser Bourita lui-même. D’ailleurs, elle administre le groupe WhatsApp le plus complet de journalistes et de leaders d’opinion les plus influents du pays. Elle dispose également d’un carnet d’adresses en France et en Belgique mille fois plus fourni que celui de Stéphane Séjourné.

Il est à rappeler que la diplomatie sécuritaire et géostratégique a été pilotée, dans l’ordre chronologique et stratégique, par M. Abdellatif Hammouchi, M. Nasser Bourita, puis par M. Abdelouafi Laftit.

Pour le reste, Mme Sitaïl a fait le job. Peut-être un peu trop.

D’ailleurs, on peut lui reprocher le fait que, durant ces quelques mois de réconciliation, son dynamisme a plus profité aux Français, qu’aux Marocains.

Les entreprises françaises ont repris espoir de soumissionner dans les projets stratégiques. Nous avons vu défiler les ministres et hommes d’affaires français dans un ballet d’une rare intensité. Certains responsables français ont fait le trajet Paris-Rabat deux à trois fois en moins de quatre mois.

Durant le Forum Maroc-France, on voyait leur salive dégouliner tellement ils avaient l’eau à la bouche devant le carnet de commandes qui s’étalait devant eux. Le sentiment partagé aussi par les français est la satisfaction exprimée par un soupir de soulagement et de retrouvailles après des années de rupture.

La France a également profité du gèle du projet de la généralisation de la langue anglaise par le ministre de l’enseignement Chakib Benmoussa. Une décision fêtée par quelques parisiens cravatés en agitant sournoisement devant Benmoussa et Lekjaa un petit chèque pour le soutien du dérochage scolaire et pourquoi pas pour le renforcement de la langue française dans les écoles.

Nous avons même vu le sauvetage d’entreprises françaises par des capitaux marocains, notamment la reprise du laboratoire pharmaceutique Recipharm par Laprophan et la filiale de la Société Générale au Maroc par le tycoon Moulay Hafid Elalamy.

Côté marocain, la récolte a été maigre, très maigre. Notamment sur le dossier du Sahara. La seule décision positive a été l’accord du gouvernement français de financer l’infrastructure de transport de l’énergie de Dakhla à Casablanca.

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Une décision qui n’est pas si courageuse que cela. La France compte dans ce dossier sur le backup d’Abu Dhabi, qui a pu décrocher le plus large accord d’investissement jamais ratifié avec Rabat.

Quant à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, Macron a renvoyé la décision aux calendes grecques.

Qui est le tocard sur lequel a misé Samir Sitaïl ?

Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères et européennes, en sursis, a été chargé par Emmanuel Macron de piloter la normalisation des relations avec le Maroc.

Une décision qui porte en elle beaucoup de cynisme, la marque de fabrique de la Macronie. Séjourné a été le rabatteur du président français au Parlement européen, menant une campagne contre les intérêts du Maroc. Il est à l’origine de deux résolution conte le Royaume. De plus, ce parachuté dyslexique qui n’arrive pas à aligner une phrase correcte en Français, n’a aucune expérience diplomatique. Une insulte et un manque de respect délibéré par Macron.

Immédiatement après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale française, Stéphane Séjourné a été dépêché par son maître au QG du parti présidentiel Renaissance pour organiser la campagne électorale. Dans son éditorial international sur Europe 1, Vincent Hervouët met en lumière cette situation absurde où le ministre abandonne ses responsabilités diplomatiques pour ses obligations électorales, alors même que l’origine de la crise politique est la question de l’Europe.

Hervouët entame fort son réquisitoire : « Lors de ses déplacements à travers les salons majestueux du Quai d’Orsay, avec leurs plafonds imposants, Stéphane Séjourné semble parfois déconcerté. Ces espaces, conçus sous Louis-Philippe pour impressionner les dignitaires étrangers, continuent de jouer leur rôle, mais c’est bizarre que ça impressionne le locataire des lieux. Toutefois, certaines mauvaises langues prétendent même qu’il frappe à la porte de son propre bureau avant d’entrer. Ce monde est cruel

On lui pardonnerait facilement d‘avoir été un serviteur inutile s’il faisait le job jusqu’au bout. Car s’il y a bien un moment et un domaine où il y a besoin d’un ministre à plein temps, c’est aux Affaires étrangères, et c’est en ce moment.

