Alors qu’un climat délétère frappe depuis des mois la Tunisie sur les plans politique, économique et social, et annonciateur d’une probable explosion sociale cet hiver rappelant au passage la même atmosphère qui a conduit au soulèvement de 2011 avec l’éviction du général Zine El Abidine Ben Ali et l’arrivée au pouvoir du mouvement islamiste d’Ennahdha dans ce qu’on a qualifié de « printemps arabe », son leader, Rached Ghannouchi et ses lieutenants piaffent d’impatience pour achever leur main mise sur tous les rouages de l’Etat, encouragés par les résultats des dernières élections municipales et les dissensions qui ont miné Nidaa Tounes, parti du président Béji Caïed Essebsi.
Ghannouchi se comporte comme le nouveau Bey de Tunis, et se voyant déjà rafler les prochaines élections présidentielles et législatives prévues fin 2019, Rached Ghannouchi ne rate pas une occasion pour se substituer au chef de l’Etat poussant le bouchon jusqu’à dessiner les contours de la politique économique et étrangère en vue de l’horizon 2030.
Cet ancien professeur d’initiation islamique vient de le confirmer le week-end dernier à l’occasion de la tenue dans la station balnéaire de Hammamet de la deuxième conférence des cadres de son mouvement sous le thème : « Pour la réussite du travail municipal et le renforcement du travail démocratique».
Étant représenté dans les 350 municipalités que compte le pays, Ghannouchi y voit la meilleure plateforme pour quadriller le pays et s’installer au Palais de Carthage, tâche facile à réaliser vu le désenchantement de la majorité du peuple tunisien. Désaffection qui sera tout bénéfice pour Ennahdha surtout qu’il dispose d’une base électorale disciplinée.
S’agissant de la politique étrangère, Ghannouchi et son mouvement n’hésitent pas à s’ingérer dans les prérogatives de l’Etat.
Ainsi dans son allocution du samedi, il a plaidé pour une monnaie unique et un marché commun avec l’Algérie.
«La crise économique et financière que traverse la Tunisie peut être résolue sur un horizon plus large que les frontières, les ressources et les possibilités du pays, un horizon qui commence au moins par l'Algérie et la Libye avant de s'ouvrir au reste des pays du Maghreb.»
Il a souligné que «le train de l'Union ne devrait pas rester bloqué », ajoutant que « l'Union européenne n'aurait pas été unie sans l'initiative de l'Allemagne et de la France de rechercher l'unité pour ouvrir la voie de l'unification économique ».
Il est de notoriété publique que le gourou d’Ennahdha entretient d’excellents rapports avec le régime algérien et lui est reconnaissant pour l’aide et le soutien apportés par Alger au mouvement islamiste tunisien du temps où il était dans la clandestinité même si on enregistre de temps à autre des frictions entre les deux parties notamment sur le dossier libyen.
Bravo mon ami une vue à la loupe d’un pays qui patauge dans son bateau ivre