Vincent Hervouët, Europe 1

Stéphane Séjourné est devenu, il y a six mois jour pour jour, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. C’est le titre officiel sous Emmanuel Macron, et il est d’ailleurs révélateur des priorités du président: l’Europe, puis le reste du monde. Il a nommé un de ses proches à ce poste sans expérience et sans vrai carnet d’adresses à l’international. Cela aussi est révélateur. «L’Élysée s’occupe de tout, le Quai assure l’intendance», souligne M. Hervouët.

En entrant dans l’histoire des républiques comme le plus jeune à ce poste, Séjourné est aussi l’un de ceux qui y sera resté le moins longtemps. «On lui pardonnerait facilement d’avoir été un serviteur inutile s’il faisait le job jusqu’au bout. Car s’il y a bien un moment et un domaine où il y a besoin d’un ministre à plein temps, c’est aux Affaires étrangères, et c’est en ce moment.» fustige l’expert en politique internationale.

Les élections européennes, cause de ce remaniement, occupent une place centrale. Les marchandages autour des “top jobs” -postes clés- à Bruxelles, influençant l’Europe pour les cinq prochaines années, battent leur plein.

«C’est maintenant que ça se joue. Dans huit jours au prochain conseil, ce sera déjà un peu tard. Et dans un mois, les carottes seront cuites. Mais le ministre a autre chose à faire: une campagne législative à gagner. Le reste du monde attendra pour la diplomatie. C’est Stéphane ajourné», ironise notre analyste.

Même des enjeux aussi importants que la reconduction d’Ursula von der Leyen, menacée par un veto du Parlement, sont relégués au second plan. La présidente sortante de la Commission Européenne nourrie des craintes sérieuse au sujet d’Emmanuel Macron, redoutant les initiatives fracassantes avec lesquelles le président français aime tant impressionner ses homologues.

Ursula s’attend à un coup de Macron qui pourrait proposer Mario Draghi comme remplaçant. Le complot était ourdi de longue date. Il est abandonné. On ne peut pas renverser la table à domicile et recommencer la semaine suivante à vingt-sept. Il n’y a aucune initiative française à attendre pour l’Ukraine ou pour Gaza.

«Les conflits en Ukraine et à Gaza, utilisés pour mobiliser l’électorat, sont redevenus des bruits de fond depuis dimanche soir», note M. Hervouët. Les diplomates sont laissés seuls pour suivre les évolutions internationales, tandis que les décideurs français, trop préoccupée de ses affaires intestines, brillent par leur absence. Alors que la France se prépare à accueillir les Jeux Olympiques, elle déserte la scène internationale, malgré l’importance historique de cet événement maintes fois soulignée par Emmanuel Macron.

« Ça fait des mois qu’on nous annonce, Emmanuel Macron le premier, que l’événement est historique. Mais son ministre des Affaires étrangères, des affaires de plus en plus étrangères, a désormais autre chose à faire que préparer ce rendez-vous mondial à Paris » . 

Vincent Hervouët , 11 juin 2024 – Europe 1

Et de conclure : «En théorie, il est pour un mois l’incarnation sublime du “en même temps”. En réalité, il est l’illustration d’un vieux principe politicien: après moi le déluge».

Samira Sitaïl : Émotionnellement trop impliquée

Un Marocain qui n’a pas subi de contrôle au faciès, d’insultes racistes, de politiques de ghettoïsation, de discriminations à l’emploi et d’autres actes intolérants ne peut pas pleinement mesurer l’impact de la possibilité de voir le parti d’extrême droite de Marine Le Pen accéder au pouvoir.

En France, le clivage gauche-droite est si marqué que des réactions presque allergiques, mêlées de colère et de dégoût, peuvent surgir entre les communautés des deux bords politiques.

Samira Sitaïl, a grandi dans cet environnement et a été nourrie par les valeurs d’une société souvent raciste et xénophobe. Elle a également dû lutter contre le regard des fois excluant de ses compatriotes marocains. Elle aurait naturellement une réaction moins détachée devant un européen de droite qu’un Marocain guidé uniquement par l’intérêt que cet individu peut apporter à son pays.

La France est l’un des derniers pays de l’Union Européenne à être sur le point de basculer vers l’extrême droite. La vague est trop importante pour être traitée avec les méthodes dépassées à la française. Le monde d’aujourd’hui ne répond qu’au hard power, à une diplomatie distributive, à l’innovation et à l’excellence dans le renseignement.

Sitaïl pourrait briller de mille feux en tant qu’ambassadrice dans un pays avec lequel elle n’a aucun attachement émotionnel, où son quotidien serait l’exécution de la stratégie élaborée par le Ministère des Affaires Étrangères.

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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